Entrepreneuriat : Lamtôro ou l’architecture créative « Made in Senegal »

L’architecture moderne en Afrique montrent bien les prémices d’une certaine montée en puissance ces dernières années. Au Sénégal, Lamtôro, entreprise pensée par Mouhamadou Abass Sall, est l’une de ces structures établies dans le paysage dakarois et qui a l’ambition de porter haut le savoir-faire sénégalais.
Ristel Tchounand
(Crédits : Lamtoro)

Depuis plusieurs mois, les chantiers ont repris au rythme d'avant crise sanitaire et Lamtôro Group accélère plusieurs projets à livrer prochainement. Ce cabinet d'architecture, basé à Dakar, a opéré un revirement stratégique en 2017 pour faire dans le Design & Build, cette méthode de livraison de projets utilisée dans l'industrie de la construction et qui consiste pour une entreprise à gérer entièrement un projet architectural, de la conception à la réalisation. Ici, les projets qui se chiffrent souvent à des millions de dollars, émanent majoritairement de contrats privés (dont le résidentiel et le commercial comme des agences bancaires... ) et quelques rares fois de contrats publics. D'ailleurs, le cabinet travaille continuellement sur la montée en compétence de ses équipes de façon à être à jour des dernières évolutions et faire le poids avec l'offre internationale sur les grands marchés publics.

« Nous en sommes capables »

« Ce que les Turcs, les Français, les Espagnols, les Italiens et les Américains viennent proposer dans ce pays, nous -enfants du Sénégal, d'Afrique- sommes capables de faire de telles propositions, tout en venant avec une solution créative, une solution technique à l'exécution et une solution financière en termes d'investissement », défend Mouhamadou Abass Sall, PDG de Lamtôro Group interrogé par La Tribune Afrique. Ce jeune architecte sénégalais formé à l'Ecole nationale supérieure d'Architecture (ENSA) de Grenoble a eu treize ans, depuis le lancement de son entreprise en 2007, pour faire ses preuves. Il se souvient des débuts où il a dû démontrer son savoir-faire pour gagner en crédibilité et surtout la confiance de ses proches dont son père qui lui confiera son premier vrai projet, le Collège université islamique Aboul Abass Ahmed Tidiane, dont il est l'architecte.

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Depuis lors, Lamtôrô s'est développé. Le cabinet a également expérimenté une plateforme d'investissement immobilier dénommé SQMShares dont la dernière version sera bientôt révélée au public. « La plateforme reste exclusive aux projets de Lamtôro mais a été conçue de sorte à pouvoir s'ouvrir dans un futur proche et jouer pleinement le rôle de l'intermédiation financière sécurisée entre les porteurs de projets et les souscripteurs, en toute transparence », explique l'entrepreneur.

« A nous d'avoir une pratique convaincante de l'architecture »

Même si la culture africaine peut constituer une source d'inspiration pour les créations de Lamtôro, son promoteur n'adhère pas vraiment à l'idée d'une architecture africanisée, estimant que dans l'imaginaire collectif, cela renvoie généralement à la paille, la terre, ... Lamtôro préfère considérer l'architecture dans son universalité et l'exigence qui lui est propre de tenir compte de l'environnement abritant un projet et des besoins des porteurs dudit projet. « On peut faire des choses magnifiques avec la paille, la terre, ... c'est clair. Mais, le jeune cadre africain de 2020 aspire à la modernité », remarque Mouhamadou Abass Sall avant d'ajouter : « c'est donc à nous de montrer qu'avec les matériaux disponibles chez nous, nous pouvons atteindre un niveau de modernité qui dépasse celui perceptible sous d'autres cieux et ainsi faire jaillir une nouvelle touche d'architecture créative. C'est à nous d'avoir une pratique de l'architecture qui soit convaincante ».

Lamtoro

La tête de l'un des projets résidentiels en cours de Lamtôro à Dakar.

Si l'architecture moderne connait une certaine évolution en Afrique ces dernières avec l'intervention de certains architectes africains dans des projets stratégiques longtemps restés la chasse gardée d'architectes internationaux, le Sénégal ne fait pas l'exception. L'Ordre des architectes du Sénégal (ODAS) compte plus de 150 membres et leurs réalisations se sont beaucoup rapprochées des modèles modernes internationaux. Cette effervescence est entre autres favorisée par l'ouverture du pays, la montée en puissance de la classe moyenne qui, par ricochet, dynamise le secteur de l'immobilier. D'ailleurs, des projets tels la nouvelle ville de Diamniadio -ou par extrapolation la ville futuriste de la star américano-sénégalaise Akon- sont autant de signes d'un dynamisme du marché dont les chiffres cependant restent peu détaillés.

Lorsqu'il imagine « la ville africaine de 2135 », un concept qu'il a créé pour se projeter au-delà du Plan Sénégal Emergent (PSE) dont l'échéance est fixée à 2035, Mouhamadou Abass Sall pense à une ville qui mette l'humain et son épanouissement au centre de son développement urbain.

Ristel Tchounand

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