France-Afrique : les nouvelles ambitions africaines du patronat français

Les patrons français veulent élargir leurs parts de marchés sur le continent africain en profitant des nouvelles opportunités d’expansion qu’ouvrent certaines niches au potentiel prometteur. Pour ce faire, le comité Afrique du MEDEF, le patronat français, a dévoilé toute une feuille de route pour 2017 et qui vise à permettre aux entreprises françaises de faire face à la concurrence assez agressive d’autres prétendants bien présents aussi sur le continent.

Le continent africain s'affirme de plus en plus comme la priorité des priorités des entreprises françaises. Bien qu'elles soient bien présentes en Afrique, le cap mis dernièrement par le MEDEF, le patronat français, à travers le comité Afrique de sa branche internationale, augure d'une ambition africaine grandissante des patrons français. L'année 2016 a d'ailleurs été riche en événements dédiés à l'Afrique pour l'organisation patronale qui a intensifié le lobbying à travers différentes manifestations dont le clou a été organisé en marge du dernier sommet France-Afrique qui s'est tenu en janvier dernier à Bamako. C'est justement dans le sillage des engagements pris, que le Comité Afrique du MEDEF International, a présenté la semaine dernière à Paris, sa feuille de route 2017. Devant un parterre de journalistes, de représentants de certaines administrations françaises, de diplomates africains et des chefs d'entreprises ayant des activités sur le continent, les responsables en charge de ce volet au sein du patronat français ont saisi l'occasion, pour présenter le bilan des activités menées durant l'exercice 2016 mais aussi et surtout les projets d'actions qui seront menées durant l'année en cours.

Nouvelles niches prioritaires

L'année 2016 a été riche en évènements à en croire le MEDEF international qui présentait ses vœux de nouvel an. Selon le bilan présenté à cette occasion, les actions de sa branche africaine ont représenté 30% de ses activités à l'international, soit en nombre, une progression de 41% comparé à l'exercice 2015. Au total c'est une cinquantaine d'événements qui ont été organisés par le comité Afrique avec comme cerise sur le gâteau, l'accueil de pas moins de 14 chefs d'État et de gouvernement du continent à l'occasion des différentes visites officielles qu'ils ont conduits à Paris. « L'Afrique, avec ses immenses opportunités, est le continent de tous les possibles », a souligné le président du MEDEF, Pierre Gattaz, qui n'a pas économisé les qualificatifs pour mettre en avant le potentiel qu'offre l'Afrique pour l'expansion à l'international des entreprises françaises. Au delà des taux de croissance et des secteurs traditionnels qui aiguisent l'appétit des investisseurs et entreprises internationales, le patronat français compte miser, à partir de cette année, sur de nouvelles niches où il y a encore de la marge. Il s'agit notamment des secteurs à haute valeur ajoutée des nouvelles technologies ou de l'adaptation au changement climatique ainsi que ceux de l'agroalimentaire et des villes intelligentes et durables. Des secteurs où « les entreprises françaises disposent d'un véritable savoir-faire exportable », selon le président du Comité Afrique du MEDEF, Patrice Fonlladosa, par ailleurs président de Véolia Afrique et Moyen-Orient. Surtout, la demande locale est assez importante à en croire les résultats des sondages et des besoins exprimés au niveau de certains pays notamment de l'Afrique de l'Ouest et de l'Est. En partenariat avec certaines associations professionnelles sectorielles relevant du MEDEF, des missions thématiques sont prévues au cours des prochains mois dans certains pays dont la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Niger ainsi que le Bénin, le Soudan, le Kenya ou la Zambie. Il s'agira, selon Patrice Fonlladosa, de « mieux faire connaître et de façon pragmatique, l'Afrique aux entreprises françaises ».

Stratégie de conquête

Conscient de la concurrence déjà rude qui se mène sur le terrain et surtout l'agressivité de certains prétendants notamment les entreprises des pays émergents comme la Chine, la Turquie, l'Inde ou le Brésil, la branche africaine du MEDEF International mise désormais sur une nouvelle approche pour accompagner les patrons français qui ont en ligne de mire le marché africain. Il s'agira d'abord de permettre aux investisseurs et entrepreneurs français de disposer d'une véritable force de frappe financière en s'appuyant sur certaines institutions comme l'Agence Française de Développement (AFD) ou l'Union Européenne. Avec l'AFD, qui a récemment dévoilé un renforcement de ses interventions sur le continent pour les prochaines années avec une enveloppe financière plus consistante, l'UE sera fortement mise à contribution afin qu'elle puisse accélérer ses processus de décaissements mais aussi permettre aux entreprises françaises de prendre plus de parts dans les différents appels d'offres qu'elles lancent à travers le continent. Comme argument pour Bruxelles, le patronat français entend renforcer ses partenariats avec des entreprises d'autres pays de l'Union ainsi qu'avec les fédérations sectorielles européennes.

Offre à "la chinoise"

Cependant, l'arme de conquête qui parait efficace dans cette nouvelle offensive française sur le continent, c'est la demande fortement exprimée par les patrons français pour l'intégration de certains critères dans les appels d'offre des institutions de développement françaises ou européennes. Ces critères qui se réfèrent à plusieurs éléments qualitatifs comme la RSE visent à écarter de la course les entreprises concurrentes notamment des pays émergents qui ont d'autres arguments à faire valoir. D'après les résultats d'une enquête réalisée pour juger de l'efficacité de cette stratégie, elle s'est avérée payante. Sur 25 cas étudiés, les pays émergents ont été disqualifiés et les offres françaises ont recueillis un succès en raison d'un prix moins onéreux sur le long terme et surtout la consistance de certains critères intégrés comme la formation, l'emploi ou le contenu local. Des arguments imparables qui ont permis aux entreprises françaises de séduire les bénéficiaires des projets et donc d'agrandir leurs parts de marchés. Avec certaines institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, qui ont déjà intégrés certains de ces critères, les patrons français ont trouvé de quoi faire face à la concurrence internationale.

Sauf que cette stratégie a de fortes ressemblances avec celle de la Chine qui a balisé son offensive avec une offre "tout en un" c'est à dire financement et main d'oeuvre (élément supplémentaire relativement à l'offre française) chinoise pour tous la plus part des grands projets que le pays a exécuté en Afrique.

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