Zone franc : nouveaux engagements pour la poursuite des réformes et la lutte contre les flux financiers illicites

La capitale congolaise a accueilli vendredi dernier une rencontre des ministres de Finances de la zone franc CFA. A l’issue de la rencontre, l’engagement a été pris de maintenir le cap des réformes pour une croissance plus soutenue et inclusive, ainsi que de poursuivre les efforts afin de circonscrire les flux financiers illicites. La France s’est dite de son côté disposée à accompagner les 15 pays membres à atteindre leurs objectifs de consolidation budgétaire.
(Crédits : DR)

Le débat sur l'avenir du franc CFA s'étant depuis quelque temps estompé, les réunions des ministres des Finances des pays de la zone franc ne sont plus aussi intéressantes médiatiquement que celle qui vient de se tenir vendredi dernier au Centre de conférences de Kintélé de Brazzaville au Congo. Pour les ministres des Finances des 15 pays membres, notamment ceux de l'UEMOA, de la CEMAC et des Comores, la rencontre a été intéressante en ce sens qu'elle a permis de faire le point sur l'évolution de la situation économique, ainsi que l'adoption d'importantes décisions visant à permettre d'accélérer la sortie de la conjoncture difficile face à laquelle leurs pays sont confrontés depuis quelques années.

Les échanges entre les ministres des Finances de la zone franc ont porté sur deux thématiques majeures, à savoir la poursuite de la mise en œuvre des réformes économiques destinées à maintenir la dynamique des efforts de consolidation budgétaire, ainsi que les mesures de coordination qui permettront de mieux lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Si comme l'a exposé le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, les perspectives macroéconomiques et la réponse des politiques publiques sont en train de porter leurs fruits, la réunion a permis de relever plusieurs obstacles qui persistent, notamment en matière de convergence.

L'appel de Yaoundé

Les ministres des Finances ont ainsi relevé que «la convergence réelle peine à progresser dans la zone franc, témoignant des nombreux obstacles auxquels se heurte l'intégration régionale». Par ailleurs, dans leur communiqué final, les ministres de la zone franc ont aussi rappelé «les risques découlant d'importants déficits publics et d'un réendettement rapide».Toutefois, malgré les risques et les défis qui persistent, la réunion des ministres s'est soldée par des actions positives, notamment l'adoption d'un plan d'action en faveur de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Les participants ont en outre décidé de soutenir la déclaration de Yaoundé de novembre 2017, laquelle encourage les pays africains à explorer une collaboration destinée à conforter les efforts des pays africains dans la lutte contre les flux financiers illicites pour améliorer la mobilisation des recettes intérieures. «Nous sommes tous engagés dans la même direction. Pour que nous puissions avancer, il faut que tous les États membres de la zone franc signent l'appel de Yaoundé au sortir de cette réunion», avait d'ailleurs annoncé le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno le Maire, en ajoutant que «cet acte sera un signal politique fort pour marquer notre volonté de lutter contre le blanchiment d'argent et le terrorisme, car ce n'est pas seulement un sujet de sécurité, mais c'est aussi un élément de renforcement de la compétitivité économique».

C'est donc désormais chose faite puisqu'au sortir de la rencontre de Brazza, les 15 États se sont engagés à renforcer les échanges de renseignements fiscaux pour lutter contre les flux financiers illicites. De plus, un plan d'action contre le financement du terrorisme a été décidé pour renforcer la coopération entre les pays de la zone et dresser la liste des mesures nationales nécessaires pour endiguer ce fléau.

[Lire aussi : Zone CFA : pas de réforme ni de dévaluation, mais des mesures pour plus de recettes fiscales]

Si la question de l'avenir du Fcfa n'était pas au centre des discussions cette fois, le ministre français n'a pas échappé aux questions des journalistes, alors que des voix s'élèvent de plus en plus parmi certains économistes pour dénoncer l'arrimage de cette monnaie à l'euro, ce qui est de nature à plomber la compétitivité des économies des pays de la zone franc.

Le ministre Bruno le Maire préfère lui mettre en avant l'argument de la stabilité qu'offre cet arrimage et qui pourrait être remis en cause en cas d'arrimage à un panier de devises, comme l'estiment certains :

«Le premier atout de cette monnaie c'est la stabilité. Quand je regarde les résultats économiques de ces États de la zone franc comparés à d'autres pays qui ont des situations économiques et de production similaires, les États membres de la zone franc s'en sortent mieux sans doute parce qu'il y a cette convertibilité avec l'euro», a soutenu Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie.

C'est aussi ce qu'a défendu son homologue congolais en charge des Finances, Calixte Nganongo, pour qui une monnaie a avant tout besoin «de stabilité, de solidarité, de fluidité et de sécurité». Enfin, a poursuivi le ministre congolais, «elle a besoin de force parce qu'elle soutient l'économie. Vous avez compris que la zone franc recherche tous ces éléments».

Profitant de l'occasion, le ministre français de l'Economie a échangé avec plusieurs de ses homologues de la zone. Il a réitéré l'engagement de la France à accompagner les pays africains dans leurs efforts de consolidation budgétaire et mise en œuvre des réformes structurelles. C'est le cas par exemple avec le Congo qui fait face à d'importantes difficultés financières et qui attend toujours une assistance financière du FMI. A ce niveau, le ministre Le Maire a confirmé l'engagement de la France à aider Brazzaville avec une enveloppe de 135 millions d'euros dès que le pays parviendra à conclure un programme de soutien avec le Fonds au même titre que les autres pays de la CEMAC.

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