Madagascar / monnaie : le nouveau billet de 20.000 ariary crée la polémique

Entré en circulation depuis la fin du mois de juillet 2017, le billet de 20.000 ariary suscite de vives inquiétudes auprès des experts. Pour eux, ce nouveau billet ouvre la porte aux crimes financiers et à l'inflation. Pendant ce temps, le peuple dont la grande partie gagne moins de 5.000 ariary par jour, ne s'en "délecte" que très peu.

La polémique créée par le billet de 20.000 ariary est probablement inattendue par la banque centrale de la Grande île africaine. Mis en circulation depuis la fin juillet 2017, le nouveau billet, équivalent à un peu moins de 6 euros, suscite des inquiétudes. Plusieurs observateurs dans le monde des finances et de l'économie trouvent que ce nouveau billet est porteur de dangers pour Madagascar sur le plan économique. L'économiste Rado Rakotoarison qui compare le billet de 20.000 ariary au billet de 500 euros en Europe, trouve qu'il s'agit d'une nouvelle coupure qui n'a pas d'intérêt ''pratique'' pour les Malgaches.

Pour lui, il n'est qu'une voie royale pour la criminalité (le blanchiment d'argent par exemple), vu qu'il s'agit d'une grosse coupure qui pourrait permettre de transporter beaucoup d'argent d'un coup. « Il y aura moins de liasses, qu'on peut transporter facilement avec une grosse transaction, dans des domaines juteux comme les minerais, les vanilles, etc. », prévient l'expert. Un avis déjà très partagé au niveau de la population alors qu'une autre inquiétude est encore pointée du doigt.

De son côté, l'économiste Hugues Rajaonson craint un ''illusion monétaire'' qui aura de graves conséquences notamment le phénomène de flambée des prix. « Quand les gens ont entre leurs mains le billet de 20 000 ariary et qu'ils montrent qu'ils vont acheter quelque chose avec 20 000 ariary, le vendeur a l'impression que celui qui est en face est quelqu'un de riche. Donc cela veut dire qu'il peut augmenter les prix puisqu'il y a assez d'argent pour acheter. Ça va entraîner une inflation à court terme et à moyen terme », explique-t-il. Mais à la Banque centrale malgache, on assure qu'on prend les dispositions pour éviter les revers soulevés par les experts. L'institution financière a déjà annoncé que l'émission des nouveaux billets sera limitée et contrôlée afin d'éviter l'inflation.

Avis partagé par les citoyens ?

L'émission des billets de 20.000 ariary ne crée pas vraiment l'union autour d'elle. Jusqu'à ce jour elle recueille des appréciations différentes. Certains sont soulagés de ne plus avoir à transporter beaucoup de billets avec la compression que le nouveau billet permet et l'apprécie aussi pour la vivacité de ses couleurs. « Il est très beau ! Regardez, on voit de la vanille, du litchi, du cacao ! », confie un Malgache. A côté de lui, une compatriote à elle, conteste. « Ils ne sont pas aussi bien que les anciens (que ceux d'avant). Vous savez, les Malgaches ne prennent pas soin des billets (de l'argent). Ceux-là s'abîment vite, ils sont très fin, très petits ». Le mécontentement s'étend à tous les secteurs. « Moi je ne vais pas prendre ce billet (de 20 000 ariary). C'est trop de galère pour nous les contrôleurs et les chauffeurs de rendre la monnaie dans ce petit bus », fait remarquer un chauffeur de bus à l'arrêt du marché. Là, une cliente n'a pas arrêté de pester. « Je viens d'acheter des légumes pour 1 000 ariary. Avec un billet de 20 000 ariary, ce serait difficile pour le vendeur et ça prendrait du temps d'aller chercher de la monnaie et moi je devrais attendre ».

Équivalent à 7 dollars environ, soit 3.700 francs CFA, la plus grosse coupure jamais émise à Madagascar, le billet de 20.000 ariary n'est vraisemblablement pas la meilleure trouvaille de ces dernières années, de la Banque centrale du pays.

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