Burkina Faso : bataille à couteaux-tirés avec l'industrie du tabac

Le gouvernement burkinabè avait pris des mesures pour réglementer la commercialisation du tabac dans le cadre de la lutte contre la consommation de ce produit. Ces mesures qui ont été prises par le ministère de la Santé ne sont toujours pas entrées en vigueur. Les importateurs et les industriels du tabac sont réticents à respecter les dispositions évoquant des incohérences. Le gouvernement promet de sévir.
Pour Smaïla Ouedraogo, ministre burkinabé de la santé, il n'y a pas de marchandage entre la vie humaine et l'argent menaçant de fermer des industries de tabac pour le bien de la population du Faso !

Au Burkina-Faso, le taux de consommation du tabac est estimé à 19,8% au sein de la population de 25 à 64 ans. Un taux très élevé que  les autorités se sont engagées à faire baisser par des mesures prises pour réglementer la commercialisation du tabac. Mais les industriels et les importateurs continuent à tenir tête au gouvernement. Lundi 21 novembre, Smaïla Ouedraogo, le ministre de la Santé a déclaré à la presse que l'arrêté qui contraint l'industrie du tabac et les importateurs à afficher des images rédhibitoires sur les paquets de cigarettes devait entrer en vigueur à partir du 7 avril 2016. Mais les textes ne sont toujours pas respectés par les opérateurs. Pour expliquer leur réticence, les industriels du tabac estiment que le texte contient des incohérences. Le président du conseil d'administration de la Manufacture burkinabè des cigarettes (MABUCIG), porte-parole du groupe, avance que le ministère du commerce n'a pas contresigné le texte et qu'il serait difficile à appliquer. « Nous avons été surpris de constater que le ministre du Commerce ne l'avait pas contresigné. Il comportait juste les signatures du chef de l'Etat, du Premier ministre et du ministre de la Santé. C'est un décret signé sans concertation suite à la pression d'une main invisible», a déclaré Laciné Diawara, le lobbyiste porte-parole des cigarettiers.

 Entre la santé et l'argent, pas de marchandage

Comme une réponse du berger à la bergère, le ministre burkinabé de la santé explique aux industriels que l'absence de la signature du ministère du Commerce sur le document ne peut pas rendre un texte signé par le président du Faso inapplicable. Pour Smaïla Ouedraogo, il n'y a pas de marchandage entre la vie humaine et l'argent menaçant de fermer des industries de tabac pour le bien de la population du Faso ! En 2013 déjà, un rapport a démontré que les sujets jeunes de 25 à 34 ans de sexe masculin sont les plus touchés dans une proportion de 32,6% par la dépendance. La consommation du tabac tue environ 2.000 personnes par an au Burkina Faso. Et pour le gouvernement, cela ne saurait continuer. L'arrêté pis en 2015 et qui réglemente la commercialisation du tabac exige que les produits du tabac portent clairement les images sur les paquets, cartouches et cartons de cigarettes rappelant aux consommateurs leurs conséquences néfastes pour la santé de l'Homme. En avril dernier, l'ONG Afrique contre le tabac (ACONTA) et des organisations de la société civile burkinabé avaient invité le gouvernement à sévir contre les contrevenants et les autorités comptent sévir prochainement.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.