Nigéria : Buhari compte distribuer directement aux pauvres les fonds rapatriés de l’ex-chef d’Etat Sani Abacha

Comme il s’y est engagé à maintes reprises, le président nigérian compte bien redistribuer aux personnes défavorisées les fonds appartenant à l’ex-chef de l’Etat Sani Abacha qui ont été rapatriés de Suisse. C’est 322 millions qui seront partagés en deux ans à travers un mécanisme que le gouvernement fédéral veut des plus transparents afin de s’assurer notamment la récupération de 500 autres millions de dollars encore gelés par les Etats-Unis.

Depuis que Muhammadu Buhari s'est engagé à redistribuer aux plus démunis les fonds récupérés des comptes à l'étranger de l'ancien chef de l'Etat Sani Abacha, les appétits ne cessent de s'aiguiser au sein des populations cibles qui attendent de percevoir les premiers nairas. D'autant que la Suisse a annoncé avoir décaissé une nouvelle tranche de 322 millions de dollars, à la suite de la signature d'un mémorandum d'entente avec les autorités fédérales nigérianes et en partenariat avec la Banque mondiale qui doit veiller à ce que le processus soit conduit conformément aux termes convenus.

Face à l'impatience grandissante des couches les plus défavorisées et aux inquiétudes qui commencent à émerger au sein de l'opinion, les services du président nigérian ont tenu à faire le point sur l'évolution du processus et à rassurer qu'il sera conduit à terme, malgré certaines réticences, notamment de ceux qui doutent de l'efficacité et même de la pertinence de la démarche.

Dans un premier temps, en effet, il a été convenu que les fonds rapatriés serviront à financer des projets de développement. Mais suite à l'échec de l'opération par le passé avec d'importantes sommes détournées, Buhari a opté cette fois pour une redistribution directe aux couches les plus vulnérables.

Lire aussi : Nigeria : la Suisse restituera 321 millions de dollars détournés par Sani Abacha, sous forme d'un projet de développement

Selon Juliet Ibekaku-Nwagwu, conseillère spéciale du président Buhari en charge des questions juridiques, les fonds seront bel et bien distribués aux pauvres à travers des versements directs dans leurs comptes bancaires sur une période de deux années. Juliet Ibekaku-Nwagwu, également coordinatrice nationale du Partenariat pour un gouvernement ouvert (OGP), a rappelé que conformément au protocole d'accord signé avec les autorités suisses pour permettre le décaissement des fonds, des numéros d'identification seront attribués aux Nigérians les plus pauvres et la liste des bénéficiaires sera publiée sur une plateforme en ligne qui est en train d'être développée par le Bureau national des investissements sociaux en collaboration avec la Banque mondiale.

Le processus va évidemment prendre du temps, ce qui nécessite encore la patience des populations, selon les explications de la conseillère du président rapporté par le média local Daily Trust. Pour Ibekaku-Nwagwu, ces précautions sont nécessaires pour garantir la réussite du processus et surtout assurer sa transparence d'autant que la société civile ainsi que les médias y seront pleinement impliqués.

Assurer la transparence des opérations de versements

D'après la présidence nigériane, toutes les agences impliquées dans le processus travaillent activement à définir les différentes modalités de redistribution des fonds et en ce sens, une conférence publique est prévue ce 28 juin afin de porter à la connaissance de l'opinion l'état d'avancement du programme.

Par la suite, les opérations de versement pourront commencer à travers notamment la mise en place de filets de sécurité sociale, notamment des transferts ciblés aux ménages pauvres. «Les populations vulnérables seront enregistrées en ligne et avant de percevoir le virement, elles doivent disposer d'un numéro d'identification afin que chaque paiement soit suivi. Aucun montant ne sera versé sans une signature conjointe entre le Nigeria et la Banque mondiale et sans que le bénéficiaire ne soit identifié», a précisé Ibekeaku-Nwagwu. Selon la conseillère de Buhari, cela s'inscrit dans le cadre des engagements internationaux pris par le président pour renforcer la transparence et la reddition des comptes en matière de gestion des ressources publiques.

Au-delà de ces engagements de transparence, la démarche du président nigérian vise surtout à rassurer les autorités des autres pays détenant des fonds appartenant à l'ancien général et que Buhari veut récupérer. Des négociations ont été entamées avec le gouvernement britannique et surtout les Etats-Unis où 500 millions de dollars sont toujours gelés par le gouvernement américain en raison des détournements qui ont accompagné le décaissement des premiers fonds sous le précédent régime de Goodluck Jonathan. Des fonds récupérés pour financer des projets de développement ont en effet pris une autre direction suscitant la méfiance des partenaires extérieurs, une page que Muhammadu Buhari veut tourner en avançant l'argument de la transparence dans la redistribution directe des fonds de l'ancien général putschiste encore logés dans des établissements bancaires étrangers.

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