Tanzanie : Acacia et Endeavour gèlent leur fusion

L’interdiction d’exportation des minerais bruts prononcée par la Tanzanie a enregistré un premier dommage collatéral. Les majors du secteur minier Acacia et Endeavour ont gelé leur projet de fusion, suite à l’annonce de Dodoma. Un rapprochement qui devrait rester en stand-by tant que le gouvernement tanzanien n’aura pas donné plus d’éclaircissements sur sa politique minière.
Amine Ater

La récente décision du gouvernement tanzanien d'interdire toute exportation de minerais bruts commence à susciter des remous. Suite à l'annonce de cette décision à effet immédiat, les compagnies minières Acacia Mining et Endeavour Mining ont décidé de geler leur projet de fusion. Une opération estimée à 3 milliards de dollars qui devait signer le rapprochement entre les deux plus importants extracteurs d'or du continent.

Un méga-deal

Au cas où ce projet de fusion est mené à terme, l'accord donnerait naissance à un mastodonte avec une production de plus d'un million d'onces annuelle d'or. Cette nouvelle entité aurait également à sa disposition des actifs au Mali, au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso ou encore en Tanzanie. Lancées en janvier dernier, les négociations ont été ouvertes par une proposition du groupe londonien Acacia Mining (ex Africa Barrick Gold) qui réalise près de 30% de ses revenus grâce à l'extraction de l'or et du cuivre tanzanien.

L'opérateur britannique a en effet, choisi le Canadien Endeavour Mining pour accompagner sa montée en régime. Des pourparlers dont rien n'a filtré, mais qui ont été stoppé net suite à l'annonce de l'interdiction imposée par Dodoma aux exportations de minerais bruts. La reprise des négociations entre les deux groupes miniers reste conditionnée par la « clarté des plans à long terme qu'appliquera la Tanzanie sur le sujet ».

Entre-temps, ce blocage commence à se faire ressentir du côté d'Acacia qui a accusé une baisse d'environ 15% à la Place de Londres, depuis l'annonce de l'interdiction par Dodoma. Pour le gouvernement tanzanien, cette décision s'inscrit dans une volonté de contrôle de la chaîne de valeur du secteur minier. Là où le pays ne recevait que les frais inhérents à l'extraction et l'obtention d'une licence, Dodoma aspire à atteindre un certain seuil de transfert de technologie.

Pari risqué pour Dodoma

L'objectif reste d'étendre le spectre de compétences en terme d'intégration locale. Ce qui se traduirait par un meilleur apport du secteur minier en terme de croissance, mais surtout à une diversification de fait de l'économie tanzanienne. En clair, la mise en place d'une industrie de transformation minière donnerait naissance par la suite à des activités connexes et à forte valeur ajoutée.

Il n'empêche que cette interdiction pourrait pâtir de la résistance des opérateurs miniers qui opèrent en Tanzanie. Le gel de la fusion Acacia/Endeavour pourrait être suivie d'autres manœuvre d'opérateurs soucieux de conserver leurs marges et peu enclins à supporter d'autres investissements qui pourraient s'avérer coûteux. Une situation qui devra pousser la Tanzanie à lâcher du lest, ce qui se traduirait par une politique d'incitatifs en faveur des investisseurs potentiels. En clair, une fiscalité avantageuse, des partenariats publics privés, un foncier locatif bon marché et des assurances financières étatiques.

Amine Ater

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