FMI : des risques non économiques fragilisent la légère reprise en Afrique

Le FMI a confirmé, ce mardi 10 octobre, ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale. Alors qu’elle semble s’affermir en dépit de quelques risques, en Afrique subsaharienne la lente reprise reste toujours handicapée par la morosité des cours des matières premières, notamment le pétrole. De ce fait, les pays importateurs s’en sortent mieux que les gros producteurs et dans l’ensemble, les perspectives africaines restent plombées pour des incertitudes liées à des risques non économiques.
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international.

C'est une bonne nouvelle pour l'économie mondiale et partant celle du Continent. Selon le FMI qui a rendu public, ce mardi 10 octobre à Washington en marges de ses Assemblées générales d'autonome, ses prévisions actualisées des perspectives économiques mondiales, la reprise cyclique de l'économie mondiale qui a commencé au milieu de 2016 continue de s'affermir. «Il y a un an et demi seulement, la croissance était en panne et des turbulences secouaient les marchés financiers. Aujourd'hui, le tableau est bien différent, avec une accélération de la croissance en Europe, au Japon, en Chine et aux États-Unis», constatent les analystes du FMI qui font également cas des conditions financières favorables dans le monde. «Ces évolutions positives donnent de bonnes raisons de se montrer plus confiant, mais ni les dirigeants, ni les marchés ne doivent se bercer d'illusions», tempéré le FMI qui fait cas de certains facteurs en risque en fonction des économies, surtout dans les pays développés.

Le tableau d'ensemble est donc de bon augure pour les économies du Continent dont la dynamique de développement est corrélée à celle de ses principaux partenaires d'autant que le FMI a également ses prévisions de croissance d'avril dernier confirmé avec un rythme attendu de 2,6% pour l'Afrique subsaharienne en 2017. C'est mieux qu'en 2016, année où le taux de croissance de l'Afrique subsaharienne n'avait été que de  1,4%. «Au-delà du court terme, la croissance devrait augmenter progressivement, mais à un niveau à peine supérieur à celle de la population», a mis en avant le FMI  qui n'a pas manqué de faire cas des risques de ralentissement qui planent encore sur les principales économies de la région.

Reprise fragile et contrastée en Afrique subsaharienne

La reprise est donc confirmée pour l'économie africaine avec des perspectives encore plus solides, puisque le FMI s'attend même à ce que la progression de la croissance atteigne 3,4% en 2018.

L'Afrique subsaharienne continue certes de payer un lourd tribut à la persistance de la faiblesse prix des matières premières sur les marchés internationaux, notamment de l'or noir. C'est ce qui explique que ce sont les pays importateurs de pétrole qui tirent leur épingle du jeu dans le contexte actuel, avec une prévision de croissance de 3,9% en 2017, puis de 4,4% en 2018.

Selon les prévisions du FMI, les nouveaux moteurs de croissance du Continent confirment leur dynamisme avec en tête la Côte d'Ivoire (+7,6%), le Sénégal (+6,8%), l'Ethiopie (+8,5%) et la Tanzanie (+6,5%).

A l'opposé, les principales économies du Continent, notamment le Nigéria, l'Afrique du Sud, l'Angola et dans une moindre mesure la RDC peinent à retrouver leur cadence d'antan, après avoir même tiré la croissance africaine vers le bas la dernière année.

Les projections du Fonds confirment toutefois que le Nigéria est certes sorti de la récession et son PIB devrait enregistrer une progression de 0,8% en 2017, puis de 1,9% en 2018, contre 1,6% en 2016. Même chose pour l'Afrique du Sud avec une hausse de son PIB de l'ordre de 0,7% cette année et de 1,1% pour le prochain exercice. De son côté, l'Angola devrait finir l'année avec une croissance de son PIB de 1,5% et de 1,6% en 2018, nettement mieux que les -0,7% de l'année dernière.

Amplification des risques non économiques

En dépit de la dynamique contrastée de la reprise de la croissance économique sur le Continent, la tendance à court et moyen terme montre que les réformes structurelles engagées sont en train de porter leur fruit. Toutefois, les experts du FMI ont mis en relief le fait que malgré des prix des matières premières plus favorables et une forte production agricole, comme c'est le cas en Afrique du Sud, «l'incertitude politique pèse sur la confiance des consommateurs et des investisseurs».

Lors de la conférence de presse tenue en marge de la présentation des perspectives, la directrice du FMI a fait cas de facteurs de risques «non économiques», comme les tensions géopolitiques, les clivages politiques, une gouvernance faible, la corruption ou encore les événements climatiques extrêmes, le terrorisme et les questions de sécurité.

«Ces risques sont particulièrement interconnectés et peuvent se renforcer mutuellement. A titre d'exemple, un mouvement de repli sur soi est associé à un accroissement des tensions géopolitiques et les risques non économiques peuvent directement peser sur l'activité économique», a déclaré Christine Lagarde.

Pour le FMI, dans ce contexte de risques persistants, les décideurs politiques doivent continuer à maintenir la dynamique des réformes structurelles et fiscales nécessaires afin d'accroître les capacités de résistance de leurs économies en cas de chocs à venir. Des stratégies dont les résultats ne se mesureront véritablement qu'à long terme.

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