Aquaculture : après la RDC, le Bénin interdit l’importation de tilapia

Le virus du Tilapia lacustre (TILV), une maladie hautement contagieuse chez les tilapias sauvages ou d’élevage a motivé la décision des autorités béninoises. Par précaution, celles-ci ont décidé de cesser, avec effet immédiat, l’importation de tilapia et de leurs produits dérivés en provenance de plusieurs pays non-africains. Une décision que les autorités de RDC avaient prise un mois plus tôt face à l’alerte mondiale sur ce virus qui continue de ravager la seconde espèce de poisson la plus consommée en Afrique.
Ibrahima Bayo Jr.
Au Bénin, le volume de la demande en poisson a dépassé les 200 000 tonnes en 2016.

Le Tilapia d'importation, poisson non grata dans les assiettes béninoises. L'interdiction date de la fin août, mais Françoise Assogba Comlan, secrétaire générale au ministère béninois de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP) tient à apporter des précisions.

Une interdiction de l'importation en provenance de cinq pays

L'interdiction de l'importation de tilapia ne concerne pas que cette espèce de poisson très prisée au Bénin, mais aussi ses produits dérivés en provenance de cinq pays : l'Egypte, Israël, la Thaïlande, la Colombie ou encore l'Equateur. Les assiettes béninoises pourront donc accueillir du tilapia produit localement

Pour le gouvernement, cette interdiction est une mesure de précaution pour «préserver les populations naturelles et d'élevage de poisson tilapia au Bénin et de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers une production en quantité et en qualité», selon les nouvelles précisions de Françoise Assobga Comlan.

Pour autant, la mesure est accueillie avec froideur par les professionnels du secteur. Au titre de l'année 2016, la demande en poisson au Bénin était évaluée à plus de 200 000 tonnes là où la production locale de poisson n'atteint que 42 000 tonnes. Pour satisfaire les besoins, le pays doit donc importer près 160 000 tonnes de poisson.

Pour les importateurs comme pour les pisciculteurs, l'annonce alarmante du gouvernement a entraîné une certaine peur chez les consommateurs. Elle a aussi impacté la vente de tilapia local. Résultat, depuis l'interdiction annoncée à la fin août, les ventes ont enregistré des baisses draconiennes et le gouvernement béninois n'a encore prévu aucune mesure de compensation.

Avec l'interdiction de l'importation de ce poisson, le Bénin suit les pas de la RDC, un des premiers consommateurs de tilapia en Afrique, qui avait décidé, dès le 12 août dernier, d'interdire l'importation et la commercialisation de tilapia dans tout le pays.

Le TILV, virus «hautement contagieux» en cause

La décision des autorités congolaises comme celle du gouvernement béninois est motivée par l'alerte lancée, le 2 juin dernier, par le Système mondial d'information et d'alerte rapide (SMIAR) de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Selon cette alerte, un virus mortel, le TILV, décrit comme «hautement contagieux», s'était répandu dans la population de tilapia sauvage ou d'élevage à partir de la Colombie, de l'Équateur, de l'Égypte, d'Israël et de la Thaïlande, les premiers importateurs de ce poisson.

«L'épidémie devra être appréhendée avec soin et les pays important des tilapias devront prendre des mesures appropriées pour la gestion des risques tels que la multiplication des tests de diagnostics, le renforcement des certificats de santé, l'instauration de mesures de quarantaine et le développement de plans d'urgence», indiquait la FAO dans son alerte.

Par précaution, plusieurs pays africains avaient décidé d'interdire l'importation de tilapia, deuxième poisson d'élevage après la carpe au niveau mondial et principal poisson d'élevage en Afrique. L'interdiction concerne toute importation sous forme d'œufs, de larves, de juvéniles, de géniteurs ou de poisson congelé ainsi que ses autres produits dérivés.

Néanmoins, malgré l'interdiction, le tilapia n'a pas disparu des étals et continue à être importé clandestinement là où la FAO exhorte les pays à mettre en place un système de surveillance efficace pour éviter les risques de contamination.

Ibrahima Bayo Jr.

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