Nigeria : une inflation record des produits alimentaires en 2018 ?

Les prévisions sont mauvaises pour les ménages du pays le plus peuplé d’Afrique en 2018. Le coût de l'alimentation sera très élevé au Nigeria l’année prochaine prévient un expert sur les colonnes du quotidien nigérian Daily Sun. Toutefois, cette inflation en vue, imputée à une absence de politique agricole n’inquiète pas tout le monde au Nigeria. Certains spécialistes sont plutôt moins pessimistes. Explications.

Une mauvaise nouvelle pour les ménages nigérians. Les prix des denrées alimentaires qui sont déjà très élevés, pourraient connaitre une inflation extrême. Une envolée phénoménale imputée à la faible production alimentaire au niveau mondial alors que la demande en nourriture explose. D'autres facteurs, seraient également à l'origine de cette difficile situation en vue au Nigéria. Selon directeur général adjoint de Peniel Gerard International Limited, Ojiefoh Enahoro Martins, le secteur agricole nigérian qui a un système foncier obsolète qui limite l'accès à la terre, est troublé sur de nombreux fronts.

Absence de politique agricole?

Au Nigéria, seulement 1% des terres cultivables est sous irrigation. A ce taux faible d'irrigation, il faut ajouter le coût élevé des intrants agricoles, l'accès insuffisant au crédit, l'achat et la distribution inefficaces d'engrais. Et ce n'est pas tout car l'accès insuffisant aux marchés combiné aux installations de stockage inadéquates font que la productivité agricole est très faible dans le pays d'Afrique de l'ouest. Cette faible productivité est marquée par des pertes élevées et des déchets énormes après récolte. D'autres défis qui peuvent entrainer une faible production agricole au Nigeria l'année prochaine : le pays dispose peu de pistes agricoles pour acheminer les récoltes vers les marchés intérieurs et les usines de transformation. De plus, avec les attaques incessantes des djihadistes, notamment celles de Boko Haram, les transporteurs craignent pour leur vie. Résultats ? Plusieurs récoltes périssent dans les fermes.

Selon le directeur général adjoint de Peniel Gerard International Limited, Ojiefoh Enahoro Martins, cité par le quotidien nigérian, le Nigeria est sûr de se confronter à une pénurie alimentaire l'année prochaine parce que le gouvernement manque de vision politique en matière de développement agricole. A cet égard, Ojiefoh estime que « 90% des agriculteurs ne peuvent pas accéder aux semences de bonne qualité » et les fonds alloués aux agriculteurs sont entre les mains des grands producteurs.

Tout le monde n'est pas d'accord

Le spécialiste ajoute un autre facteur « bloquant » : « les produits agro-chimiques importés et vendus aux agriculteurs ne sont pas contrôlés ». Seulement, tous les spécialistes ne partagent pas le pessimisme de Ojiefoh. Interrogé lui aussi par le quotidien nigérian, le directeur général de Wilstoun Foods, Chukwuemeka Wilson, est pour sa part moins pessimiste. Selon Chukwuemeka Wilson « il n'y aurait pas de hausse de prix probable en nourriture l'année prochaine, car de nombreuses personnes investissent maintenant dans l'agriculture. Le seul problème auquel les agriculteurs sont actuellement confrontés est le problème des inondations qui affecte les terres agricoles dans le pays ».

Les États de Borno, Kaduna, Plateau, Kwara, Benue, Anambra, Rivers et Ondo sont actuellement confrontés à une humidité sévère et extrême. Si au Nigéria le risque d'inflation l'année prochaine divise les spécialistes, il est certain que le coût de la vie dans la première puissance africaine reste très élevé.

Pour baisser les prix des aliments et réduire les pertes et les déchets post-récolte, le Nigéria doit se doter impérativement d'un plan directeur agricole, prévient le directeur de Peniel Gerard International Limited. Selon Ojiefoh, ce plan devrait débuter par la fourniture de semences améliorées, de bonnes infrastructures et une bonne formation des agriculteurs. Les techniques agricoles des producteurs devraient également être modernisées et parallèlement, un marché bien structuré et des sites de stockages sont aussi nécessaires pour les agricultures, a conclu Ojiefoh.

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