Zimbabwe : le tabac fait recette mais sans réel impact sur les finances publiques

Depuis le début de l’année en cours, les recettes du tabac au Zimbabwe –premier produit d’exportation- s’élèvent à près de 937 millions de dollars, poursuivant la hausse constante de ces dernières années. Dans cet élan, le pays de Robert Mugabe se voit atteindre, voire dépasser le milliard de dollars en 2017. Quid de l’impact réel de cette performance sur les finances publiques.
Ristel Tchounand

Le tabac zimbabwéen continue d'avoir le vent en poupe. Sur les huit premiers mois de l'année en cours, le Zimbabwe a cumulé des recettes sur le marché local et à l'étranger de l'ordre d'environ 937 millions de dollars, contre 929 millions sur la même période l'année dernière, selon les statistiques nationales.

Sur les 58 pays de destinations de la feuille verte zimbabwéenne, la Chine -avec plus de 18,6 millions de kg à 148,8 millions de dollars- et l'Afrique du Sud -avec 12,1 millions de kg à 32,5 millions de dollars- arrivent en tête. Viennent ensuite la Belgique, les Emirats arabes unis, l'Indonésie ou encore la Russie dont les achats de tabac zimbabwéen oscille entre les 10 et 20 millions de dollars. Moins réguliers que les précédents, des pays comme la Bulgarie, le Vietnam, Hong Kong, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Soudan et la Tanzanie ou encore la France, restent friands du produit zimbabwéen.

Objectif 2017: 1 milliard de dollars

Premier produit d'exportation du Zimbabwe devant le platine et l'or, le tabac local connait depuis plusieurs années une ascension constante sur les marchés internationaux. En 2012, le pays signe sa plus forte production depuis 10 ans, récoltant 150 000 tonnes de tabac. La performance avait fait écho, puisqu'elle intervenait après la réforme agraire du gouvernement qui avait saisi et redistribué aux citoyens Noirs plus de 3 000 fermes appartenant aux Blancs. Depuis lors, les exportations du pays poursuivent une ascension permanente. Sur toute l'année 2016, elles ont carrément atteint 933,9 millions de dollars, en hausse de 9% par rapport à l'année précédente.

A ce rythme, le Zimbabwe se voit franchir la barre du milliard de dollars de recettes de tabac en 2017. La campagne commerciale qui démarre au mois de mars se poursuit jusqu'à fin septembre.

Secteur « consolateur », mais ...

Alors que le pays traverse une crise économique ces dernières années, le secteur du tabac est devenu ce qu'on pourrait qualifier de « consolateur ». Si sa contribution au PIB est noyée dans celle du secteur agricole (19% du PIB), le tabac reste une importante source de devises. Mais en règle générale, Harare tend vers le rouge. En 2016, la croissance du PIB ici a plongé à 0,7%, contre 1,4% l'année précédente, bien loin des 15% il y a quelques années. Pour se tirer d'affaires, le FMI lui a proposé de mettre en place des réformes. En attendant, le gouvernement use d'« astuces » pour renflouer ses caisses via des opérations telles que la vente de ses éléphants à la Chine, la distribution des terres au lieu du versement de primes annuelles aux fonctionnaires, ... Preuve qu'en dépit de ses belles performances, la situation économique du pays est si chaotique que le tabac zimbabwéen -pourtant prisé à travers le monde- ne suffit pas, à lui seul, à soulager les finances publics.

Ristel Tchounand

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