Développement durable : B CORP, la certification internationale, en quête d’Afrique

WeLight Madagascar, une entreprise du Groupe AXIAN, vient d'intégrer le club très fermé des entreprises certifiées B Corp, en Afrique. En dépit de la lenteur et de l'exigence des procédures, le nombre de demandes est exponentiel, y compris en Afrique qui ne compte à ce jour que 10 % des entreprises certifiées B Corp dans le monde.
(Crédits : DR.)

« Nous sommes très honorés d'intégrer le club très select des B-Corps en Afrique et de devenir la première entreprise certifiée sur le territoire malgache. Ce label confirme que les valeurs et l'impact créés par WeLight sont véritablement au service du partage et au bénéfice de l'ensemble des parties prenantes », se félicitait Romain de Villeneuve, directeur général de WeLight Madagascar, le 21 février, par voie de communiqué.

Romain de Villeneuve, Chief Executive Officer de WeLight Madagascar

Romain de Villeneuve, directeur général de WeLight Madagascar,

L'entreprise a obtenu un résultat de 148,5 points (le score moyen s'établit à 96 points) grâce à l'impact de ses activités qui ont permis à 9 000 ménages de zones rurales malgaches d'accéder à l'électricité (le taux d'électrification avoisine 15 % à Madagascar).
« Leur engagement à faire des affaires différemment sera une source d'inspiration pour d'autres et aidera grandement à répandre l'idée en Afrique que nous pouvons redéfinir le succès dans les affaires pour qu'il ne dépende plus uniquement du profit, mais également de notre impact sur les populations et sur la planète », déclarait Ngwing Kimani, directrice exécutive de B Lab East Africa à l'annonce de cette nouvelle certification.

En recevant le prestigieux label B Corp, l'entreprise rejoint le club très fermé de la soixantaine d'entreprises certifiées sur le continent. Parker Clay (Ethiopie), Lubanzi (Afrique du Sud), Latitude Trade Company (Ouganda) ou encore Abahizi Rwanda, la plupart des entreprises africaines certifiées sont basées dans les pays d'Afrique anglophone. Ce prisme s'explique en partie par la localisation du bureau de B-Lab Africa, ouvert en 2017 dans la capitale kényane. Néanmoins, l'antenne africaine de cette organisation internationale accompagne les entreprises du continent sous toutes ses latitudes, du Sénégal à Maurice, d'Ouganda au Burkina Faso et du Kenya à Madagascar.

Un processus de certification long et fastidieux

Octroyée aux sociétés commerciales qui intègrent dans leur modèle économique, dans leurs effectifs et dans leurs produits ou leurs services des objectifs sociaux, et environnementaux, la certification B Corporation (B Corp), délivrée par B Lab, a été lancée en 2006 à Philadelphie par Bart Houlahan, Andrew Kassoy et Jay Coen Gilbert.

À ce jour, près de 6 000 entreprises, issues de plus de 150 secteurs différents et présentes dans plus de 70 pays, ont reçu la certification B Corp à travers le monde. Cette certification est considérée comme complexe à obtenir et encore plus à maintenir dans la durée. Le processus de labellisation coûte entre 300 dollars et 50 000 dollars par an, selon la taille et les ressources de l'entreprise.

Pour l'acquérir, les entreprises doivent obtenir un minimum de 80 points sur 200 dans le B Impact Assessment (formulaire de sélection) et doivent inscrire l'engagement B Corp dans l'énoncé de leur mission. Toutes les informations renseignées font l'objet de contrôles de vérification. À ce jour, la plupart des entreprises africaines certifiées B Corp sont de petites et moyennes entreprises, mais les multinationales (à l'instar de Danone Égypte en 2019) sont de plus en plus nombreuses à obtenir la certification.

« Préparer cette certification nous a mobilisés pendant plusieurs mois. Le processus de certification est assez lourd et fastidieux, d'autant qu'il faut renouveler l'opération régulièrement. Cela s'impose néanmoins, car il nous faut suivre l'évolution des normes réglementaires. L'impact est un engagement de long terme », rappelle Tsantsa Rabekoto, Impact & Public relations Manager chez WeLight Africa, non sans préciser que cette certification « compte surtout en termes d'image ».

À Madagascar, plusieurs entreprises, parmi lesquelles d'autres filiales du Groupe AXIAN, sont d'ores et déjà engagées dans un processus de certification B Corp. « Nous ne sommes pas les premiers à avoir candidaté au niveau national, mais nous avons eu de la chance d'être les premiers certifiés (...) Nous souhaitons montrer l'exemple et encourager d'autres entreprises malgaches à s'inscrire dans cette démarche », ajoute Tsantsa Rabekoto.

Pour éviter les opérations de green washing...

Toutes les certifications ne sont pas accueillies avec le même enthousiasme. En 2022, la labellisation B Corp de Nespresso fut assimilée à une vaste opération de green washing, par nombre d'observateurs. « Le fait que Nespresso puisse obtenir un score lui permettant d'être certifié en tant que B Corp et d'utiliser la certification pour verdir son modèle commercial et ses pratiques démontre que le système de notation et le processus de certification de l'évaluation B Impact ont sérieusement besoin d'être réparés », avaient alerté une vingtaine d'entreprises dans une lettre commune ( La norme B Corp est en danger - Fair World Project, le 15 juin 2022).

Ces entreprises dénoncèrent une vaste opération de green washing en indexant les capsules en aluminium qui ont fait le succès de la marque à grand renfort de communication hollywoodienne. Nespresso avait répondu par des chiffres, arguant qu'en trois décennies, le conditionnement de ses produits et l'utilisation de l'aluminium ne compteraient plus que pour 13 % de son emprunte carbone.

Le 18 février dernier, le Financial Times, dans un article intitulé The struggle for the soul of the B Corp movement, revenait à son tour sur les défis relatifs à la méthode d'évaluation de la certification. La réduction de l'empreinte carbone n'étant qu'un paramètre parmi d'autres, les experts du climat craignent que l'aspect social puisse contrebalancer les impacts environnementaux des entreprises.

Parallèlement, si certains secteurs comme les zoos et les prisons sont non admissibles à la certification B Corp, des entreprises impliquées dans la production et la vente de combustibles fossiles peuvent l'être à condition d'être engagées dans un processus de transition...

Afin de structurer un « socle de pratiques d'impact essentielles », B Corp a intégré dix nouvelles exigences dans son processus en 2023. Désormais, la mission de l'entreprise qui intègre des objectifs sociaux et environnementaux doit impliquer « toutes les parties prenantes ». Les prérequis en termes de pratiques éthiques, de droits humains (à travers un code de conduite fournisseurs), mais aussi de sécurité financière, de développement personnel et professionnel des collaborateurs, ou encore de renforcement de la politique liée à la diversité, l'équité et l'inclusion en entreprise ont été révisés.

Enfin, sur le plan environnemental, la dernière mouture de la certification B Corp intègre de nouvelles exigences en matière de bilan carbone et de management environnemental (intégrant la gestion des déchets, la consommation d'eau et d'énergie, les émissions de gaz à effet de serre et l'impact de l'entreprise sur la biodiversité).

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