Partenariat entre Advens Geocoton et Bboxx pour une énergie propre au Burkina Faso

Par Marie-France Réveillard  |   |  818  mots
(Crédits : Douw/Fotolia)
Après une entrée dans l'aéronautique début 2021, Advens Geocoton poursuit sa stratégie de diversification et entre dans le secteur de l'énergie. Bboxx, le fournisseur de solutions offgrid britannique, s'est associé à l'agro-industriel français, dans une joint-venture qui permettra de fournir de l'énergie à 2 millions de Burkinabès. C'est une première étape d'un partenariat stratégique régional.

Alors que l'Afrique constitue 17% de la population mondiale, elle ne représente que 6% de la consommation globale d'énergie primaire, selon les données de 2018, de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). Pourtant, le continent enregistre une demande toujours plus grande en matière d'énergie, pour accompagner une croissance continue depuis plus deux décennies, tout juste interrompue par la pandémie de Covid-19.

A ce jour, près de 600 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité et un milliard d'entre eux ne disposent pas d'autre alternative que des combustibles traditionnels comme le bois et le charbon de bois pour cuisiner. Dans les pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie), sur les 80 millions d'habitants, 60 millions vivent sans électricité et s'éclairent au pétrole lampant ou grâce à des piles sèches.

Le Sahel est l'une des régions du monde qui affiche l'un des plus faibles taux d'accès à l'énergie avec 26%, contre 47% en Afrique subsaharienne, selon la Banque mondiale. Les inégalités énergétiques se mesurent aussi bien au niveau global, régional que local. Dans les faits, les campagnes africaines restent plongées dans le noir. Au « pays des hommes intègres », seulement 5% de la population rurale, ont accès à l'électricité (contre 18% au niveau national).

L'Alliance Sahel qui a vu le jour en 2017, pour soutenir le développement et la stabilité régionale à travers plusieurs projets (notamment énergétiques), ambitionne de doubler le taux d'accès à l'énergie entre 2017 et 2022. Pour soutenir cet objectif, le Burkina Faso peut s'appuyer sur ses partenaires institutionnels. Le pays a également recours dans le cadre de partenariats publics privés (PPP), à des investisseurs et des industriels, comme c'est désormais le cas du partenaire agroindustriel historique Advens Géocoton, présent depuis sept décennies au Burkina Faso...

Un deal franco-britannique au pays des hommes intègres

« Nous soutenons d'ores et déjà 65 000 exploitations qui font vivre près de 650 000 Burkinabès », explique Karim Ait Talb, directeur général délégué de Advens Géocoton. Le pays des hommes intègres est devenu le centre stratégique des activités du groupe dans la sous-région. Il ouvrira d'ailleurs une nouvelle usine d'égrenage de coton, pour un montant de 15 millions d'euros d'ici la fin de l'année, à Ouargaye dans la province de Koulpélogo.

Pour aller plus loin, la joint-venture annoncée en cette fin juillet par Bboxx et Advens Geocoton (à 50% chacun) s'est fixé l'objectif de procurer une énergie propre à 2 millions de Burkinabès, à des prix compétitifs. Ce projet permettra la création de 500 emplois locaux. « Il ne s'agira pas de contrats précaires. Ce seront des contrats de commerciaux, de techniciens, de spécialistes du marketing, d'agents de call-center et de logisticiens », précise Karim Ait Talb.

Le partenariat entre Advens et Bboxx repose sur une joint-venture (JV) française qui détiendra une société burkinabè, laquelle s'ouvrira à la participation d'opérateurs économiques locaux.  La JV proposera 3 formules de kits comprenant un panneau solaire, une batterie, un dispositif de gestion connectée au réseau cellulaire, des ampoules, un chargeur de téléphone, une radio (voire une télévision et un ventilateur, en sus). A terme, des services supplémentaires comme des équipements de cuisson au gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou des pompes à eau à énergie solaire seront disponibles.

« Nous proposons des formules « pay as you go » dans les zones urbaines et périurbaines et des tarifs forfaitaires mensuels de l'ordre de 5 dollars, par utilisateur, dans les zones rurales », précise Karim Ait Talb. La solution n'est pas révolutionnaire, mais c'est le service après-vente proposé par Bboxx qui fait toute la différence aux yeux de Advens Geocoton. « Nous encadrons une population fragile de producteurs agricoles et cela fait un moment qu'on cherchait une solution pour améliorer leurs accès à l'énergie. Or, il ne suffit pas d'installer des kits, encore faut-il en assurer la maintenance. C'est justement ce que nous offre Bboxx à travers sa plateforme Pulse qui propose un véritable suivi-client », explique-t-il.

Bboxx, le fournisseur de kits solaires déjà présent au Rwanda, en République Démocratique du Congo (RDC), au Kenya, mais aussi au Togo (à travers un partenariat avec EDF), bénéficiera de l'implantation de l'opérateur agroindustriel français dans la sous-région, pour y développer ses activités.

« Cette entrée sur le marché est la première d'une série, et nous avons devant nous un pipeline d'activités passionnantes dans le cadre de notre mission de transformer des vies grâce à l'accès à l'énergie » s'est réjoui Mansoor Hamayun, PDG et cofondateur de Bboxx, mercredi 28 juillet, par voie de communiqué.

Dans un second temps, des solutions portées par la joint-venture devraient être déployées dans les zones rurales d'autres pays d'Afrique de l'ouest et centrale.