Côte d’Ivoire : le Conseil du café et du cacao active son plan d’urgence

Le régulateur ivoirien de la filière cacao a décidé d'interrompre le programme de soutien aux cultivateurs pour faire baisser la production. Une décision qui devrait mettre en adéquation l'offre et la demande, alors que la production actuelle est estimée à 2 millions de tonnes.
En l'espace de dix ans, les volumes de rendement de la filière cacao sont passés de 1,6 à 2 millions de tonnes.
En l'espace de dix ans, les volumes de rendement de la filière cacao sont passés de 1,6 à 2 millions de tonnes. (Crédits : Reuters)

Le Conseil du Café et du Cacao (CCC), régulateur ivoirien du secteur, vient de confirmer la suspension de ses programmes visant à stimuler la production de cacao pour la saison 2018-2019. Une mesure justifiée par un souci de réduire la production face à l'offre excédentaire mondiale.

Coup de frein volontaire

Cette annonce devrait se traduire par l'arrêt de la distribution de semences et de plantes de qualité supérieure par les fabricants de chocolat, notamment Mars et Nestlé dont les départements R&D développent des espèces hybrides qui sont transmises par la suite aux agriculteurs pour augmenter leurs rendements.

La collaboration entre le CCC et les grands groupes chocolatiers avait contribué à l'accroissement de la production ivoirienne de cacao, confortant au passage du pays comme premier producteur mondial en 2017. Une situation qui a également débouché sur une surabondance de l'offre, entraînant les prix de la fève vers le bas au niveau mondial.

«Compte tenu de l'augmentation de l'offre mondiale de cacao et de la chute des prix depuis 2016-2017, le CCC a décidé de procéder à un recensement des vergers de café et de cacao. En attendant la finalisation de ce recensement, nous vous informons de notre décision de suspendre temporairement toute distribution de matériel végétal amélioré, de graines, de boutures à partir de la saison 2018/2019», a précisé le régulateur dans un communiqué, sans donner d'indications sur le début de ce recensement.

En l'espace de 10 ans, la production nationale de cacao est passée de 1,6 à 2 millions de tonnes. Cette amélioration des rendements n'a pas été accompagnée d'une hausse de la demande qui était en deçà de l'offre lors de la saison 2016-2017. Le CCC prévoit une baisse de la production pour la saison 2017/2018 qui devrait s'établir à 1,9 million de tonnes.

Les multinationales tenues pour responsables

L'objectif du régulateur est de maîtriser la production de manière à la confiner entre 1,7 et 1,8 million de tonnes au cours des deux prochaines années, ce qui devrait affecter par ricochet les exportateurs et les transformateurs de chocolat qui incluent des mastodontes comme Ferrero, Cargill, Olam, Cemoi ou encore Cacao Barry.

Le Conseil ne semble pas s'inquiéter d'une éventuelle réaction des multinationales actives dans le chocolat, leur attribuant la responsabilité de la chute des cours. «Notre objectif est de contrôler notre production, car ces 10 dernières années, ce sont ces programmes initiés par des chocolatiers qui ont porté notre production de 1,6 à 2 millions de tonnes».

Le CCC a parallèlement lancé un programme triennal visant à déraciner 300 000 hectares de cacaoyers infectés par des pousses enflées depuis janvier. Pour l'heure, quelque 25 000 hectares auraient déjà été défrichés, ce qui devrait également contribuer à la réduction de la production ivoirienne pour les années à venir.

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