Ghana : début des travaux de la plus grande centrale électrique GPL au monde

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a lancé ce 27 avril les travaux de construction de la centrale électrique de Téma, la plus grande au monde a être alimentée en GPL. D’une puissance à terme de 400 mégawatts, la production d’électricité démarrera en 2018. Le projet a nécessité un investissement d'un milliard de dollars, fruit d’un partenariat entre le gouvernement et des opérateurs privés.
Le site de la centrale "Bridge Power" se situera à proximité de la raffinerie pétrolière de la ville portuaire de Téma, à 25 km de la capitale Accra.

C'est parti pour le projet «Bridge Power» qui se traduira par la construction d'une centrale électrique qui tournera au mix énergétique, composé de gaz et de diesel. Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a lancé, le jeudi 27 avril dernier, les travaux de construction de la centrale qui sera installée à Téma, à 25 kilomètres à l'est d'Accra, la plus importante zone industrielle du pays qui accueille déjà un des plus importants ports de la sous-région.

D'un coût global d'un milliard de dollars, la centrale sera opérationnelle dès 2018. Les travaux seront étalés sur deux phases dont une première visant à installer une puissance de 194 MW et à l'issue de la seconde phase, l'ouvrage devrait produire quelque 400 mégawatts d'électricité, ce qui représente près de 17 % de la capacité de production fiable du Ghana.

Selon le président ghanéen, la réalisation de cette infrastructure s'inscrit parfaitement dans la stratégie de son gouvernement de rendre le Ghana autonome en électricité, afin de satisfaire ses besoins industriels et domestiques et ainsi accélérer le développement socioéconomique du pays.

«Notre intérêt pour ces partenariats repose largement sur le coût, la fiabilité et la flexibilité», a déclaré Nana Addo Akufo qui s'est aussi félicité «d'apprendre que l'usine sera en mesure de fonctionner au GPL, au gaz naturel et au diesel, et cette flexibilité permettra à l'usine de continuer à produire de l'énergie même en période de perturbation de l'approvisionnement».

«Je suis également heureux de noter que le projet a été spécifiquement conçu pour passer au gaz naturel du Ghana, une fois disponible», a estimé le chef d'Etat ghanéen soulignant que «cela devrait contribuer à faire avancer notre stratégie, destinée à tirer profit du gaz naturel en tant que source d'énergie et à long terme à le placer au cœur du fonctionnement du secteur». Le Ghana devrait dans les prochaines années devenir un important producteur de gaz naturel, une ressource qu'il entend utiliser pour atteindre une indépendance énergétique et se positionner en acteur majeur dans l'exportation d'électricité dans la sous-région.

Le pays vend déjà de l'électricité à plusieurs pays voisins, même s'il fait lui aussi, et depuis quelques années, face à un déficit chronique d'énergie. Le Nigéria, qui l'approvisionne en carburant pour faire tourner certaines de ses centrales, menace assez souvent de baisser sa livraison en raison notamment des factures impayées. C'est pour cette raison que depuis quelques années, la réforme du secteur de l'énergie est devenue une des priorités urgentes des autorités. D'ailleurs et dès sa prise de fonction en fin 2016, le président Nana Addo Akufo a annoncé un vaste programme de construction d'infrastructures énergétiques.

Il s'agit d'un préalable pour la transformation structurelle de l'économie ghanéenne, l'une des plus dynamiques du continent jusqu'à ces dernières années. «La transformation économique de notre pays à travers l'industrialisation que nous prônons ne pourrait être réalisée que si nous disposons d'un approvisionnement énergétique adéquat, rentable et durable. Les programmes que ce gouvernement s'est engagé à entreprendre, tels que «One District, One Factory» et «One Village One Dam», nécessiteront des quantités importantes d'électricité ».

D'un autre côté, le chef de l'Etat ghanéen a rappelé l'intention du gouvernement d'adopter de nouvelles mesures visant à améliorer la gouvernance du secteur et notamment la transparence dans l'établissement des tarifs, annonçant par la même occasion, l'introduction, «très prochaine» d'une nouvelle politique tarifaire qui reclassifiera les catégories de consommateurs afin de «protéger le pouvoir d'achat des citoyens et les consommateurs industriels stratégiques».

Un projet unique en Afrique

Comme c'est le cas pour les derniers contrats qu'il a signés ces derniers temps, c'est avec la participation d'acteurs privés que le gouvernement ghanéen met en œuvre le projet «Bridge Power». C'est un projet d'infrastructure d'importation, de stockage et de transport de gaz de pétrole liquéfié qui a été installé près d'une raffinerie. «Bridge Power» est développé par le consortium Early Power Limited (EPL), composé d'Endeavor Energy (actionnaire majoritaire avec 60 % des parts du capital), une société indépendante de développement et de production d'énergie très active en Afrique ; Sage, un important cabinet ghanéen indépendant de négoce d'énergie ; la multinationale américaine General Electric (GE), l'un des leaders mondiaux du secteur et Denham Capital, une société de capital-investissement spécialisée dans les domaines de l'énergie.

Le coût du développement et de la construction du projet sera financé à 100 % par le capital et la dette, respectivement investi et levée par Early Power. Le projet, dont les négociations ont pris plus de deux ans, a reçu depuis l'année dernière l'approbation du Parlement. Il est considéré comme le premier projet ghanéen à utiliser un contrat de promesse de vente et d'achat (PCOA). «On estime que sur les cinq années à venir, le Ghana aura besoin de 2 000 MW d'électricité supplémentaires. Or, ce projet non seulement fournira plus de 12 % de la capacité de production d'électricité du pays prévue pour 2020, mais favorisera directement la croissance des branches industrielles, de la petite industrie manufacturière et du secteur de la transformation des produits agricoles», mettent en avant les développeurs du projet. Des contrats d'achat ont été également paraphés pour l'exploitation de l'électricité qui sera produite à partir de «Bridge Power», dont l'ingénierie en fait  la première centrale de ce type à être construite en Afrique. Une fois terminée, elle sera en effet la plus grande centrale au gaz de pétrole liquéfié au monde.

Avec le lancement de ces travaux, le Ghana fait un pas de plus vers la résorption de son déficit en électricité, un des goulots d'étranglement de son secteur industriel et donc de sa croissance économique. Plusieurs initiatives du même genre ont été lancées dans le pays, comme l'entrée en service, il y a quelques mois, de la centrale de biogaz Safi Sana qui a coûté une enveloppe de 2,4 millions d'euros, financés en partie par la Banque africaine de développement (BAD). Le pays entend miser sur un mix combiné à travers différentes sources dont il dispose, notamment les barrages hydroélectriques pour atteindre son objectif d'autosuffisance énergétique et d'exportateur sous-régional.

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