Kenya : l’incertitude politique assombrit les prévisions de croissance

Le Kenya vient de revoir à la baisse ses perspectives de croissance pour l’année 2017. En cause, l’incertitude politique qui prévaut dans le pays et une campagne agricole moins reluisante que prévu, alors que la situation sociale est encore assez tendue. De l’issue du processus électoral toujours en cours dépend en grande partie l’avenir de l’une des économies les plus dynamiques de l’Afrique de l’Est et du Continent.
La sécheresse enregistrée en début d'année a impacté la production du secteur agricole qui représente à lui seul 30% du PIB du Kenya.

Ce n'est pas encore le scénario catastrophe tant redouté, même si le climat politique risque de dégénérer à tout moment. Mais le gouvernement kényan n'a pas attendu que les agences de notation le devancent et a jugé prudent de réduire de lui-même ses prévisions de croissance économique pour 2017. La baisse est certes relativement faible, puisque le rythme de progression projeté passe de 5,9 à 5,5%, mais cela donne déjà une idée des difficultés auxquelles le pays commence à faire face.

La baisse des perspectives de croissance s'explique par une campagne agricole  moins reluisante que prévu et surtout par l'incertitude politique dans laquelle le pays est plongé depuis l'annulation par la Cour suprême du scrutin présidentiel du 8 août dernier. C'est en tout cas ce qu'a confirmé à Reuters, le secrétaire général du ministère des Finances, Kamau Thugge, qui a fait cas d'une sécheresse qui a sévi dans le pays en début d'année avec des conséquences négatives sur la production agricole qui représente plus de 30% du PIB kényan.

C'est surtout l'incertitude politique accompagnant l'attente d'un nouveau scrutin présidentiel prévu le 17 octobre prochain qui assombrit les perspectives de croissance du Kenya. En plus du report de certains projets d'investissements stratégiques, le crédit bancaire s'est également contracté de 4%. Les investisseurs et les banques estiment en effet qu'il est plus prudent de ne pas prendre trop de risques en attendant que la situation politique se stabilise. Le Kenya a eu par le passé plusieurs périodes de violences post-électorales.

Cure d'austérité

Les finances publiques du pays ne sont également pas épargnées par les conséquences de la situation politique, puisque le Trésor va devoir sortir quelque 12 milliards de shillings destinés à la reprise de l'élection présidentielle. L'enveloppe n'a pas été budgétisée dans la loi de finances en cours, alors même que les caisses de l'Etat sont loin d'afficher une bonne mine en raison de la conjoncture économique ambiante. Les activités économiques tournant presque au ralenti, les recettes fiscales et douanières ont aussi accusé une baisse significative, amplifiant les tensions sur le budget de l'Etat.

Afin de faire face à ces charges, le gouvernement a annoncé une série de mesures d'austérité. Les dépenses non essentielles ont ainsi été annulées, certains investissements publics gelés et le train de vie de l'Etat réduit. Les missions des fonctionnaires, tant à l'intérieur qu'à l'étranger, ont été par exemple encadrées dans de nouvelles et rigoureuses conditions.

Le prochain scrutin qui va de nouveau opposer le président sortant Uhuru Kenyatta et l'opposant historique Raila Odinga s'annonce plein d'incertitudes pour le pays. Les principales agences de notations internationales, ayant déjà placé les perspectives du pays en catégorie négative ou spéculative, ont avertit que de l'issue de ce nouveau scrutin déprendra la prochaine note souveraine du pays. Le défi est de taille pour le Kenya.

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