Afrique du sud : Eskom emprunte 1,5 milliard de dollars pour le financement de sa méga-centrale « à problèmes »

Des membres du conseil d'Administration qui démissionnent pour contester le déficit en gouvernance, des années de retard, des dépassements récurrents du budget, des prévisions d’émissions de gaz à effet de serre catastrophiques... Le projet de méga-centrale thermique au charbon de Medupi arrive tout de même à attirer les investisseurs, grâce à son titre de plus grande unité de son genre au monde. Preuve en est ce nouvel accord de financement qui porte sur 1,5 milliard de dollars.

L'Afrique du sud continue d'investir dans son secteur énergétique. Eskom, le producteur et distributeur public d'électricité du pays vient de signer, ce jeudi, un accord de prêt de 1,5 milliard de dollars (19,6 milliards de rands) avec China Development Bank. Objectif : compléter le financement de sa centrale thermique de charbon de Medupi. Une fois ses travaux terminés, la centrale, dont les travaux ont été lancé en 2007 devrait devenir la plus grande de son genre au monde et ajoutera 4.800 mégawatts au réseau sud-africain. Une manne énergétique dont une grande partie sera consommée par l'industrie minière de la région.

Cet accord constitue la deuxième tranche d'une facilité de financement de 5 milliards de dollars qu'Eskom recherchait, après avoir déjà signé une facilité de crédit de 500 millions de dollars avec la banque chinoise en 2016. « Ce prêt nous aidera à faire en sorte que nous complétions le projet Medupi et à assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique », a déclaré Johnny Dladla, le PDG par intérim d'Eskom.

Ceci dit, ce prêt qui sera remboursé sur 15 ans ne boucle totalement pas le financement de la nouvelle station. L'entreprise devrait s'endetter davantage pour compléter ses chantiers en cours. Selon le directeur financier d'Eskom, Anoj Singh, la dette de l'entreprise publique devrait grimper vers les 500 milliards de rand, contre 350 milliards de rands actuellement. Mais trouver les financements restants ne devrait pas être très compliqué pour l'entreprise. Déjà, elle a assuré 77 % de ses besoins de financement pour l'exercice en cours. Le reste devrait être complété plus tard cette année. Selon le management d'Eskom, l'appétit des investisseurs internationaux pour les obligations de l'entreprise est bien palpable.

Une centrale « à problèmes »

Cependant, les problèmes de gouvernance de la centrale peuvent dissuader les investisseurs. Il faut dire que si le projet a pris plusieurs années de retard, ce n'est pas qu'une question de fonds manquants, mais surtout de gouvernance. Des membres du conseil d'Administration qui démissionnent pour contester le déficit en gouvernance, des années de retard et par conséquent, des dépassements récurrents du budget qui lui était alloué... plusieurs épisodes difficiles ont précédé cette nouvelle signature de crédit.

Les critiques du projet au sein de l'opposition au Parlement mais aussi dans la société civile ciblent notamment l'aspect environnemental. Cette centrale une fois construite, émettra 25 millions de tonnes de CO2 par an. Pour l'alimenter, plus de 60 mines de charbon seront créées...

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