Djibouti : un Fonds souverain pour « progresser dans la chaîne de valeur » mondiale

Le président Ismail Omar Guelleh officialise le Fonds souverain djiboutien. Lancé lundi, ce Fonds au capital alimenté par les différentes structures économiques publiques, vise à accélérer le développement économique de ce pays de la Corne de l’Afrique et surtout le repositionner dans la chaîne de valeur mondiale.
Ristel Tchounand
Port de Doraleh, Djibouti.
Port de Doraleh, Djibouti. (Crédits : DR)

Djibouti dispose désormais d'un Fonds souverain lancé lundi 14 septembre par le président Ismail Omar Guelleh. Nouvelle « arme » de l'Etat pour la concrétisation de la « Vision 2035 », stratégie de développement de ce pays de la Corne de l'Afrique, ce Fonds a pour objectif non seulement de financer la transformation de l'économie nationale, accélérer le développement, mais aussi de faire « progresser [Djibouti] dans la chaîne de valeur » mondiale, selon le président Ismail Omar Guelleh.

Tirer parti de l'atout géographique

Conscient de son exception à la règle africaine de richesse du sous-sol en matières premières, Djibouti entend capitaliser sur son atout géographique. « Au carrefour de l'Asie et de l'Afrique, sur la route du canal de Suez et de l'Europe, gardien du détroit de Bab-el-Mandeb, Djibouti est idéalement positionné sur l'une des routes commerciales les plus actives et les plus stratégiques du monde [...] », a déclaré le président de la République. Si le capital de départ n'a pas été précisé, le Fonds souverain djiboutien sera alimenté par les « principales structures économiques [du pays] dont la Great Horn Investment Holding et Djibouti Telecom », précise la Radio Television Djiboutienne. Selon Jeune Afrique, le Fonds devra « être doté de 1,5 milliard de dollars d'ici dix ans ».

Djibouti, futur hub « incontournable » ?

La stratégie gouvernementale consiste à tout mettre en œuvre pour faire de Djibouti « un hub commercial, logistique, portuaire et numérique incontournable ». Pour y parvenir, l'Etat a déjà aligner les priorités : l'investissement dans les infrastructures, la dynamisation du secteur privé, la modernisation des entreprises avec un focus sur les entités publiques.

Djibouti s'est en effet illustré ces dernières années dans le domaine de la logistique, avec notamment la mise en service de la plus grande zone franche d'Afrique en juillet 2018. Et le pays est en train de développer une véritable expertise dans la gestion portuaire, comme reconnaissait le chef du commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom), Thomas Waldhauser, devant le Sénat américain début 2019.

Sur le plan des infrastructures, ce pays de la Corne de l'Afrique a récemment rejoint plusieurs organisations internationales dont le Fonds Africa50 de la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, toujours dans le but de faciliter la mobilisation du financement pour ses projets. Si Djibouti s'est focalisé récemment sur l'infrastructure portuaire, l'industriel, resté embryonnaire, fait désormais partie des priorités. « Il nous faut pouvoir investir et de co-investir de manière souveraine sur des grands projets structurants », a déclaré le président Guelleh, soulignant qu'il s'agit de « positionner notre pays comme un centre d'excellence, de compétitivité et d'innovation ».

Son secteur privé est animé par plus 3 000 entreprises dont 77,6% évoluent dans le secteur tertiaire, 21,1% dans la construction, tandis que l'industrie et l'agriculture occupent le reste, selon les données de la Chambre de commerce et d'industrie datées de 2015. Comme dans plusieurs autres pays du continent, ces entreprises sont souvent confrontées à des problèmes de financement. Depuis six ans, Djibouti tente de favoriser une montée en puissance de son secteur privé afin de stimuler la croissance et l'emploi et améliorer l'environnement des affaires pour capter davantage l'investissement étranger. Les autorités estiment que le Fonds souverain, favorisera « plus encore l'émergence d'un secteur privé diversifié et compétitif ».

Conseillé par le duo Kaberuka-Zinsou

Le gouvernement djiboutien a travaillé sur le projet de Fonds avec la banque SouthBridge Group du rwandais Donald Kaberuka (ex-président de la Banque africaine de développement) et du franco-béninois Lionel Zinsou qui a d'ailleurs fait le déplacement à Djibouti pour prendre part à la cérémonie de lancement lundi. Le partenariat se poursuivra notamment en matière de conseil.

Ristel Tchounand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.