Nigéria : la Banque centrale renforce le marché des devises avec 300 millions de dollars

Abuja vient d’injecter un peu plus de 300 millions de dollars dans son marché interbancaire des devises. Cette enveloppe répond aux demandes des opérateurs économiques dont les secteurs respectifs sont stimulés par la reprise du marché de devises, notamment au niveau des détaillants.
Amine Ater
Au cours des six derniers mois, la Banque centrale nigériane a enregistré des entrées de fonds équivalent à quelque 10 milliards de dollars.

La Banque centrale nigériane (CBN) vient d'injecter 306,3 millions de dollars dans le segment du commerce de détail interbancaire. Un coup de pouce que l'institution explique par la recrudescence des offres reçues par les courtiers et l'appréciation de la monnaie. Cette intervention de la CBN vient répondre aux demandes émanant d'opérateurs dont les secteurs sont stimulés par le regain du marché des devises.

Stabiliser le marché

La vente au détail représente selon la Banque centrale le gros de l'activité du marché. Un dynamisme que la Banque compte accompagner en planifiant un accroissement des liquidités injectées dans le marché en se fondant sur la demande de manière à maintenir la stabilité des opérations. Cette embellie a également poussé le management de la CBN a revendiqué «sa détermination à soutenir la liquidité sur le marché des changes et avoir veillé à ce que les pressions sur le marché soient levées par ses interventions en continu».

La Banque a par ailleurs indiqué avoir enregistré des entrées de fonds équivalent à quelque 10 milliards de dollars au cours des six derniers mois. Une manne collectée dans le cadre du programme Investors and Exporters (I&E) qui aurait permis de rétablir la confiance des investisseurs étrangers dans un marché nigérian qui a perdu de son attractivité suite à la crise des hydrocarbures. Un choc qui a entraîné une inflation et la fonte des réserves en devises de la CBN.

Un colosse aux pieds d'argile

Bien que le Nigéria dispose d'un marché fort de 180 millions de personnes connaissant une croissance annuelle moyenne de 3%, le tissu économique du pays n'a pas pu faire face aux contre-chocs de la baisse des cours du pétrole. Cette fragilité a poussé les autorités, notamment la CBN, à s'engager dans une diversification réelle de l'économie nigériane. Cette période a également été marquée par une guerre juridique larvée entre autorités fédérales et majors pétroliers, comme en témoignent les poursuites en cours concernant la sous-déclaration des exportations de bruts nigérians.

Avant l'explosion du secteur des hydrocarbures survenu dans entre les années 1960 et 1970, le Nigéria était le plus grand producteur et exportateur au monde d'huile de palme avec plus de 40% de parts de marché. Un «savoir-faire» abandonné au profit de l'exportation de pétrole, plus rentable et nécessitant moins d'efforts budgétaires, de formation et de R&D. Ce constat peut être appliqué à plusieurs autres secteurs d'activités qui ont été presque démantelés pour les mêmes raisons. Reste à savoir si cet attrait pour la diversification résistera à une éventuelle hausse des cours du pétrole.

Amine Ater

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