Gabon / Austérité : la chaotique distribution des bons de caisse fait enfler la polémique

Si le gouvernement gabonais voulait montrer le poids des effectifs de fonctionnaires dans la fonction publique, l’opération est un succès. Une pagaille monstre s’est formée au stade de l’Amitié sino-gabonaise de Libreville, un des sept sites choisis par le gouvernement pour entamer la distribution des bons de caisse pour le paiement des salaires. Sous prétexte de « chasse aux fonctionnaires fantômes ou double salariés» et de cure d’austérité, ce quitus sera désormais obligatoire pour les fonctionnaires qui envisagent d’empocher leur paie.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : DR)

A Angondje, le Stade de l'Amitié sino-gabonaise - plus de 40.000 places- pris d'assaut par un public autre que des supporters de l'équipe nationale. Cette scène devrait s'observer du 17 au 25 juillet prochain, dans les six autres points de distribution des bons de caisse pour les fonctionnaires.

Jeu de couleurs pour détecter les fonctionnaires fantômes

Depuis ce mardi 17 juillet, en application des mesures d'assainissement du «fichier salarial» de la fonction publique, le gouvernement ne paiera plus les fonctionnaires que sur présentation de bon de caisse, ce quitus délivré avant le versement de tout salaire. Et les autorités se sont exercées au jeu des couleurs.

Le bon de caisse bleu servira aux agents payés aux guichets du Trésor public. Celui de couleur rose est destiné pour les agents en présalaire régulièrement payés aux guichets du Trésor public et le vert pour les fonctionnaires bancarisés. Cette mesure est destinée à détecter les fonctionnaires fantômes, ceux qui toucheraient un double salaire. Dans le même temps, en exécution des recommandations d'austérité du FMI, le gouvernement gabonais a décidé de réduire la masse salariale de la fonction publique en ponctionnant les salaires supérieurs à 650.000FCFA.

Résultat, la vérification de l'effectivité de la mesure conjuguée à l'empressement de toucher le salaire, ont conduit à des longues files dans les points de collecte des bons de caisse. Entre bousculades, disputes, mal organisation, une pagaille monstre s'est installée dans les points de récupération des bons. Une distribution qui devrait prendre fin le 25 juillet prochain et laisser place aux réclamations et recours des cas litigieux.

La polémique enfle

A l'analyse, si le gouvernement gabonais voulait prouver l'effectif important de fonctionnaires, lui qui s'appuie sur cet argument pour justifier pour une réduction du poids des salaires dans le budget de l'Etat, la démonstration est un succès. Près de 50.000 fonctionnaires se sont pressés pour récupérer leur quitus de paie. Seulement la mise en place d'une telle mesure alimente la polémique.

A l'allure ou va la distribution, les fonctionnaires vont-ils tous recevoir leur bon de caisse pour être payés à temps ou faudra-t-il un délai de prolongation pour éviter les risques de grève ? Au-delà comment dans un pays de 1,8 million d'habitants, le gouvernement ne soit pas capable de mettre en place un système suffisamment numérisé et sécurisé pour une identification des «vrais» fonctionnaires ?

La polémique enfle. L'on commence à entendre la clameur d'une protestation contre cette «humiliation» des fonctionnaires lorsque l'on ne souligne pas une « suppression de leurs acquis sociaux». D'autres se livrent à des parallèles inattendus. Une internaute gabonaise de la diaspora lance sur Twitter : « Triste contraste entre Ali Bongo qui est allé se divertir à Moscou aux frais du contribuable et ce dernier qui doit attendre dans un stade pour être payé sous le soleil par bon de caisse parce que les caisses de l'Etat sont vides ».

Ibrahima Bayo Jr.

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