Madagascar : le contrat pour le barrage de Sahofika signé

Alors que Madagascar cherche à accélérer son électrification, un accord-cadre pour un projet de centrale hydroélectrique vient d'être signé entre le gouvernement malgache et le consortium Neho. Elle fournira 1 500 GWh/an à partir de 2024. De quoi alimenter deux millions de foyers.
(Crédits : Lynn Yeh - Fotolia)

A l'occasion de sa récente visite officielle en France, Andry Rajoelina a eu l'occasion d'assister à la signature d'un accord-cadre entre le ministère de l'Energie et des hydrocarbures malgache, et le consortium de la Nouvelle énergie électrique de l'Onive (Neho), qui rassemble les sociétés Eiffage, Eranove, et Themis. L'enjeu était de taille : il s'agit de construire, à Sahofika, la plus grande centrale hydroélectrique de Madagascar.

Située sur la rivière Onive, à une centaine de kilomètres au sud d'Antananarivo, elle disposera d'une puissance de 200 MW, pour une production annuelle de 1 500 GWh. Les travaux doivent débuter dès 2020, pour une mise en eau en 2023. Le barrage commencera à produire de l'électricité verte l'année suivante.

Le président Rajoelina compte sur cet ambitieux projet pour accélérer l'électrification de son pays. Il devrait en effet permettre de fournir de l'énergie à deux millions de foyers. Un premier pas, dans un pays où seuls 12% de la population y a jusqu'à présent accès.

Selon Tas Anvaripour, directrice générale de Themis, «le projet permettra également de résorber le déficit chronique sur le réseau interconnecté d'Antananarivo, et de répondre à la croissance de la demande pour tout le pays» ; croissance récemment estimée entre 2 300 et 3 000 GWh/an d'ici 2030, selon une étude de la Banque mondiale.

Pour autant, le barrage de Sahofika ne parviendra pas, à lui seul, à fournir de l'électricité à tous les Malgaches. Rappelons que l'ambition gouvernementale est de raccorder 70% de la population d'ici 2030. Il ne peut pas non plus, seul, faire baisser son prix, qui oscille entre 30 et 40 centimes d'euro le kWh -trois fois plus cher qu'en France !-, ce qui en fait la plus onéreuse d'Afrique. Pour parvenir à l'électricité pour tous, c'est donc aussi sur les équipements à petites et moyennes échelles que mise la politique malgache.

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Plus local, plus durable

Depuis trois ans, le recours aux kits photovoltaïques a ainsi explosé dans l'île. Les régions rurales autrefois isolées -et électrifiées à hauteur de seulement 5%- peuvent désormais elles aussi avoir accès à l'électricité, afin de faire fonctionner un réfrigérateur, recharger une batterie ou un téléphone portable, faire tourner un ventilateur... A plus grande échelle, des projets de petites centrales solaires, éoliennes, ou hydroélectriques ont vu le jour. Le défi a notamment été relevé par Tozzi Green, qui prône un développement local et durable.

Spécialisée dans la production d'énergie à partir de ressources renouvelables, la société italienne a ouvert une filiale à Madagascar voici quelques années. Sans jamais avoir à le regretter. Tozzi Green a notamment acquis deux centrales hydroélectriques, qu'elle a ensuite entrepris de moderniser. Grâce à d'importants travaux d'amélioration et d'optimisation, les barrages de Sahanivotry et de Maroantsetra fournissent désormais respectivement une puissance de 15 MW et 2,4 MW. Fort de ce succès, Tozzi Green a lancé la construction d'une troisième centrale à Farahantsana-Mahitsy (puissance : 22 MW).

Si cet ouvrage produira à terme dix fois moins d'énergie que celui de Sahofika, il n'en sera pas moins capable de répondre de manière adéquate aux besoins locaux en électricité, notamment dans le domaine de l'agriculture. Tozzi Green est aussi à l'origine d'une gamme de petites éoliennes, idéales pour équiper un foyer ou une communauté à moindre coût et pour longtemps.

C'est sans doute par la complémentarité entre des projets monumentaux, comme celui de Sahofika, et d'une multitude d'initiatives locales, que Madagascar pourra atteindre ses objectifs en termes d'électrification.

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