CIEA 2019 : à Dakar, l’émergence de l’Afrique (toujours) en débat

Du 17 au 19 janvier se tient à Dakar, la 3e édition de la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique (CIEA), en présence de plusieurs chefs d’Etats, d'experts et de patrons d’entreprises. L’occasion pour les participants de faire le point sur le chemin parcouru par les pays du continent en quête d’émergence et surtout d’échanger sur les défis de ce qui est plus un idéal pour le continent, mais un véritable enjeu stratégique.
(Crédits : DR)

Où en est le continent sur le chemin de l'émergence ? C'est l'enjeu majeur de la Conférence internationale pour l'émergence en Afrique (CIEA) dont la 3e édition se tient du 17 au 19 janvier à Dakar. Après les deux précédentes éditions qui se sont tenues à Abidjan en Côte d'ivoire, en 2015 et 2017, c'est la capitale sénégalaise qui accueille l'événement conjointement organisé par le gouvernement du Sénégal, le PNUD, la BAD, la Banque mondiale et le PNUD.

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Durant les deux jours de travail, les participants venus de tous les pays du continent ainsi que des invités de marque, auront ainsi à échanger à travers différents panels, les voies et moyens d'accompagner les dynamiques de transformations structurelles dans les pays émergents, en se basant sur une mutualisation des expertises et bonnes pratiques en la matière et en initiant de débats de fond pour une mise en œuvre optimale des plans d'émergence.

Comme pour les précédentes éditions, la conférence de Dakar a enregistré la présence de plusieurs chefs d'Etat, d'experts et des représentants du secteur privé et de la société civile. La cérémonie d'ouverture au Centre internationale de conférences Abdou Diouf (CICAD) a été rehaussée par la présence du président sénégalais, Macky Sall, de son homologue du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, ainsi que des premiers ministres malaisien Mohamed Mahathir, et ivoirien Amadou Gon Coulibaly.

A côté de ces décideurs politiques notamment les ministres qui représentaient plusieurs pays, on notait également la présence du président de la BAD, Akinwumi Adesina, du directeur du Centre de développement de l'OCDE, Mario Pezzini, de Segolène Royal, représentante du président français Emmanuel Macron, ainsi que du philanthrope nigérian Tony Elumelu ou de Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat du Sénégal (CNP).

Émergence, secteur privé et inclusivité

Cette année, la CIEA se tient sous le thème : « Emergence, secteur privé et inclusivité ». Il s'agit, selon le ministre sénégalais de l'économie, de focaliser les débats sur « l'engagement du secteur privé national, dans le cadre d'un dialogue et partenariat public-privé fécond, comme condition nécessaire pour la réussite de la mise en œuvre des plans d'émergence africains ». Dans cette perspective, ajoute la même source, la conférence traitera aussi des modalités pour rendre cette émergence plus inclusive et s'assurer qu'elle valorise les opportunités économiques des territoires.

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Les chefs d'Etat présent à l'événement ont donné le ton lors du premier panel qui a permis de planter le décor. L'occasion pour l'hôte de l'événement, le président Macky Sall, de contextualiser l'enjeu de cette conférence, et au délà, de l'émergence que vise les pays africains.

D'emblée, le chef de l'Etat sénégalais a brossé un tableau assez reluisant de la situation du continent, qui est sur « une bonne trajectoire économique avec des progrès soutenus depuis de nombreuses années ». Des résultats satisfaisants selon le président Sall, qui ont été obtenus dans plusieurs domaines grâce notamment à la mise en œuvre de politiques saines, assorties d'investissements publics et de diversification de la production, et soutenues par l'amélioration de l'environnement des affaires et de la gouvernance publique.

« L'accroissement des recettes et la rationalisation des dépenses aident les pays africains à élargir l'espace budgétaire en vue de renforcer la résilience de l'économie et préparer les ressources humaines au saut qualitatif », a poursuivi Macky Sall, pour qui « l'avenir semble donc prometteur, en dépit des fragilités des Etats et de leur vulnérabilité aux chocs internes et externes ».

Cependant, malgré ce satisfecit, « les problèmes structurels de nos économies persistent ». Il s'agit particulièrement de la productivité, de l'attractivité vis-à-vis des investisseurs ainsi que de la participation au commerce international, qui viennent s'ajouter à d'autres défis non moins importants, au regard notamment « de la précarité des conditions de vie d'une importante frange de la population, de son accès limité aux services de base ainsi que de l'insuffisante création d'emplois viables ».

« Aussi, pour accélérer la marche vers le progrès économique et social, plusieurs dirigeants africains ont-ils doté leur pays de stratégies visant l'émergence, quelle qu'en soit la dénomination. Un des leviers de l'émergence convoitée est une croissance forte, durable, inclusive, et sous-tendue par des réformes prioritaires pour hâter la transformation structurelle. La finalité de la croissance est le bien-être de l'homme », a souligné le président sénégalais Macky Sall.

Des champions africains pour porter l'émergence

Afin d'aborder tous les enjeux de la thématique principale, la Conférence de Dakar a été structurée autour de différents panels animés par d'éminentes personnalités. De la nécessité de faire émerger des champions nationaux sur le continent africain, ou des voies permettant de faire de l'investissement privé un moteur de la croissance économique et de la transformation structurelle, tous les sujets ont été abordés par les panélistes.

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De manière générale, les participants ont mis en avant le fait que pour une croissance soutenue en Afrique, il faut favoriser le développement des PME et PMI qui constituent plus de 90% du tissu économique du continent. « Les PME sont les champions d'Afrique d'aujourd'hui car ce sont eux qui font marcher notre économie. Les petites et moyennes entreprises d'aujourd'hui seront les champions de demain », a souligné Adesina Akinwumi, le président de la BAD. Bien que cela fasse consensus, l'éternelle problématique du financement des entreprises africaines s'est de lui-même imposé dans les débats.

Si l'accès aux capitaux notamment privés commence à se démocratiser en Afrique, il appartient aux gouvernants de créer l'environnement propice et ainsi insuffler une nouvelle dynamique à la contribution du secteur privé dans la quête d'émergence des pays africains. C'est ce qu'a mis en avant le président de la société d'investissement Heirs Holding, Tony Elumelu, dont la fondation éponyme œuvre en faveur de l'entreprenariat des jeunes.

« Lorsqu'un environnement favorable est créé, on pourra bâtir nos sociétés, créer des emplois et aussi catalyser le système économique. On a regardé le secteur privé de façon suspicieuse et cela n'est plus le cas. Nous devons créer un environnement favorable pour l'éclosion du secteur privé et travailler à l'éradication de l'analphabétisme en Afrique », a exposé le philanthrope nigérian, Tony Elumelu.

D'autres intervenants ont mis l'accent sur d'autres problématiques qui freinent l'émergence du continent. C'est le cas notamment du président malien qui a abordé le problème de la faible valeur ajoutée de la production africaine dans la chaîne des valeurs mondiales notamment dans l'agro-industrie, un secteur pourtant potentiellement porteur pour le continent. « Quand vous produisez 728 000 tonnes de coton et que seul 2% sont transformés, quelle pitié ? » s'est indigné IBK qui a expliqué que c'est pour cette raison qu'il a placé son nouveau mandat sous le signe de la promotion de la jeunesse dans tous les domaines à travers une formation qualifiante.

De l'optimisme donc malgré les écueils comme l'a mis en avant le premier ministre malaisien qui a pris exemple sur son pays mais également le Japon. « Je suis certain que l'Afrique sera bientôt proche de l'Asie de l'Est en termes de croissance et de développement. Je suis certain que c'est en train d'arriver aujourd'hui », a fait savoir le premier ministre malaisien, Mohamad Mahathir.

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