La Tunisie veut se mettre à l’heure africaine

Le Chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, effectuera du 24 au 27 janvier, une visite officielle dans trois pays africains en compagnie d’une importante délégation d’hommes d’affaires du pays. En quête de nouveaux débouchés, la Tunisie entend insuffler une nouvelle dynamique à ses échanges avec les pays du continent dans un marché déjà très concurrentiel.
La tournée du Premier ministre tunisien Youssef Chahed commencera à Khartoum le 24 janvier

La Tunisie se tourne vers l'Afrique avec de nouvelles ambitions. Du 24 au 27 janvier, le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed, effectuera une visite dans 3 pays africains, le Soudan, le Niger et le Burkina Faso. « La visite aura un caractère purement économique » ont annoncé les services de la primature tunisienne pour planter le décor. La délégation tunisienne est d'ailleurs composée d'une centaine d'hommes d'affaires représentants les principales organisations entrepreneuriales (UTICA, TABC, CONECT,...) du pays pour des missions d'exploration mais aussi des forums de coopération économique dans chacun des pays visités. C'est ainsi, au cours de chacune des étapes de la tournée et en marge des activités officielles, se tiendront des forums économiques et de partenariat  notamment le 25 janvier à Khartoum,  le 26 à Niamey et le 27 à Ouagadougou.

Les rencontres serviront de plate-forme pour des contacts BtoB entre opérateurs dans le but de nouer ou de promouvoir des partenariats économiques entre les entreprises tunisiennes et leurs homologues des pays visités. Selon les organisateurs de la mission, le programme prévoit également la signature de plusieurs conventions et accords commerciaux dans différents domaines notamment l'agro-alimentaire, le BTP, les infrastructures, les télécommunications, ou l'enseignement et la formation.

Rattraper le temps perdu

A travers cette nouvelle initiative, la Tunisie entend donc se greffer à la vague des offensives économiques et commerciales à destination des pays africains, qui est devenue, ces derniers temps, la mode par excellence. Ce n'est d'ailleurs pas la première initiative du genre puisqu'en 2016, plusieurs missions sectorielles de prospection ont été menées par des entreprises tunisiennes dans différents marchés africains notamment au Cameroun, au Gabon ou en Côte d'Ivoire. D'autres seront également prochainement au Mali et dans des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale avec comme principaux objectifs, de prospecter les opportunités d'investissements mais aussi de nouer et de consolider des partenariats commerciaux avec les hommes d'affaires et économiques avec les officielles.

Cette nouvelle ambition africaine de la Tunisie, dont l'économie peine à sortir de la crise post-printemps arabe, s'explique aussi par le besoin des investisseurs du pays d'accéder à de nouveaux marchés prometteurs. Jusque-là, en effet, la Tunisie ne s'est particulièrement intéressée qu'au marché européen qui absorbe la majorité de ses produits alors que le reste de ses échanges est partagé entre la Lybie ou l'Algérie.  Dans le contexte actuel marqué par la faiblesse de la demande européenne et la crise politique et sécuritaire que connait le marché libyen, la piste africaine s'est imposée d'elle-même au vue des multiples opportunités de croissance qu'elle offre. La Tunisie ne part pas de zéro puisqu'elle a été à une époque, un important partenaire pour certains pays africains avec qui elle avait des relations politiques et culturelles assez solides. Il ne s'agit pourtant que d'une époque nostalgique puisque cette présence s'est effondré au fil des années et le moins que l'on puisse dire, c'est que la Tunisie a raté le virage africain des années 2000 au détriment d'autres pays comme le Maroc.

Concurrence serrée

Avec ce retour annoncé depuis quelques années par l'ouverture de plusieurs lignes aériennes de la compagnie « Tunisair » qui dernièrement rehausser ses dessertes des villes africaines, les opérateurs du pays comptent rattraper son retard. Les hommes d'affaires tunisiens comptent pour ce faire sur le positionnement géographique du pays, la qualité de leurs produits notamment en matière de soins médicaux et de produits pharmaceutiques, et  aussi la présence dans certains pays de groupe tunisiens dans le conseil, l'expertise, l'agro-alimentaire et les BTP. La Tunisie peut aussi compter sur la présence dans d'autres pays, de filiales de banques tunisiennes notamment dans le secteur de l'Habitat. Autant dire un relais assez important mais qui en l'espèce risque de s'avérer insuffisant.

Le marché africain est en effet devenu un marché très concurrentiel où plusieurs investisseurs en provenance de pays développés ou émergents, sont déjà bien présent et n'entendent en aucun cas céder du terrain surtout à l'heure où la marge se réduit de plus en plus. Il va falloir compter sur d'autres leviers comme une pleine implication dans les affaires du continent en multipliant certes les missions de prospection mais aussi les échanges diplomatiques. Le pays ne dispose à l'heure actuelle que de moins d'une dizaine de représentations sur le continent, ce qui est très peu pour défendre les intérêts du pays surtout face à des concurrents aux énormes moyens financiers comme la Chine, l'Inde ou la Turquie pour ne citer que ceux-là.

C'est ce qui explique pourquoi, peut-être, que cette fois, c'est le chef du gouvernement tunisien en personne qui prend son bâton de pèlerin pour se porter en VRP des entreprises tunisiennes sur le continent...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.