Côte d’Ivoire : les Etats-Unis en mode « sauveteurs » de la filière mangue

Troisième fruit d’exportation de Côte d’Ivoire, la mangue est depuis plusieurs mois source d’inquiétude pour le gouvernement et les différents acteurs de la filière, en raison notamment de l’épidémie des mouches de fruits. Un frein certain au boom d’une filière au sein de laquelle ce pays d’Afrique de l’Ouest peut jouer une meilleure partition sur le marché international. Les Etats-Unis proposent leur aide.
Ristel Tchounand

« La mangue de la Côte d'Ivoire est presque la meilleure dans le monde mais ce secteur engrange malheureusement beaucoup de pertes ».

C'est le triste constat fait par Andrew Haviland, Chargé d'Affaires de l'ambassade des Etats-Unis en Côte d'Ivoire, prenant la parole, mardi 4 avril, lors d'une rencontre d'échange avec des étudiants de l'Université Alassane Ouattara de Bouaké, rapporte l'Agence de presse ivoirienne. Le diplomate américain a profité de cette sortie médiatique pour annoncer la tenue les 6 et 7 avril à Korhogo (quatrième ville de Côte d'Ivoire située au nord-est du pays) d'un symposium autour de la filière mangue, à l'initiative du West Africa Trade and Investment Hub et financé par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). « L'idée de ce symposium c'est de réussir à rassembler les producteurs, les acheteurs et les transformateurs de mangues dans le même endroit pour discuter et se donner des idées », a-t-il expliqué.

Le manque à gagner occasionné par les mouches

Mais quand les « pertes » engrangées par la filière mangue sont évoquées, il ne s'agit pas d'une régression de la production ou des ventes. Au contraire. En 2016, la production de mangue en Côte d'Ivoire a atteint les 100 000 tonnes et 32 628 tonnes ont été exportées, alors que ces dernières n'étaient que de 10 179 tonnes en 2011. Ce qui fait désormais de la mangue le troisième fruit exporté par ce pays d'Afrique de l'Ouest après l'ananas et la banane.

Ces exportations pourraient être beaucoup plus importantes s'il ne se posait pas le problème de qualité. Selon les autorités ivoiriennes en effet, « près d'un tiers » de la production de la mangue n'arriverait pas sur les marchés d'expédition. En cause : les mouches des fruits. Intervenant à un atelier régional de formation qui s'est tenu fin mars à Abidjan et organisé par la Cedeao, en collaboration avec, l'Union européenne (Ue) et l'Agence française de développement (Afd), le directeur de la protection des végétaux, du contrôle et de la qualité, Silué Gnénéyéri, est revenu sur cette problématique :

« En 2016, la Côte d'Ivoire a perdu 80% de sa production du fait des mouches (le Batrocera dorsalis, principalement). »

Depuis 2014, les embarcations ivoiriennes de mangue reçoivent au moins d'une dizaine d'interceptions, ce qui réduit considérablement leur potentiel de commercialisation sur des marchés comme celui de l'Union européenne où la Côte d'Ivoire trône dans le classement des fournisseurs de mangue.

Vers l'arrivée d'entreprises américaines

Le gouvernement tente également, à son niveau, d'aborder le problème à bras le corps. A l'issue du Conseil des ministres du 30 mars dernier, plusieurs mesures ont été prises, notamment l'adoption d'une communication relative au traitement phytosanitaire des vergers de manguiers contre les mouches des fruits au cours de la campagne 2017 ; l'ouverture d'une ligne budgétaire annuelle au Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural pour lutter contre cette agression ; le préfinancement de l'achat en urgence de 50 000 litres de Succes Appat (insecticide bio-contrôlé) d'un coût de 425 000 000 Fcfa, au titre de la campagne mangue 2017.

Avec l'ananas et la banane, la mangue représente 4% de PIB ivoirien et emploie près de 7 000 personnes. Outre l'apport de solutions et le soutien financier visant à corriger les tares de la filière, les Etats-Unis, par leur coup de pouce, entendent également « encourager les investisseurs américains à venir créer des entreprises » dans cette filière en Côte d'Ivoire.

Ristel Tchounand

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