Tarek Charef : "Il faut investir dans l'industrie en Afrique, et vite ! "

Champion industriel dans son pays, Tarek Charef est convaincu de l'urgence d'investir en Afrique. Le président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie, une des deux centrales patronales de la Tunisie, est pragmatique. Pour lui, « il faut se positionner maintenant en Afrique, toute l'Afrique, avant que les chinois s'accaparent tout » ! Le meilleur modèle pour lui, doit être basé sur un partenariat nord-africain/européen. Interview.
Mehdi Lahdidi
Tarek Charef, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie, une des deux centrales patronales du pays,

De plus en plus de fonds disent soutenir l'implantation de sociétés tunisiennes en Afrique. Parle-t-on d'implantation réelle ou juste de représentations commerciales...

L'investissement des entreprises tunisiennes en Afrique sub-saharienne est une réalité aujourd'hui. Moi-même, je suis dans ce cas de figures. Avec des partenaires européens, j'ai des usines dans le contient. Et je ne suis évidemment pas le seul. Cela se fait de plus en plus. Nos amis en Afrique ou au moyen orient cherchent à créer des usines dans leurs régions. Ils veulent en avoir de plus en plus chez eux. L'industrie est ce qui crée la richesse et les emplois. Ils veulent être moins en positions d'importation de produits finis, ce qui est parfaitement logique. Et il faut jouer le jeu avec eux, sinon il y a les chinois qui le vont le faire. C'est aussi simple que ça.

Mais les entreprises tunisiennes ont-elles la capacité de ces investissements, surtout après une crise qui a paralysé le pays depuis la révolution ?

Il y a une résilience économique en Tunisie. Nonobstant la situation difficile, beaucoup de grands groupes travaillent normalement sans être affectés. Évidemment, il y a d'autres acteurs, surtout petites et moyennes entreprises qui ont été impacté. Ce sont les grands et même moyens opérateurs qui ont permis à la Tunisie de continuer à exporter, et avoir une position intéressante pour l'Europe, tout en s'implantant en Afrique et en moyen orient. Il suffit de voir les chiffres de l'exportation des produits manufacturés.

Est-il indispensable d'avoir des partenaires pour s'installer dans ces pays ?

Il y a de plus en plus d'industriels tunisiens qui le font seuls. Mais la plupart le font avec des groupes européens. Evidemment, on a tendance à se focaliser sur l'Afrique de l'ouest pour des raisons historiques ou de langue, et de proximité. Mais on a également des tentatives heureuses en Afrique de l'est et en Afrique centrale. Par exemple, dans les secteurs de l'eau et de l'électricité, Steg internationale affiche des résultats incroyables dans ces pays. Il y a des personnes qui s'implantent pour créer des écoles, des facultés, des cliniques, etc. Et dans ces secteurs, je vois qu'il est préférable de faire des choses avec l'Europe, avec la France notamment. On peut installer des cliniques avec des staffs mixtes ou un staff tunisien et l'équipement français. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il n'y a pas qu'une seule voie. Mais on a intérêt à monter en rythme.

Le secteur des TIC est l'un des plus prometteurs en Afrique. Les entreprises tunisiennes s'y positionnent suffisamment selon vous ?

Je le vois au niveau de la CONECT (la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie); les sociétés de ce secteur qui sont membres de notre fédération sont plus présentes en Afrique et au Moyen Orient qu'en Tunisie. Le président du groupement TIC est quelqu'un qui  réalise 90 % de son chiffres d'affaires en Afrique subsaharienne et au Moyen Orient. Il ne génère que 10 % de son business en Tunisie. C'est une réalité. Comment il y arrive ? Il colle parfaitement à la demande de ces marchés, il a les ressources humaines nécessaires. Mais à l'origine, ces entreprises sont, dans la plupart des cas, des joint-ventures entre tunisiens et partenaires étrangers, souvent européens ou américains. Ils deviennent performants en combinant leurs connaissances.

Quel est donc le point fort de ces entreprises ?

Il faut dire que le Maroc et la Tunisie sont dans la même situation. La faculté d'adaptation de leurs entreprises sont plutôt impressionnantes. Vous pensez qu'il est facile de travailler en Lybie ? Envoyez des européens en Libye pour travailler, ils se ramasseront un échec monumental. Mais cela dit, la Lybie reste un des marchés des plus importants dans la région. Et si vous essayez d'y aller avec des tunisiens ou des marocains, vous avez beaucoup plus de chances de réussite. Et ce genre de marché existent partout en Afrique. Les entreprises ne peuvent pas les assurer seules. Il faut trouver un partenaire. Faire 50/50 c'est mieux que zéro.

Mehdi Lahdidi

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Commentaire 1
à écrit le 27/11/2016 à 18:41
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Tarek CHRIF et non Charef

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