Le Bénin négocie un nouveau programme avec la BAD

Le gouvernement et la Banque africaine de développement (BAD) sont sur le point de finaliser les termes d’un nouveau programme de coopération pour la période 2017-2021. Le pays a su négocier, cette année, l’éligibilité aux guichets concessionnels de la BAD, ce qui ouvre la voie à la mobilisation d’importants financements en faveur du Programme d’action gouvernementale (PAG) qui constitue la feuille de route des engagements du président Talon pour un «Bénin révélé».
Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, et le président de la République du Bénin, Patrice Talon.

C'est la dernière ligne droite pour la finalisation du nouveau Document de stratégie pays entre le Bénin et la BAD pour les cinq prochaines années. Après les échanges entre les responsables de l'institution financière panafricaine et le gouvernement béninois, un atelier national s'est tenu en fin de semaine dernière à Cotonou entre les deux parties pour apporter les dernières touches aux perspectives d'interventions de la BAD dans le pays.

Le nouveau cadre de coopération vient en appui au programme d'action du gouvernement et les discussions engagées s'inscrivent dans la suite des échanges entre le président de la BAD, Akinwumi Adesina, et le président de la République du Bénin, Patrice Talon, lors de sa visite à la Banque le 11 janvier dernier, soit quelques mois après sa prise de fonction. Les questions relatives à la situation de portefeuille et la nécessité d'en améliorer la performance, ainsi que les échanges avec les autorités ministérielles ont également par la suite permis de convenir des priorités d'interventions de la Banque pour appuyer le Programme d'action du gouvernement  (PAG) sur la période 2017-2021, à savoir l'agriculture et les infrastructures.

Le ministre d'Etat chargé du Plan et du développement, gouverneur de la BAD, Abdoulaye Bio Tchané, a tenu à cette occasion à se féliciter de l'accompagnement de la BAD en faveur de son pays, un accompagnement qui visera principalement «le développement des chaînes de valeur agricole et agro-industrielle, ainsi que  le renforcement des infrastructures de soutien à la compétitivité et à l'intégration régionale». Des objectifs que visent également le gouvernement béninois à travers la mise en œuvre du programme présidentiel, «le Bénin révélé», qui cadre parfaitement avec les cinq priorités, les «High5» (éclairer l'Afrique ; nourrir l'Afrique ; industrialiser l'Afrique ; intégrer l'Afrique ; améliorer la qualité de vie des populations en Afrique) de la BAD.

«Le bilan des vingt-cinq années de démocratie et de libéralisme économique révèle que le Bénin, malgré son potentiel, présente de lents progrès vers l'atteinte des résultats de développement durable», a fait remarquer le ministre d'Etat Bio Tchané qui a par exemple rappelé que la situation de la pauvreté du pays demeure encore  préoccupante avec 40,1% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté monétaire. «Au regard de ces défis, le Chef de l'Etat a clairement affiché son ambition à travers le PAG d'engager des réformes profondes et la transformation structurelle de notre économie, pour une croissance inclusive génératrice d'emplois décents, tout en assurant la transition vers une économie verte», a expliqué Abdoulaye Bio Tchané.

Accès aux guichets concessionnels

C'est en septembre prochain que le nouveau cadre d'interventions de la BAD au Bénin sera soumis à l'appréciation du conseil d'administration de l'institution. Au-delà des différentes composantes prévues par le Document de stratégie pays (DSP), le Bénin affiche surtout l'espoir de se voir accorder l'accès au guichet souverain de la BAD, «pour davantage de financement de la BAD en faveur du PAG».

Cela fait déjà plusieurs mois que le gouvernement béninois négocie son éligibilité au guichet de prêts souverains non concessionnels de la BAD. L'instrument financier était par le passé accessible uniquement aux pays faiblement endettés, ce qui leur permet de lever plus de fonds avec des prêts à taux non concessionnels qui n'étaient pas alors à la portée du Bénin. Depuis mai 2014,  le conseil d'administration de la Banque a décidé d'étendre ce mécanisme d'assistance financière aux pays africains à faible revenu et le Bénin compte y recourir pour soutenir la mise en œuvre de son plan de développement national.

C'est ce qui a motivé la visite, en janvier dernier, de Patrice Talon au siège de la BAD où il a eu des entretiens avec son président, le Nigérian Akinwumi Adesina.

«Nous avons besoin de l'appui de la Banque africaine de développement pour donner, dans les quatre années qui viennent, un autre visage du Bénin à l'extérieur en diversifiant notre économie afin de vaincre la pauvreté. Nous souhaitons être pour notre Banque un modèle», avait alors plaidé le président béninois Patrice Talon.

En réponse, le président de la BAD a confirmé que son institution partage «cette volonté d'accélérer la mise en place de programmes et de projets de développement et s'engage à vous accompagner dans les secteurs où le Bénin a un avantage comparatif. Nous allons notamment vous aider à développer l'agro-industrialisation».

Pour ce faire et outre ses ressources (FAD, BAD, fonds fiduciaires), la Banque mobilisera d'autres  instruments d'accompagnement du financement du secteur privé (garanties) et les cofinancements, notamment pour les projets structurants du gouvernement.

Le portefeuille actuel de la BAD au Bénin comprend 11 opérations pour un montant de 355 millions de dollars. La répartition sectorielle du portefeuille reflète la prédominance des infrastructures de transport (55%), suivi de l'agriculture (33%), du secteur énergétique (7%), du secteur eau et assainissement (3%) et du secteur financier (2%).

En mai dernier, Patrice Talon était de nouveau en mission de séduction auprès de la BAD lors de ses Assemblées générales annuelles qui se sont tenues du 22 au 25 à Ahmedabad, en Inde.

La BAD va également ouvrir cette année un bureau national au Bénin, ce qui pour les autorités béninoises est le signe d'un probable avis positif pour l'accès aux guichets concessionnels, un enjeu stratégique pour le gouvernement

La mise en œuvre du programme d'action du gouvernement béninois «Bénin révélé»,  lancé par le président Talon et son gouvernement le 16 décembre 2016, devrait nécessiter une enveloppe globale de 9 039 milliards de Fcfa, soit environ 14 milliards de dollars, dont 39% de financements publics et  61% de financements privés.

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