Collectif « Planet A » : pour nourrir le monde, il n'y a pas de « plan (ète) B »

« Planet A » le collectif réunissant des experts et des acteurs économiques et politiques du secteur agricole, a été lancé au cœur de Paris en présence de plusieurs personnalités, le 26 octobre dernier. Le collectif s'appuie sur la recherche et les technologies digitales et sera bientôt pourvue d'une Cité de l'Agriculture et d'un Davos du green-business à Châlons-en-Champagne...
Jacques Diouf, ancien Directeur Général de la FAO (gauche) en compagnie de Benoist Apparu, maire de Châlons-en-Champagne.

Lors du petit-déjeuner de presse organisé au cœur de Paris fin octobre, Dominique Pierre, président de « Planet A » a annoncé le lancement officiel de cette initiative en présence de Jacques Diouf, ancien Directeur Général de la FAO, Gilles Trystram, Directeur d'AgroParisTech, Bertrand Chauffert, agriculteur et Romain Faroux, fondateur d'Airinov. « Planet A » a été pensé pour réunir tous les acteurs autour des enjeux liés à l'agriculture de demain, grâce à l'organisation de rencontres, de programmes de recherche et de formation mais aussi à travers des campagnes de sensibilisation destinées au grand public.

Une 3ème révolution agricole

Châlons-en-Champagne devrait prochainement accueillir un nouveau Agri-hub international. « Par notre positionnement au cœur d'un bassin agricole puissant et inventif, nous avons acquis la conviction que l'agriculture peut et doit être réinventée » a expliqué Benoist Apparu. Le maire Les Républicains (LR) de Châlons-en-Champagne a souligné que pour « nourrir le monde, il n'y a pas de planète B », insistant sur le caractère de l'urgence d'une réforme agricole globale et concertée.

Avec « 9 milliards de personnes à nourrir d'ici 2050 » et face au défi « écologique », l'agriculture représente la pierre angulaire du développement a poursuivi Jacques Diouf. « Une révolution positive pour un monde agricole » telle est l'ambition de Dominique Pierre qui a annoncé l'ouverture prochaine d'une Fondation associée à cette initiative.

Le collectif ambitionne d'accélérer la « révolution agricole en développant la transmission et le partage des connaissances » selon Benoît Apparu qui a rappelé par ailleurs, la nécessaire préservation des ressources naturelles face au défi de l'alimentation mondiale.

La stratégie de « Planet A »

Le collectif regroupe 4 pôles, le premier consacré à la recherche et à l'expérimentation sera soutenu par la tenue d'un « Davos de l'agriculture » qui rassemblera quelques 400 acteurs du secteur pendant 2 jours dans la cité marnaise en juin prochain. Le second axe intitulé « formation et support » doit permettre le renforcement des compétences avec la création d'un Institut des Hautes Etudes de l'Agriculture (IHEDA). Dès 2018, le troisième axe consacré au développement et à l'économie, sera doté d'un incubateur de startups mais aussi d'un village consacré à l'agroéconomie. Enfin, le dernier axe concerne le grand public et permettra de développer des actions d'information et de sensibilisation. Pour ce faire, « Planet A » pourra s'appuyer sur la création prochaine d'une Cité de l'Agriculture accueillant tous les pôles en son sein.

« Nous sommes situés au cœur de l'Europe et nous mesurons à quel point nos territoires sont interdépendants (...) Les besoins sont criants mais désormais les volontés et les moyens techniques et technologiques sont là », a expliqué Benoist Apparu, le maire de Châlons-en-Champagne.

Enfin, l'accent a été porté sur le recours aux technologies numériques pour soutenir le développement d'une agriculture inclusive. Benoist Apparu entend « faire émerger ou rendre possible des solutions émergentes » tandis que Bertrand Chauffert veut renforcer l'attractivité du secteur en s'appuyant sur le digital qui permettra en particulier, d'augmenter la traçabilité de modes de production en élaborant des cartographies précises. Romain Faroux, Fondateur d'Airinov qui commercialise des drones destinés à l'exploitation agricole est également revenu sur l'importance grandissante de l'agriculture connectée.

La nécessaire mobilisation des acteurs

Avec « Planet A », la petite ville de Châlons-en-Champagne cherche à s'imposer comme le hub agricole de demain. Elle bénéficie d'ores-et-déjà, de l'appui de Nicolas Hulot, le Ministre français de la transition écologique et solidaire, qui a twitté sur la nécessité d'une agriculture reposant sur « l'agro-écologie, le développement à grande échelle de l'agriculture biologique, les circuits-courts, des produits locaux de qualité et de saison, une dépendance de moins en moins importante aux pesticides », suite au lancement de « Planet A ». Entre autres soutiens, le collectif pourra compter sur les Université de Reims et d'Adelaïde en Australie mais aussi sur les Fondations Fondapol, Jean Jaurès, Planète Positive (NDR : présidée par Jacques Attali) ou encore et le think-tank Fondapol « plutôt de l'autre côté de la barrière idéologique » a précisé le maire LR.

En termes de financement, « Planet A » en appelle aux fonds de reconversion des sites de défense (CRSD), suite à la fermeture de plusieurs sites militaires qui permettrait à la ville d'accéder à ce type de financement. Benoist Apparu a précisé néanmoins, qu'il restait « très ouvert » aux partenaires privés. Autre soutien de taille, Jacques Diouf, ancien Directeur de la FAO, actuellement Conseiller spécial de plusieurs Chefs d'Etats africains.

« Tout ce qui est de nature à faire parler de l'alimentation humaine alors que la faim dans le monde vient de repartir à la hausse et qu'il y a un silence assourdissant sur le sujet, me semble positif » explique Jacques Diouf lors du lancement de « Planet A ».

Il a ajouté que de l'agriculture dépendait aussi la paix et la sécurité : « 40% des eaux douces sont sur des lignes frontalières ». Enfin, il a insisté sur la nécessité de mobiliser les moyens nécessaires rappelant qu' « il a longtemps été difficile de convaincre les ministres à investir dans l'agriculture ».

Les objectifs du collectif sont ambitieux mais le soutien du ministère de l'Agriculture, la mobilisation des acteurs économiques, politiques mais aussi des chercheurs, laisse augurer des perspectives encourageantes pour Châlons-en-Champagne qui se rêve en Davos de l'agriculture.

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