Zimbabwe : les terres au lieu de primes, l’astuce anti-crise de Mugabe

La vente d’éléphants à Chine opérée début janvier n’a pas suffi à renflouer suffisamment les caisses de l’Etat zimbabwéen au point de lui permettre de verser les primes annuelles aux fonctionnaires. Le gouvernement leur offrira des terres à la place. La crise se veut toujours persistante.
Ristel Tchounand

En ces temps de crise qui court, ce n'est pas un virement bancaire que vont recevoir les fonctionnaires zimbabwéens pour leurs bonus annuels habituels, mais bien des titres fonciers. Le gouvernement zimbabwéen a décidé de leur offrir des terres en lieu et place des primes annuelles 2016. C'est qu'ont révélé les autorités du pays à l'issue d'une rencontre mercredi entre le ministre des Finances, Patrick Chinamasa, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de l'Aide sociale, Prisca Mupfumira, le gouverneur de la Banque centrale, John Mangudya et les syndicats des travailleurs, selon la presse locale.

Il s'agit dans le détail de terrains résidentiels, mais aussi une allocation en espèces ainsi que des avantages non monétaires et des obligations d'investissement immobilier, que compte accorder Harare aux employés de la fonction publique. Les négociations sont encore en cours et une autre rencontre est prévue le 20 février prochain pour trancher.

Mais la proposition du gouvernement ne semble pas séduire les fonctionnaires zimbabwéens qui insistent pour recevoir leurs primes habituelles. Le président du syndicat des travailleurs, Raymond Majongwe, pour sa part, qualifie les orientations gouvernementales d'« engagements cosmétiques » pour gagner du temps.

Le pays sens dessus-dessous...

Gagner du temps ou plutôt de l'argent ? Le gouvernement zimbabwéen essaye depuis plusieurs mois de renflouer ses caisses asséchées par la crise. Début janvier, Hararé a vendu 35 éléphants à Pékin pour du cash. Le montant de la transaction n'a pas été révélé, mais celui pourrait facilement atteindre 1,4 millions à 2,1 millions de dollars, si on se réfère à la précédente exportation de 60 bébés éléphants vers la Chine et la Thaïlande, dont l'unité était cédée entre 40 000 et 60 000 dollars.

Frappé par une crise économique, financière et monétaire sans précédent, le gouvernement zimbabwéen multiplie les voies de recours à chaque fois sans succès. Fin novembre, la Banque centrale a introduit dans le circuit financier des notes d'obligations pour atténuer la crise monétaire. Mais ces dernières n'étant toujours pas une monnaie officielle, donc non échangeables à l'étranger, et ce dans un contexte de persistante pénurie du dollar, les entreprises sont mises à mal. Pour sortir la tête de l'eau, la Confédération des Industries du Zimbabwe (CZI - l'organe principal de promotion industrielle du pays) ne voit pas d'autres options que d'adopter le rand sud-africain. L'Organisation entend faire pression sur le gouvernement dans ce sens. Un match qui n'est pas gagné d'avance puisqu'il s'agit d'une vieille proposition à laquelle le président Robert Mugabé s'est toujours opposé.

...Mugabe aux abonnés absents

Et en parlant justement du président Mugabe, son absence prolongée car en vacances entre le Japon et Singapour depuis les fêtes de fin d'années fait couler beaucoup d'encre. Les critiques concernent surtout son train de vie jugé « incompatible » avec les réalités présentes de son pays. Malgré cette grogne, son, parti prépare actuellement des festivités pour son 93ème anniversaire célébré le mois prochain. Dans de telles conditions, il ne serait pas étonnant de voir les fonctionnaires rejeter les « arrangements » du gouvernement.

Ristel Tchounand

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Commentaire 1
à écrit le 29/01/2017 à 11:12
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C'est un système pour sortir de la misère.

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