Le Bénin corse son dispositif contre les faux produits phytopharmaceutiques

Par Maimouna DIA  |   |  555  mots
Le trafic dans le domaine pharmaceutique touche l’ensemble des pays africains, faisant de la lutte contre ce fléau une priorité. (Crédits : DR)
Le Bénin interdit désormais la commercialisation de produits phytopharmaceutiques non homologués. La décision fait suite aux différents scandales de faux médicaments mettant en cause de grands groupes de distribution, alors que la lutte contre les faux médicaments et autres produits pharmaceutiques contrefaits est devenue une priorité nationale dans plusieurs pays africains.

Le Bénin vient d'interdire la vente des produits phytopharmaceutiques non homologués, en l'occurrence les insecticides, les herbicides, fongicides non homologués, par des individus et structures non autorisés. L'information a été publiée ce jeudi 5 avril dans un communiqué du gouvernement. La décision fait suite au constat d'opérations de distribution de produits non homologués sur l'ensemble du territoire béninois par des personnes et des structures non autorisées, en violation des dispositions réglementaires en la matière, a indiqué le communiqué.

La décision intervient dans un contexte où le Bénin, à l'image d'autres pays comme le Sénégal ou la Côte d'Ivoire, a été éclaboussé par plusieurs affaires de faux médicaments, dont les ramifications mettent en cause des géants de la distribution du secteur pharmaceutique.

Une question de santé publique

Dans le domaine phytopharmaceutique, la loi a été motivée par le fait que le phénomène prend de l'ampleur et met en danger la production agricole, la santé humaine et animale, ainsi que l'environnement. En d'autres termes, la loi portant réglementation phytosanitaire au Bénin, stipule que «la détention, l'importation, la fabrication, la formulation, le reconditionnement pour la mise sur le marché à titre onéreux ou gratuit des produits phytopharmaceutiques ainsi que leur application par une entreprise ou un organisme prestataire de service ne peuvent être effectués que par des titulaires d'un agrément professionnel délivré par le ministre chargé de l'agriculture».

A cet effet, le communiqué a précisé que «le gouvernement béninois invite les uns et les autres à se conformer à la législation en vigueur disposant d'un agrément professionnel avant d'exercer cette activité.

La problématique est identique dans le domaine des médicaments et touche la plupart des pays africains où les saisies de faux médicaments sont récurrentes. Les scandales ont été énormes et les risques associés l'ont été autant et ont trait à l'empoisonnement des consommateurs, la résistance aux bactéries, le développement de maladies comme l'insensibilité, l'hypertension, les accidents cardiovasculaires,... et la liste est loin d'être exhaustive. Le trafic dans le domaine pharmaceutique touche ainsi l'ensemble des pays africains, faisant de la lutte contre ce fléau une priorité.

L'Afrique prépare une riposte coordonnée

Aucun pays n'est épargné par le fléau. C'est dans ce cadre que le Maroc a accueilli, fin février dernier à Rabat, la 2e édition des Assises nationales du médicament et des produits de santé, avec une thématique cruciale pour le Continent : «Comment lutter efficacement contre la contrefaçon de médicaments en Afrique ?».

Les participants ont échangé notamment sur l'adoption d'une «Loi type» sur la contrefaçon des médicaments et des produits de santé sur le Continent. Il a aussi été question de la création d'une instance relevant de l'Union africaine qui aurait pour mission la surveillance du marché africain des médicaments : un soin particulier sera apporté à la mise en réseau et la formation des différents acteurs aux techniques de contrôle et de surveillance, la sensibilisation du grand public et des professionnels de santé, sans oublier la coopération avec les différentes instances internationales, pour une lutte coordonnée et efficace contre la commercialisation de faux médicament.