Gabon : Afreximbank perfuse la CDC pour doper les exportations de bois transformé

Dans le cadre du régime intense d’industrialisation visant à accroître le poids de sa filière bois dans l’économie nationale et sur le marché international, le Gabon vient de se voir accorder un prêt renouvelable de 30 millions d’euros, fruit d’un accord entre la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) et la Caisse de dépôts et consignations du Gabon (CDC Gabon).
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Trente millions d'euros. C'est la somme que vient de décaisser la Banque africaine d'Import-Export pour alimenter la trésorerie de la Caisse des dépôts et consignations du Gabon (CDC Gabon). La convention de prêt renouvelable a été signée lundi dernier au siège de l'institution panafricaine au Caire par le président d'Afeximbank Bénédict Oramah et le PDG de la CDC Herman Nzoundo BigNoumba, indique un communiqué de la banque.

L'enveloppe accordée devrait permettre de renforcer les capacités du Gabon en matière de transformation du bois et d'en doper les exportations. En pratique, l'argent permettra à la CDC de financer les entreprises éligibles de la zone économique spéciale (ZES) de Nkok -cœur battant de la stratégie nationale de transformation du bois issu des forêts du pays érigé à 27 km de Libreville-, afin de les aider à traiter le bois et à le préparer à l'exportation. Les produits issus de cette ZES étant principalement écoulés vers les pays voisins, cela permettra de booster le commerce intra-africain.

Afreximbank

L'idée, selon les précisions de Herman Nzoundo Big Noumba, est que ces entreprises puissent «réaliser des traitements de premier et deuxième niveaux, faisant ainsi passer le pays au-delà d'une simple exploitation forestière».

«Cette collaboration donne à nos deux institutions la capacité de renforcer nos relations et notre coopération mutuelle afin de contribuer de manière significative à libérer le plein potentiel des parcs industriels et des zones franches d'exportation et de produire l'impact de développement tant attendu sur notre continent», a pour sa part déclaré Benedict Oramah.

Vers le leadership mondial de bois tropical certifié ?

Avec une superficie forestière de 22 millions d'hectares -soit environ 85% du territoire national- dont plus de 50% exploitables et plus de 400 essences d'arbre, le bois au Gabon représente «l'autre pétrole». D'ailleurs, avant les années 1970 qui ont marqué les débuts du boom pétrolier gabonais, ce pays d'Afrique centrale tirait sa force économique du bois. La filière y était même le premier employeur. Avec la crise née de la chute des cours du pétrole qui inscrit la croissance du PIB sur une pente continuellement descendante depuis 2012 pour flancher à 1,1% en 2017, l'Etat a commencé, il y a quelques années, à chercher activement des voies de sortie. Ainsi, après avoir interdit en 2010 l'exportation de bois en grumes, le président Ali Bongo Ondimba a lancé un plan ambitieux dans le secteur forêt-bois qui vise à faire du Gabon un leader mondial du bois tropical certifié d'ici 2025, tout en triplant à 10% la contribution du secteur au PIB.

Dans le même ce cadre, le Gabon a initié cette année le Salon international du bois de l'Afrique Centrale et de l'Ouest qui s'est tenu du 20 au 22 juin dernier à Libreville. L'événement -qui se veut être une plateforme d'innovation pour la transformation de l'industrie du bois et le développement d'un marché régional du bois et des produits dérivés du bois- a réuni les opérateurs des deux régions et même ceux venant d'ailleurs.

En 2017, le Gabon a produit 843 891 m3 de bois ouvrés, en hausse de 10,1% par rapport à l'année précédente, selon les données de la Direction générale de l'Economie et de la politique fiscale. Une performance rendue possible, d'après la même source, grâce à un meilleur approvisionnement en grumes, au renforcement du tissu industriel et à la montée en puissance des nouvelles usines installées dans la ZES de Nkok. Le pays est en outre connu pour son placage dont 70% de la production l'an dernier a été exportée et son contre-plaqué exporté à 80%.

Le commerce de bois au Gabon fait actuellement l'objet d'une attention particulière des autorités du pays qui entendent mieux faire bénéficier l'économie de cette richesse. Les 30 millions d'euros d'Afreximbank viennent s'ajouter aux autres financements qu'a déjà reçus le Gabon pour développer la ZES de Nkok, dont celui de la Banque mondiale à hauteur de 90 millions de dollars décaissés sur dix ans.

Ristel Tchounand

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