Burkina Faso : détournement de dizaines de milliards par des agents publics

Un rapport de l'Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption, remis le 29 mai en main propre au président burkinabé Roch Mark Christian Kabore, met à jour une série de malversations financières portant sur pas moins de 31 milliards de Fcfa. Plusieurs structures et entités dont la présidence de la République, ont été épinglées.
Cette affaire des malversations fait les choux gras de la presse locale, depuis qu'elle a été révélée ce lundi 29 mai par l'autorité anti-corruprtion burkinabé.

C'est l'affaire de corruption la plus accablante dans le pays, depuis la chute de l'ancien président burkinabé, Blaise Compaoré, renversé par une insurrection populaire en octobre 2014. Menée par l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et ses collaborateurs, l'enquête est le fruit de nombreux audits et investigations dans 28 établissements.

«Dans ce rapport, vous avez des contrôles post-insurrection. Vingt-huit entités ont fait l'objet d'investigations et l'audit des lotissements à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Onze structures ont été auditées», a déclaré Luc Marius Ibriga, contrôleur général de ASCE-LC, à la presse locale après son entretien le 29 mai avec le président de la République du Burkina Faso.

La Présidence épinglée

D'après Ibriga, la somme des malversations est estimée à 31,144 milliards de francs CFA. Une affaire de corruption a sommet qui toucherait presque tous les services de l'Etat. D'ailleurs, parmi les structures épinglées par l'ASCE-LC et les inspections techniques des services de l'Etat, figure la Présidence du Faso, pourtant censée montrer l'exemple en matière de bonne gestion et de gouvernance sobre et vertueuse. L'enquête menée au Palais révèle que de nombreuses règles ont été transgressées. Et par la même occasion, elle note de nombreux manquements.

 «On ne peut pas être à la Présidence du Faso et ne pas avoir une comptabilité en bonne et due forme», s'indigne le contrôleur général.

Et Luc Marius Ibriga d'ajouter : «C'est dire qu'on ne sait même pas quelles sont les personnes, quels sont les biens de la Présidence du Faso. De la même façon, on ne peut pas être à la Présidence du Faso et faire travailler des prestataires sans contrat. Vous ne pouvez pas non plus donner la gestion des comptes de dépôts à des personnes qui ne sont pas des comptables».

Impunité totale

A l'origine de ces malversations, une gestion procédurale de la finance publique, selon le rapport qui dénonce en même temps d'autres lenteurs au niveau du traitement de certains dossiers dits «sensibles», en l'occurrence ceux des crimes économiques. De nombreux cas de malversations ont été enregistrés dans les précédents rapports de l'organe suprême de contrôle administratif interne et de lutte contre la corruption. Mais la plupart des structures ou personnes épinglées ne sont toujours pas inquiétées par les juridictions du pays.

 «Nous sommes au regret de constater qu'il y a des dossiers introduits depuis 2009 qui, jusqu'à ce jour, sont en cours d'instruction», a estimé le corps de contrôle de l'Etat.

Ce dernier appelle par ailleurs à des réformes pour doter le Burkina d'un système de gestion plus efficace pour éradiquer la corruption et l'impunité ambiante au pays des hommes intègres. Néanmoins, les enquêteurs burkinabé se félicitent de la mise en place l'année dernière de pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières. Avec ces nouvelles armes, ils espèrent une gestion plus sobre et transparente des affaires liées à la corruption au Burkina Faso, classé par Transparency International,  84e pays le plus corrompu au monde en 2015.

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