Nigéria : Buhari veut instaurer un nouveau salaire minimum

Le président Muhammadu Buhari a mis en place un comité tripartite pour la négociation d’un nouveau salaire minimum. Réunissant des représentants de l’Etat fédéral, du secteur privé et des partenaires sociaux, les travaux du comité consisteront à proposer des recommandations au gouvernement en tenant compte de la situation socioéconomique du pays. Bien qu’il constitue une revendication des centrales syndicales et une promesse de campagne du régime d’Abuja, certains accusent Buhari de velléités électorales en prélude à la présidentielle de 2019.

Le président Muhammadu Buhari a mis en place un comité national tripartite chargé de négocier un nouveau  salaire minimum. Comprenant 30 membres, le comité se compose de représentants du secteur public notamment le gouvernement fédéral et les États fédérés, ceux de l'Association consultative des employeurs du Nigéria (NECA) ainsi que les représentants du secteur privé notamment l'Association des fabricants du Nigéria (MAN), l'Association nigériane des chambres de commerce, d'industrie,  des mines et de l'agriculture (NACCIMA) et l'Association nigériane des petites et moyennes entreprises (NASME).

Pour le président nigérian, cette mesure s'inscrit dans le cadre de son engagement à assurer le bien-être et la prospérité des travailleurs nigérians ainsi que de la population dans son ensemble afin notamment de leur permettre de profiter de la richesse nationale. « Le travail est un facteur essentiel de la croissance et du développement des nations modernes », a souligné Buhari devant les membres du comité qui  est présidé par la ministre du Logement, du territoire et du développement urbain, Amal Iyingiala Pepple.  « Vous êtes tous conscients qu'au cours de la période ayant suivi l'augmentation du prix de la pompe à essence en mai 2016, un comité technique a été créé pour examiner et faire des recommandations au gouvernement sur les mesures à adopter pour  en atténuer les effets douloureux pou les travailleurs  la population nigériane dans son ensemble » n'a pas manqué de rappelé le chef d'Etat nigérian ajoutant que « le salaire minimum est le montant minimum de la rémunération qu'un employé doit recevoir en contrepartie de son travail et, en tant que tel, il devrait être ancré dans la justice sociale et l'équité ».

Le Comité va entamer des consultations avec l'ensemble des acteurs afin de pouvoir soumettre au gouvernement ses propositions. C'est sur cette base que la décision finale sera prise par les autorités fédérales sous forme de projet de loi qui sera transmis à l'Assemblée nationale pour adoption. « Mon espoir est que le résultat des délibérations du comité soit consensuel et globalement acceptable », a dit le président Buhari avant de renvoyer les membres du comité à leur mission, laquelle s'annonce ardue.

Promesses de campagne,  revendications sociales et risques de surenchères

La revalorisation du salaire minimum est une promesse de campagne du président Buhari, mais aussi une vieille revendication de plusieurs centrales syndicales. Actuellement aux alentours de 40 à 60 dollars en fonction des secteurs, certaines corporations ont même observé, il y a quelques mois, des mouvements de grève pour obliger le gouvernement à le réviser en hausse, autour de 140 dollars comme l'exigeait le Congrès uni du travail (ULC) en septembre dernier. Les syndicats invoquaient les tensions inflationnistes pour appuyer leurs revendications.

De l'avis de plusieurs économistes du pays, la revalorisation du salaire pourrait contribuer à accélérer la dynamique de croissance du pays grâce notamment à une hausse attendue de la demande intérieure. Toutefois, même si le gouvernement envisageait cette mesure, la situation économique du pays de ces dernières années avec une récession sur plus de deux ans, ne lui offrait pas assez de marge de manœuvre pour tenir sa promesse.

Du côté du secteur privé, on soutient que des efforts ont été déjà consentis et si dans le secteur public, les choses n'ont pas évolué depuis la dernière revalorisation d'août 2011, pour le secteur privé, des hausses certes modestes mais significatives au regard du contexte économique ont été depuis concédés aux travailleurs.

Les Etats fédérés aussi appréhendent ce dialogue esocial avec appréhension au regard des charges que cela pourrait induire sur leurs budgets avec une masse salariale qui est déjà très importante.

Les syndicats ne l'entendent pourtant pas de cette oreille et comptent même faire monter les enchères en réclamant une hausse d'au moins 50% voire 100% pour d'autres, sans quoi, ils n'accepteront pas l'offre du gouvernement.

Les calculs politiciens sont en effet dans la danse et risque de plomber le dialogue social. Certains opposants à Buhari estiment que cette initiative de la présidence fédérale ne s'inscrit que dans le cadre de la campagne électorale pour la prochaine présidentielle de début 2019 à laquelle le chef de l'Etat sortant va probablement se représenter. Des accusations que rejettent ses conseillers qui mettent en avant la contraction de l'économie avec laquelle le gouvernement a pris fonction, laquelle expliquerait le retard pris.

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Commentaire 1
à écrit le 05/12/2017 à 12:41
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« Ils appréhendent le dialogue social avec appréhension » ? Il fallait oser écrire ça ! Mdr !

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