Kenya : début de mandat économique périlleux pour Kenyatta

Fraichement réélu à la tête du Kenya, Uhuru Kenyatta doit encore faire face à l’irrédentisme de son principal opposant Raila Odinga, qui ne reconnaît toujours pas les résultats officiels. Un blocage politique qui fait craindre pour l’économie du pays, qui doit déjà faire face à la hausse des déficits budgétaire et qui peine à maintenir sa dette à un niveau soutenable.
Amine Ater

Conforté par les résultats officiels de la présidentielle, Uhuru Kenyatta s'apprête à mener un second mandat, où à court terme il devra réussir à légitimer l'action de son administration. En effet, son principal opposant, Raila Odinga, ne reconnaît toujours pas le score de 44,47% des votes contre 54,27% pour Kenyatta et maintient la pression dans la rue et dans les tribunaux, malgré la répression des forces de sécurité.

La croissance fait du surplace

Les troubles actuels ne doivent pas reléguer au second plan, les défis économiques qui attendent Kenyatta pour ce second mandat. Le président réélu devra faire face à une baisse de la croissance, la hausse des dépenses publics et un taux de chômage qui dépasse les 40%. Toutefois, l'économie kényane s'est indéniablement imposée en Afrique de l'Est lors du premier trimestre 2017, avec une croissance de 5,7%, grâce aux retombées tirées de nouvelles liaisons routières et ferroviaires, conjuguées à la baisse des coûts du carburant.

Néanmoins, la sécheresse et le ralentissement des crédits bancaires sont autant de freins à la croissance et aux recettes fiscales. Ce qui devrait compliquer la tâche au gouvernement au moment de rembourser les prêts qu'il a contracté pour financer la nouvelle infrastructure du pays, alors que l'une des principales promesses électorales de Kenyatta porte sur l'amélioration des conditions de la moitié des 47 millions de kényans dont une grande partie survit avec moins de 2 dollars/jour.

Une dette de moins en moins soutenable

Selon les analystes de Standard Chartered, « la priorité pour Nairobi est de soutenir la croissance à court terme, tout en clarifiant une feuille de route pour une consolidation budgétaire significative ». Pour ce qui est de la dette, Standard Chartered estime que sa soutenabilité est liée au renforcement de la croissance. Moins cette dernière est forte, plus la dette publique serait susceptible d'atteindre des niveaux intenables. Le gouvernement est pour sa part moins alarmiste et prévoit une croissance de 5,5% en 2017, contre 5,7% en 2016.

Du côté de la dette publique, cette dernière est passée à 54% du PIB, alors qu'elle se situait à moins de 40% en 2008. Le déficit s'est pour sa part établi à 10% du PIB. Le ralentissement de l'économie lors de la période électorale à cause des troubles qui auraient fait 100 morts selon l'opposition et 24 victimes selon la Commission nationale des droits de l'Homme (des bilans réfutés par la police) devrait également impacter négativement l'expansion économique du pays.

Assainir les dépenses publiques ou tenir ses promesses électorales

L'absence de toute mesure d'austérité dans le programme de Kenyatta inquiète également les marchés internationaux sur l'évolution de la dette kényane. D'ailleurs, le président réélu s'est engagé à maintenir l'effort d'investissement dans les infrastructures, à élargir l'accès aux soins et à l'éducation ou encore à créer 1,3 million d'emplois/an. Des promesses dont la mise en œuvre reste tributaire d'une restriction du déficit budgétaires.

Selon des économistes de Bloomberg Intelligence, ces promesses électorales risquent de ne pas se transformer en réalisations vu que Kenyatta a la possibilité de revoir à la baisse ses plans de dépenses. Il ne compte pas briguer un nouveau mandat. Selon cette analyse, bien que le Kenya subit moins de contraintes fiscales en comparaison à des pays comme le Ghana et la Zambie, son déficit budgétaire le rend encore plus vulnérable à tout ralentissement économique.

Amine Ater

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