Industrie : la GDIZ ou le prochain hub du Made in Bénin bientôt opérationnel

Inscrite au cœur de la stratégie de développement, la transformation locale a désormais sa zone économique spéciale à Glo-Djigbé (GDIZ), située à 45km de la capitale du Bénin. Fruit d'un Partenariat Public-Privé entre la République du Bénin et ARISE Integrated Industrial Platforms (ARISE IIP) qui a investi 1,5 milliard USD pour la construction du site, la GDIZ sera bientôt opérationnelle.
(Crédits : GDIZ)

En cet après-midi de février, la zone économique spéciale de Glo-Djibé (GDIZ) est écrasée par le soleil de la saison sèche. Dans de petits préfabriqués, les fonctions supports d'Arise IIP s'apprêtent à recevoir des invités de marque. Parmi eux, l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Koweït, un chargé d'affaires qatari, mais aussi le couturier nigérien Alphadi et l'homme d'affaires béninois Ulrich Adjovi viennent visiter un site en pleine construction sur 1 640 hectares, né d'un partenariat entre la République du Bénin et ARISE IIP en novembre 2019, qui détiennent respectivement 35 % et 65 % des parts.

« Chaque semaine, nous recevons des délégations étrangères, en particulier d'Asie », souligne Letondji Beheton, directeur général SIPI-Bénin SA (société chargée de la gestion de la zone de Glo Djigbé). « Cette zone a été pensée pour transformer les matières premières localement et en particulier le coton, la noix de cajou, le soja, le karité et l'ananas », précise-t-il.

Face à une maquette du site impressionnante, il indique les emplacements dédiés aux sites de production consacrés aux matériaux de construction, à la transformation du bois, à l'emballage, à la production de médicaments génériques (FHC Medica), mais aussi à la transformation textile et à l'assemblage de motos électriques (Mauto, une entreprise béninoise). « Pour l'instant, sur les 36 contrats de réservation signés, une dizaine provient de sociétés béninoises », se félicite le directeur général de SIPI-Bénin. Oryx, Syrrius, SIBP, JNP ou encore Porteo sont quelques-uns des groupes qui ont d'ores et déjà réservé leur emplacement dans la GDIZ.

Grâce à la GDIZ, l'Etat escompte multiplier par cinq les exportations d'ici dix ans, faire passer le PIB de 4 à 7 milliards de dollars et augmenter la production manufacturière de 500 %. Routes, accès à l'eau et à l'énergie, fibre optique, caserne de pompiers et bâtiment dédié au guichet unique de la ZES sont finalisés et laissent apparaître l'étendue du projet. La première phase de construction a été achevée en un temps record, pour un coût de 164 milliards de francs CFA.

« L'essentiel des travaux a été réalisé en 12 mois », indique le directeur général de la SIPI, non sans satisfaction. ARISE IIP renforce sa présence à marche forcée sur le continent, à travers pas moins d'une dizaine d'implantations. « La zone économique spéciale à Glo-Djigbé est la plus grande zone économique spéciale jamais construite en Afrique par ARISE IIP. Sa force repose également sur la diversité des activités que l'on peut y trouver », se félicite le directeur général de SIPI-Bénin.

Le coton comme fer de lance de la politique de transformation nationale

« Je suis très impressionné par la taille de ce site et les possibilités qu'elle offre aux entrepreneurs et en particulier dans le textile », s'exclame Alphadi avec enthousiasme, car « la GDIZ permettra de réaliser une multiplicité d'activités relatives à l'industrie du textile, de la filature à la fabrication des vêtements en passant par le tissage du coton ».

centre formation textile gdiz benin

Le célèbre designer tient à « produire et à transformer en Afrique » et la zone économique spéciale à Glo-Djigbé disposant de trois unités intégrées de textile, pourrait bien s'imposer comme une nouvelle option pour cet homme d'affaires aguerri. La zone économique dispose en sus de deux centres de formation aux métiers du textile qui ont suscité un vif intérêt parmi la population locale. Un millier de jeunes sont déjà en formation, sur quelque 1 400 candidatures reçues.

L'objectif de la GDIZ est non seulement de créer de la valeur à travers la transformation du coton (pour atteindre 11,9 milliards de dollars), mais aussi en créant de nouveaux emplois dans une zone relativement sinistrée. « Nous ambitionnons de créer 300 000 emplois d'ici à 2030 grâce à la GDIZ », explique Letondji Beheton. En contrepartie d'exonérations fiscales particulièrement incitatives, les entrepreneurs de la GDIZ doivent s'impliquer dans le développement social de la commune d'Abomey-Calavi.

Le Bénin cherche à échapper au modèle éthiopien devenu en quelques années, l'usine à textile du continent où les travailleurs pauvres enchaînent les heures de travail dans des conditions extrêmes, pour des salaires de misère. Un millier de logements devraient être construits pour accueillir les salariés travaillant sur le site, mais aussi des écoles, des hôpitaux et des magasins, dans le respect des règles environnementales. « La zone économique spéciale à Glo-Djigbé sera dotée d'une centrale solaire sur 1200 hectares, capable de produire 300 MW », annonce Letondji Beheton.

« J'ai reçu un salaire pendant ma formation qui a duré huit mois et je suis maintenant en contrat de trois mois. Chaque jour, je dois assembler 1 000 tee-shirts pour un salaire de 52 000 francs CFA. Je reçois également 5 000 francs CFA pour les transports par semaine et des repas gratuits à la cantine », explique Muriel 19 ans, qui considère être plutôt bien lotie. Pour Jirish, l'Operation Sales Manager tout juste arrivé d'Inde, « globalement, la productivité n'est pas encore au niveau de celle qu'on observe en Asie, mais grâce à la formation, la productivité devrait pouvoir progressivement augmenter de 30 % ».

En passant d'une production de 229 222 tonnes en 2016 à 706 000 tonnes en 2022, selon le ministère de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche, le Bénin est devenu l'un des principaux producteurs de coton du continent. « Nous misons sur une capacité de 40.000 tonnes par an, dès la première phase du projet. Nous voulons porter la transformation de notre coton à 12,7 % par an. À terme, nous voulons faire en sorte que le Bénin transforme 100 % de son coton exporté », explique Letondji Beheton, directeur général SIPI-Bénin SA.

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