Dette souveraine : le Mozambique officialise son défaut de paiement

Dans une déclaration publique, les autorités mozambicaines ont avoué l'incapacité de Maputo à honorer le paiement des intérêts sur un emprunt souverain. Ceux-ci élevés à 59,7 millions de dollars découlent effectivement de 726,5 millions de titres émis par le pays en mars 2016 pour juguler sa crise.

Alors que l'annonce de la reprise de la coopération avec le FMI vers la fin 2016 avait donnée des espoirs, la crise au Mozambique ne risque pas encore de prendre fin et la situation se complique chaque jour. Le gouvernement vient d'annoncer dans un communiqué que le pays ne pourra pas payer les intérêts sur l'emprunt souverain. « Le ministère de l'Economie et des Finances du Mozambique souhaite informer les détenteurs des 726,5 millions de dollars de titres (...) émis par la République, que le paiement d'intérêts d'une valeur de 59,7 millions de dollars dus le 18 janvier ne sera pas honoré », a indiqué document. Selon toujours ce même document, le ministère avoue avoir déjà averti les créanciers de l'Etat de la grave crise que traverse le pays avec la « détérioration de la situation macroéconomique et fiscale » du pays. « La capacité de remboursement de dette du Mozambique qui en résulte est donc extrêmement limitée en 2017 et ne lui permet pas de payer les intérêts des titres », peut-on lire en substance.

Pourtant le Mozambique avait tant besoin de cet emprunt. En mars 2016, alors éclaboussées par les dettes et englouties par les scandales des emprunts illégaux, les autorités avaient émis des titres pour une valeur de 726,5 millions de dollars afin de pouvoir restructurer les dettes comme le recommandaient les institutions financières internationales.

Conséquence, cette nouvelle émission de titre a fait découvrir un mois plus tard un plus gros scandale d'emprunts illégaux de plus de 1,4 milliards de dollars. Contractés par des entreprises publiques, ces fonds avaient servi curieusement à acquérir du matériel militaire.

Le Mozambique au bord du gouffre

Il y a un mois, en décembre 2016 seulement, l'agence de notation Fitch avait recalé le Mozambique dans la catégorie ''RD'', des pays en défaut de paiement de leurs obligations. Aujourd'hui avec l'information apportée par le ministère des finances du pays, l'économie déjà à plat risque de plonger plus dans l'ornière.

Pour beaucoup d'observateurs, la situation grave que traverse le Mozambique pourrait être bien pire et le pays connaîtrait un ''stress monétaire'' avec les retraits de masse des dépôts bancaires et une chute de la monnaie locale, le metical. Ce dernier avait déjà perdu 60% de sa valeur face au dollar en 2016, devenant la pire force monétaire du continent noir. Un niveau extrême que le FMI avait tenté d'éviter en décembre dernier en renouant ses liens avec Maputo, mais avec comme condition la réalisation d'un audit international indépendant et la restructuration de la dette du pays.

Malheureusement, le FMI n'est pas la seule entité à s'être coupé du Mozambique après la découverte des emprunts illégaux et cachés. La Banque mondiale, l'Union européenne d'une part, et les investisseurs privés de l'autre, indispensable aujourd'hui pour le redressement du pays, ont aussi quitté. Maputo qui n'arrive déjà pas à payer ses dettes ne rassure en rien.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.