Tourisme : Le coup de gueule des agences de voyage au Cap-Vert

Les agences de voyage au Cap-Vert sont en colère. Asphyxiées par la crise sanitaire, elles estiment la fermeture des frontières trop prolongée et appellent le gouvernement à une ouverture encadrée, dans une économie où le tourisme représente environ 22% du PIB.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

« Nous avons déjà suffisamment de preuves que la Covid19 ne se propage pas en particulier dans les aéroports et les avions. L'Europe, par exemple, fonctionne avec des vols normaux et les trains sont pleins ». C'est le coup de gueule de l'Association des agences de voyage du Cap-Vert (AAVT) tel que rapporté par Radio de Cabo Verde. Les opérateurs qui ont appelé le gouvernement, jeudi 24 septembre, à rouvrir les frontières aériennes de l'archipel fermées aux vols commerciaux depuis le 19 mars, afin de relancer leurs activités.

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Des revenus en baisse de 80% en huit mois

Comme un peu partout en Afrique -et dans le monde plus globalement-, la fermeture des frontières aériennes a ébranlé le secteur du tourisme. Archipel composé de dix îles volcaniques étendues sur 4 033 km2 avec 583 255 habitants, le Cap-Vert a accueilli plus de 819 000 touristes en 2019, selon les données de l'Institut national de la statistique (INE). Dans ce pays où le tourisme fait vivre une frange importante de la population active et garantit environ 22% du PIB, les visiteurs viennent des quatre coins de la planète et principalement du Royaume-Uni, du Portugal, de la France, des Pays-Bas et de l'Allemagne. Mais avec des frontières fermées depuis plusieurs mois, les contreperformances sont spectaculaires.

« Financièrement, les agences de voyages sont dans le rouge », a déclaré Edmilson Mendonça, président du Conseil de surveillance de l'AAVT, précisant que les revenus des agences ont dégringolé d'environ 80% au cours des huit derniers mois. La réouverture initialement prévue au mois d'août n'a pas eu lieu en raison de la recrudescence des cas de contamination principalement en Europe. Le bilan national -ce 26 septembre- fait toutefois état de 5 628 cas confirmés dont 4 982 guérisons, 55 décès dans l'archipel depuis le début de la pandémie.

Pour une entente avec les pays émetteurs de touristes

Pendant plusieurs mois, les opérateurs touristiques ont approuvé la fermeture des frontières pour freiner la propagation du coronavirus, mais l'estiment désormais trop longue, au vu des conséquences économiques. La présente sortie de l'AVVT intervient après celle du Premier ministre Ulisses Correia e Silva qui, interrogé par Lusa à propos des cris de détresse des opérateurs, affirmait : « le retour des vols internationaux dans des conditions normales ou même conditionnées ne dépend pas de la volonté et de l'initiative du Cap-Vert, mais des pays tiers. Par conséquent, je ne peux pas indiquer de dates [pour l'ouverture des frontières] ».

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L'AVVT propose que les autorités capverdiennes privilégient la piste de négociations avec les pays émetteurs de touristes afin d'encadrer les voyages. « Ce seront des vols spécifiques qui ne mettront certainement pas en péril le contrôle de Covid19 dans les aéroports. C'est dans cette ligne que nous pensons qu'il est nécessaire, et possible, de reprendre l'activité touristique », argumente Mendonça, soulignant que l'ouverture des frontières serait un « grand soulagement » pour le secteur.

Au cours de cet été, certains pays du continent comme la Tunisie se sont prêtés au jeu, permettant aux touristes des pays considérés à faible risque de contamination d'effectuer des voyages encadrés. Mais le fait que le coronavirus reste actif à travers le monde, représente un véritable défi. D'ailleurs, les autorités tunisiennes viennent d'actualiser leur liste rouge, incluant la France, la Belgique, le Portugal ou encore l'Arabie Saoudite.

Cette pandémie plonge les pays touristiques dans un dilemme absolu. A l'île Maurice à titre d'exemple, l'économiste Eric Eric Ng Ping Cheun, dans un entretien avec La Tribune Afrique, certifie qu'« il sera impossible de relancer l'économie sans l'ouverture des frontières ». Que dire du Cap-Vert ?

Ristel Tchounand

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