Patrice Talon : « la dévaluation du Franc CFA appauvrirait l’Afrique »

Le Franc CFA est sans nul doute l’un des sujets les plus débattus en Afrique en ce moment. Patrice Talon, plaide contre la dévaluation du Fcfa. Le chef d’Etat béninois a soutenu qu’une dépréciation de cette monnaie va appauvrir systématiquement les pays africains.

Invité de l'émission de RFI « Le débat Africain », ce dimanche 16 avril, le Président Talon a expliqué que les économies dans les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont la devise est le Franc CFA, n'ont pas encore un niveau de production suffisante pour capter systématiquement les effets d'une dévaluation ou d'un ajustement monétaire.

« La dévaluation du Franc CFA va générer pour l'espace ouest-africain beaucoup de pauvreté et de misère dans une situation déjà assez difficile », a alerté le chef d'Etat béninois.

Quand Talon creuse le sillon de Biya

Une thèse déjà soutenue par son homologue Camerounais, Paul Biya. A l'issue du sommet de crise des pays de la communauté monétaire et économique des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC), à Yaoundé, le 22 décembre 2016, le Président Biya avait déclaré que « le Fcfa ne sera pas dévalué ». Une mise en garde à l'endroit du FMI et de la France alors que les pays membres de la CEMAC étaient dans une situation financière difficile.

La forte dévaluation opérée en 1994 et les conséquences intervenues dans la foulée, rappellent encore un souvenir douloureux. Le prix du Fcfa avait été divisé en deux et cela avait bridé la capacité des pays de la zone à exporter des produits finis. C'est dire que le scénario de la dévaluation demeure source d'inquiétude, d'autant que la dépendance du Fcfa à l'Euro est toujours perçue par beaucoup comme un gage de stabilité.

Mais pas de sortie du Fcfa

« Nous avons des pays qui ont pour principale production les matières premières, or le changement de parité n'a aucune influence sur les matières premières » a encore soutenu le Président Béninois avant de défendre l'arrimage du FCfa à l'euro alors que le débat autour de cette dépendance fait rage en Afrique en ce moment. Mais peu importe pour le Chef de l'Etat béninois qui estime que « le fait que le franc CFA soit en parité fixe avec l'Euros n'est pas un handicap ». Une conviction qui épouse la déclaration choc, « le Fcfa se porte bien », du Président ivoirien et Président en exercice de l'UEMOA,  Alassane Ouattara, au terme de la session extraordinaire des chefs d'Etat de l'Union le 10 avril dernier à Abidjan. Une vision également partagée à Yaoundé mais pas à Ouagadougou. Au pays des hommes intègres on se montre plus sensible à la mise à la retraite immédiate de la monnaie héritée de l'époque coloniale.

Pour Roch Marc Christian Kaboré, Président du Burkina Faso, le retrait du Fcfa du circuit économique africain permettrait aux pays de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) de réaffirmer leur indépendance. Seulement tout le monde n'est pas de cet avis dans son pays. Le président du Burkina a été récemment désavoué par son propre Premier Ministre. A la place d'une sortie, Paul Kaba Thiéba préconise des réformes structurelles. « Ma conviction est qu'il faut mettre en place des réformes structurelles pour créer une compétitivité hors prix avant de statuer sur l'avenir du franc CFA », a estimé vendredi dernier le Premier ministre devant les parlementaires burkinabé. Le débat est plus que jamais ouvert.

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Commentaire 1
à écrit le 18/04/2017 à 0:29
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