Women For Future Africa

Ces femmes qui font tourner l’usine africaine (1/2)

L’entrepreneuriat féminin africain fait de plus en plus parler de lui, surtout depuis que les études sur le sujet se multiplient, lui créditant le taux le plus élevé au monde, soit 24% des femmes actives. Si celles évoluant dans le domaine de la Tech sont parfois les plus en vue à l’heure du 4.0, les femmes investies dans le domaine industriel ont un impact important. Focus sur quatre profils de haut vol issus d’Afrique du Nord, de l’Ouest du Centre et de l’Est.
Ristel Tchounand
(Crédits : LTA)

Bien avant la pandémie de Covid-19, le développement du secteur industriel s'érigeait déjà en priorité pour les économies africaines, pressées par les Objectifs de développement durables (ODD) des Nations Unies à l'horizon 2030 et l'agenda 2063 de l'Union africaine (UA). La crise survenue dès mars 2020 en a davantage relevé le niveau d'urgence, en raison des incidences directes de celle-ci sur les chaines d'approvisionnement. Plus que jamais, il est question d'équiper les économies face aux chocs et assurer la prospérité.

Au moment où certains gouvernements se montrent plus stratèges que d'autres, le secteur privé tente de pousser les limites de la transformation depuis plusieurs années sur un continent riche en matières premières, et les femmes africaines ne sont pas en reste. Si ces championnes de l'entrepreneuriat dans le monde -avec 24% des femmes actives- sont généralement plus en vue dans le domaine de Tech à l'heure du 4.0, celles évoluant dans le secteur industriel mènent souvent d'une main de fer de grands projets industriels dans divers domaines. Cette première partie met en lumière deux profils au Nord et à l'Est de l'Afrique.

Lamia Tazi, au cœur de la pharmacopée marocaine

Elle incarne certainement l'un des principaux visages de l'industrie pharmaceutique marocaine. Lamia Tazi est PDG des Laboratoires Sothema, une des mastodontes du secteur fondée en 1976 par son père et spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des produits pharmaceutiques dans plus de 30 pays en Afrique et dans le monde arabe. La jeune femme chapeaute ainsi plusieurs usines dédiés à toutes les formes de génériques non antibiotiques, aux injectables, aux solutés massifs, ainsi qu'aux comprimés, granulés, gélules, et antibiotiques bêta-lactamines. Au total, 350 produits environ alimentent l'ensemble de ses marchés.

Pharmacienne, Lamia Tazi entame son parcours au sein de l'entreprise familiale en 1998. Sa devise : « le travail », comme elle aime à le dire. Cette valeur la placera au centre du développement stratégique de la firme avec plusieurs étapes marquantes comme le lancement en 2013 de West Afric Pharma, la filiale sénégalaise dédiée à l'approvisionnement en médicaments des marchés de la sous-région ouest-africaine.

A travers Sothema, Lamia Tazi est également au cœur du projet d'essais cliniques du vaccin anti-Covid, fruit d'une coopération entre le Maroc et le chinois Sinopharm. En tant que promoteur de l'étude clinique, la firme marocaine en coordonne l'ensemble des phases. A l'occasion, celle qui est depuis fin septembre Vice-présidente générale de la Fédération marocaine de l'industrie et de l'innovation pharmaceutiques (FMIIP) ne manque pas d'exprimer sa conviction quant à la possibilité pour le Maroc de se creuser un sillon sur le marché de 40 milliards de dollars qu'est celui des essais cliniques, et devenir une locomotive pour la lutte anti-Covid sur le continent.

Flora Mutahi, l'ambassadrice de l'or vert kényan

Le Kenya est connu pour son industrie des fleurs, mais aussi pour son thé, en tant que premier exportateur et deuxième producteur mondial d'or vert. En tête des entrepreneurs qui font rayonner cette filière : Flora Mutahi, fondatrice et PDG de Melvin Marsh International CO, le leader national de la fabrication et de la distribution de thé aromatisé. Auditeur de formation, elle abandonne rapidement l'idée d'une longue carrière au sein des cabinets internationaux pour se livrer à sa passion pour l'entrepreneuriat. Elle fait un premier essai dans la production de sel avant de trouver sa voie vers le succès dans le thé. Une voie cependant parsemée de défis majeurs dont l'éternel problème de financement.

Ses multiples réalisations et son impact lui ont valu d'être depuis fin mai dernier la première femme élue présidente de l'Alliance du secteur privé kényan (KEPSA) qui rassemble plus de 500 000 membres. Egalement Vice-présidente du Marché commun de l'Afrique orientale et austral (COMESA) qui rassemble 21 pays, Flora Mutahi est un élément clé du dispositif mis en place par le président Uhuru Kenyatta pour notamment promouvoir le Kényan comme destination de choix pour les investissements étrangers.

*Cet article est tiré de dernière édition du A, la revue de l'Afrique qui accélère, par LTA.

Ristel Tchounand

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