Maroc : les perspectives de croissance revues à la hausse

Après des estimations de 3,5% en début d’année, les perspectives de croissance de l’économie marocaine pour l’année 2017 viennent d’être légèrement revues à la hausse par le Haut commissariat au plan (HCP). Cette année tout comme pour 2018, les nouvelles projections tablent sur un taux de 4% dans le sillage de la reprise de l’économie mondiale qui s’annonce plus vigoureuse sur la même période. Le HCP n’a toutefois pas occulté certains facteurs qui handicapent encore le potentiel de l’économie marocaine et a réitéré ses recommandations pour l’amélioration de la compétitivité et la diversification de l’économie marocaine à travers des réformes dont certaines seront douloureuses à faire passer.

L'économie marocaine retrouve des couleurs. Après une mauvaise année 2016 où la croissance n'a cru que de 1,6%, les perspectives pour les prochaines années s'avèrent plus reluisantes. Les prévisions de croissance pour l'exercice 2017 viennent même d'être revues à la hausse par le Haut commissariat du plan (HCP), le principal organisme national chargé de la production des statistiques économiques.

« Les prévisions de croissance économique pour l'année en cours, établies initialement dans le budget économique prévisionnel publié au mois de janvier dernier sont révisées à la hausse sous l'effet des bons résultats de la campagne agricole 2016-2017 et de la conjoncture nationale moyennement favorable dans laquelle évoluent plusieurs activités marchandes » a expliqué Ahmed Lahlimi, le haut commissaire au plan lors d'une conférence de presse, mercredi 6 juillet à Casablanca, sur la présentation de la situation économique nationale en 2017 et ses perspectives pour 2018.

Présentant les détails de l'évolution des différentes composantes de la croissance du PIB marocain, le responsable du HCP a notamment souligné le bon comportement de  la consommation des ménages marocains. Elle serait ainsi restée, depuis 2008 et quel que fût le niveau de croissance économique, dans la fourchette de 4% en moyenne annuelle. « Cette amélioration de la consommation conforte les résultats de toutes les enquêtes qui révèlent une baisse au Maroc de toutes les formes de pauvreté, au cours de cette période » a  mis en exergue Ahmed Lahlimi qui n'a pas manqué toutefois de relever que ces mêmes enquêtes relèvent et d'une manière récurrente, « la perception par les citoyens d'une prévalence de la pauvreté dans leur milieu ». Il s'agit selon le Haut commissaire, d'un stress social inhérent aux périodes de transition notamment démographique et économique que connait actuellement le Maroc. A l'endroit des décideurs politiques, il a plaidé pour  la consolidation de la baisse de la pauvreté par celles des inégalités et la cohésion sociale par la réduction des facteurs du stress social.

Conjoncture nationale et mondiale favorable

Selon le HCP, le regain de dynamisme de l'économie marocaine s'explique en grande partie par le bon comportement de l'économie mondiale mais aussi de certaines composantes du PIB national. « Dans un contexte international invitant plutôt à l'optimisme, notre économie nationale devrait améliorer ses performances et continuer à subir l'effet de ses déficits structurels » a souligné le Haut commissaire au plan qui s'attend également à ce que le rythme de croissance de 4% soit maintenu en 2018.

Au niveau interne, c'est le secteur agricole qui devrait contribuer à porter la valeur ajoutée du secteur primaire à 13,9% en 2017, après une baisse de 11,3% en 2016 et sa contribution au PIB à 1,7 point, au lieu d'une contribution négative de 1,4 point, une année auparavant. Les activités non agricoles, en revanche, devraient continuer à s'inscrire dans leur sentier de faible croissance avec 2,5%, après 2,2% en 2016, loin du rythme moyen de 4% connu durant la période 2008-2011. Leur contribution à la croissance économique globale serait ainsi de 1,9 point en 2017, au lieu d'une moyenne annuelle de 2,8 points au cours des 10 dernières années selon les prévisions du HCP. « Avec une part du secondaire restée pratiquement stable à 35% de la valeur ajoutée non agricole, dénotant leur faible diversification, les activités non agricoles constituent le véritable talon d'Achille de l'économie nationale » a mis en cause le premier responsable du HCP.

« En attendant que les investissements dans les infrastructures économiques et sociales et les réformes de structure donnent leur plein effet, en termes d'attractivité vers les secteurs productifs des capitaux privés, en particulier nationaux, et contribuent, ainsi, à apporter cette nécessaire diversification des activités non agricoles et la non moins nécessaire augmentation de leur compétitivité, le niveau de croissance de l'économie nationale continuerait à rester dépendant de la pluviométrie tournant autour de 2% en cas de mauvaises années agricoles, et de 4%, dans les cas contraires ». Ahmed Lahlimi

Réformes économiques

La croissance marocaine reste donc encore trop dépendante du ciel même si ces dernières années, les autorités marocaines soutiennent une atténuation de cette dépendance à la pluviométrie, à travers notamment du lancement de plusieurs stratégies sectorielles et des réformes économiques. « Le faible niveau de diversification et de compétitivité de l'offre nationale se retrouve au cœur des fragilités de la demande laquelle continuerait à être le moteur de la croissance économique nationale » tempère toutefois le haut commissaire. Selon lui, ce handicap que traîne comme un boulet l'économie marocaine, « continuerait à réduire par ses effets les opportunités d'emploi et de revenu, accentuerait la dépendance de la demande intérieure des importations et constituerait, l'une des sources dont s'alimentent les équilibres intérieurs et extérieurs du pays et l'un des facteurs à l'origine de la persistance de ses déficits sociaux ».

Dans son analyse de l'évolution de l'économie marocaine, le HCP a mis en exergue l'impact de la faiblesse de compétitivité du tissu productif national notamment dans le déficit structurel de la balance commerciale des biens et services. C'est ce déficit qui est à l'origine de l'accentuation devenue structurelle, depuis 2010, du besoin de financement de l'économie marocaine d'après HCP.

Comme à chaque fois qu'il fait face à la presse ces dernières années, Ahmed Lahlimi, ancien ministre socialiste en charge des questions économiques, a de nouveau insisté sur l'urgence d'accélérer le rythme des réformes structurelles  destinées à renforcer le dynamisme de l'économie marocaine. « Des réformes qui devrait viser à éliminer  toutes les menaces latentes, aussi bien dans notre tissu économique que dans nos finances publiques, dans le système de valorisation de nos ressources humaines que dans notre mode de gouvernance nationale et régionale » a détaillé Lahlimi. Selon lui, c'est d'ailleurs à l'aune de ces réformes que seront évalués, « la solidité des fondamentaux macro-économiques, la stabilité financière et les performances des politiques publiques ».

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