Egypte / conjoncture : l’économie respire, le citoyen trinque

Un an après l’entrée en vigueur des mesures d’austérité concoctées par le FMI, l’économie égyptienne semble reprendre des forces, notamment en terme de dépenses publiques. Une embellie loin d’être ressentie par l’égyptien moyen qui doit faire face à une inflation de 30%.
Amine Ater

L'économie égyptienne semble reprendre des couleurs, à l'image du déficit budgétaire du Caire qui a atteint son niveau le plus bas depuis 5 ans. Il s'agit là de la première amélioration notable des finances égyptiennes depuis la mise en œuvre du plan de relance imposé par le Fonds monétaire international (FMI) en novembre 2016.

Premiers fruits de l'austérité

Selon le bureau de la présidence, l'écart budgétaire s'est chiffré à 10,9% du PIB au 30 juin dernier, pour 12,5% lors de la même période en 2016. Le déficit primaire, une mesure qui ne tient pas en compte des paiements d'intérêts est pour sa part passé de 3,5% à fin juin 2016 à 1,8% du PIB en 2017. Cette amélioration des finances égyptiennes vient après les coupes qui ont touché les subventions, l'introduction de taxes sur la valeur ajoutée et le gel des salaires du secteur public.

Cette batterie de mesures, bien qu'impopulaire, notamment la libéralisation de la monnaie a permis de rétablir la confiance des investisseurs et de débloquer 12 milliards de dollars de prêts de la part du FMI. Une « réforme » forcée qui a débouché sur une dévaluation de la livre, qui a accusé une baisse de 50% de sa valeur et asphyxié le pays durant quelques mois causant au passage une pénurie de produits de consommation de base.

Une embellie qui ne touche pas la masse

Une situation qui semble dépassée vu le rebond des réserves en devises du pays enregistré en juillet dernier. La présidence a par ailleurs déclaré une augmentation de 4,1% des réserves de changes pendant l'année fiscale 2016 et de 4,9% au quatrième trimestre 2017. Le déficit commercial a pour sa part diminué de 26%, les exportations ont connu un rebond de 10% et les importations ont enregistré une baisse de 14%. Côté revenus, la croissance est également de retour avec 28%, alors que les dépenses ont augmenté de 22%.

D'ailleurs, le gouvernement s'apprête à supprimer les subventions sur le carburant et d'électricité. Une mesure qui permettrait à terme d'atteindre un excédent budgétaire primaire et de maintenir le déficit global à 9,1% du PIB. Bien que les réformes voulues par le FMI aient permis une réduction des dépenses publiques, « ces progrès » sont loin d'être palpables pour les 93 millions de citoyens égyptiens, dont la moitié vit sous le seuil de pauvreté et qui sont confronté à une inflation de près de 30%. Par peur de retomber dans une spirale de violence semblable à celle de 2011, les autorités ont maintenu le programme de cartes de rations, qui subventionne à hauteur de 75% les denrées alimentaires pour plus de 75% de la population.

Amine Ater

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