Acculé par la pénurie de devises, l’Angola révise son régime de change

Le nouveau président angolais Joao Lourenco semble décidé à rompre avec la vision économique de son prédécesseur, Eduardo dos Santos. Après avoir mené une «purge» contre les proches de son prédécesseur dans les entreprises publiques et les organes de décision économique, le nouveau président s’attaque au régime de change qu’il compte détacher du dollar avant la fin de ce trimestre.
La réforme du régime de change du kwanza, annoncée par la Banque centrale angolaise, sera effective avant la fin du premier trimestre de 2018.
La réforme du régime de change du kwanza, annoncée par la Banque centrale angolaise, sera effective avant la fin du premier trimestre de 2018. (Crédits : Reuters)

Pris à la gorge par une pénurie de devises, l'Angola se prépare à abattre le rattachement de la monnaie nationale (kwanza) au dollar avant la fin de ce trimestre. Annoncée par Jose de Lima Massano, gouverneur du Banco Nacional de Angola, cette mesure devrait s'accompagner par la mise en place d'une «bande» dans laquelle la monnaie sera échangée.

40% de la valeur du kwanza perdus depuis 2014

Le taux de change sera ainsi déterminé lors des enchères en devises organisées par la Banque centrale avec des prêteurs, a précisé le régulateur dans un communiqué. «Nous avons un taux de change qui ne reflète pas la réalité. La possibilité d'une dépréciation de la monnaie est envisageable», a alerté le gouverneur de la Banque centrale. Cette décision s'inscrit dans la feuille de route dressée par le président Joao Lourenco qui donne la part belle aux réformes visant à soutenir la croissance du deuxième exportateur de pétrole du Continent.

Le successeur de Jose Eduardo dos Santos doit remettre en marche une économie angolaise sérieusement affectée par la baisse des prix du pétrole brut de 2014, alors que ses réserves de changes avaient déjà entamé leur chute depuis 2010. Cette réforme du régime de change vise justement à remettre à flot les réserves de devises. La Banque centrale définira ainsi des limites de taux de change minimum et maximum, ce qui lui permettrait de gérer le marché des devises tout en garantissant la viabilité des comptes extérieurs et la stabilité des prix.

Luanda a pour rappel vu sa monnaie perdre plus de 40% de sa valeur depuis le crash des prix de pétrole. Il n'empêche que le kwanza resterait encore surévalué, selon les analystes de Bloomberg. La monnaie a atteint en avril 2016 la barre des 166 kwanzas pour un dollar sur le marché officiel, contre 430 pour un dollar sur le marché noir, ce qui avait entraîné une campagne de répression des autorités contre les commerçants de devises opérant sur le marché noir.

Le recours aux obligations, également envisageable

Les réserves de change étaient de 14,2 milliards de dollars en novembre dernier, contre 15,4 milliards en octobre, ou encore contre 20 milliards au début 2017, selon la Banque centrale. Cette situation a débouché sur une pénurie de dollars qui a notamment impacté des centaines d'entreprises qui emploient des travailleurs étrangers et se fournissent à l'international. En réaction, l'Angola a imposé des limites de transfert de devises à l'étranger pour endiguer les sorties de capitaux.

L'Angola cherchera prochainement à renégocier sa dette de manière à alléger son poids sur les finances publiques. Le ministre des Finances, Archer Mangueira, a fait savoir qu'il serait prêt à émettre plus de titres de dette, «si le besoin s'en fait sentir ». Le gouvernement précédent avait déjà entamé des négociations avec les banques en août dernier pour lever 2 milliards de dollars en obligations.

«Nous développons des efforts pour renégocier notre dette avec nos principaux partenaires en 2018. La dette extérieure du pays est de 38 milliards de dollars et la renégociation des échéances et des taux d'intérêt du passif est une priorité», a expliqué le ministre des Finances en marge de l'annonce du changement de régime de change. La majeure partie de la dette extérieure de l'Angola prend la forme de prêts bilatéraux accordés par des pays comme la Chine plutôt que par des euro-obligations.

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