RDC : chute vertigineuse des exportations de café

Du début des années 1980 à nos jours, les exportations de café de la République démocratique du Congo ont reculé de 120 000 tonnes à 11 000 tonnes, soit une chute drastique de 90,83%.
En RDC, le nombre de producteurs de café est passé de 300 à 20 en l'espace de quatre décennies.
En RDC, le nombre de producteurs de café est passé de 300 à 20 en l'espace de quatre décennies. (Crédits : Reuters)

La filière du café en République démocratique du Congo (RD Congo) connaît un effondrement depuis quelques décennies. D'après le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Albert Yuma, les exportations de café ont enregistré une baisse considérable au cours de ces dernières années, chutant de 120 000 tonnes au début des années 1980 à 11.000 tonnes à ce jour. Pour le responsable, qui s'exprimait lors d'un forum sur les états généraux des filières café et cacao, tenu du 18 au 20 juin à Kinshasa sous le thème de «L'amélioration du climat des affaires dans les filières café et cacao en RD Congo : enjeux, défis, contraintes et opportunités », cette chute drastique de 90,83% est liée à la baisse du nombre des producteurs formels de la filière café

En effet, alors qu'ils étaient à l'époque au nombre de 300, ces producteurs ne sont plus aujourd'hui qu'une vingtaine, a souligné Albert Yuma. D'autres intervenants lors du forum ont imputé l'effondrement de la filière café-cacao à la faiblesse de la productivité dans le secteur agricole, au problème d'évacuation des produits, aux mesures dites de «zaïrianisation» de 1973, à l'abandon des plantations de café et de cacao, et au manque d'entretien des plantations existantes.

Faciliter l'accès aux crédits et améliorer la gouvernance dans le secteur

D'autres facteurs hors agriculture expliquent elles aussi ce net recul des exportations, notamment les pillages de 1991 et 1993, les rébellions et guerres qu'a connues le pays --surtout dans les régions de l'est- mais également les fraudes qui permettent de vendre la production sous d'autres étiquettes .

Cette situation interpelle les autorités du pays qui compte sur le secteur pour engranger des recettes. Pour Jean-Lucien Busa, ministre d'Etat congolais en charge du Commerce extérieur, des mesures gouvernementales s'imposent. Selon lui, pour relancer le secteur, il faudra avant tout inventorier toutes les unités agro-industrielles des filières café et cacao afin de les relancer et contrer efficacement la fraude dans les exportations à travers les services opérant aux frontières.

Le ministre recommande aussi un allègement des conditions d'accès aux crédits pour les paysans et les autres opérateurs économiques intéressés. Envisager à moyen et long termes la transformation locale de ces produits, mais aussi investir dans les voies de communication pour faciliter et fluidifier les échanges sur le territoire national sont des pistes que recommande le responsable. Ce dernier préconise enfin, la mise en place d'une Agence nationale de la promotion des exportations pour offrir un appui majeur aux filières café et cacao.

Quant au directeur exécutif de l'Organisation internationale du cacao, Jean-Marc Anga, il estime que le développement de la filière café-cacao pourrait être une opportunité pour la RD Congo, recommandant par la même occasion aux autorités l'élaboration d'un Plan national cacao : «Avec la très bonne qualité des sols des zones de production et les réserves de terres cultivables parmi les plus importantes du monde, la RD Congo a un énorme potentiel pour devenir un acteur majeur de l'économie agricole au monde en ce qui concerne le cacao».

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