Malgré la pandémie, Bordeaux assure ses Journées nationales des diasporas africaines

Bordeaux accueillait du 24 au 26 septembre, la 8e édition des Journées nationales des diasporas africaines (JNDA), un rendez-vous devenu incontournable dans l'Hexagone, lancé en 2013 par Pierre de Gaëtan Njikam. Cette année, les femmes et la tech étaient à l'honneur.
(Crédits : JNDA)

C'est par la projection de l'avant-première du documentaire « Tonton Manu », un vibrant hommage cinématographique rendu à Manu Dibango, fixé sur pellicule par Thierry Dechilly et Patrick Puzenat, que ce sont ouvertes ses rencontres. Le saxophoniste disparu le 24 mars 2020 des suites du coronavirus était un habitué des JNDA.

« Cette édition est complexe, car elle se tient sur fond de contraintes sanitaires, ce qui nous a conduits à gérer au jour le jour cet évènement, avec une épée de Damoclès réglementaire et préfectorale sur la tête. Cela a complexifié le travail des équipes, mais nous avons relevé le défi », a souligné Pierre de Gaëtan Njikam, le fondateur des JNDA et fidèle lieutenant d'Alain Juppé qui a réussi, malgré la pandémie et la victoire électorale des Verts à la mairie en juin dernier, à maintenir le rendez-vous des diasporas africaines en terres bordelaises. « Le socle était suffisamment solide pour résister à la nouvelle donne électorale et il n'y a aucune raison que ce rendez-vous ne se poursuive pas dans les années à venir », a-t-il indiqué, avant d'annoncer un peu plus tard dans la soirée, que la prochaine édition se tiendrait les 22 et 23 mai prochains.

La tech et les femmes étaient au cœur de cette édition qui s'est déroulée dans la halle Héméra, une sorte de « Station F » locale. Parmi les invités, Diana Brondel (fondatrice de la Fintech Xaalys), Samir Abdelkrim (fondateur d'Emerging Valley) ou encore Elisabeth Tchoungui,  directrice exécutive RSE, Diversité Solidarité du Groupe Orange et présidente déléguée de la Fondation Orange, avaient répondu présents aux JNDA.

Comment les diasporas africaines ont-elles participé à « l'effort de guerre » sanitaire ? De quelle façon mutualiser et optimiser les compétences diasporiques ? Comment soutenir l'entrepreneuriat féminin ? Autant de questions qui ont été soulevées pendant ces journées consacrées aux diasporas africaines.

 Un pont numérique entre French Tech et Africa Tech

« Nous avons assisté à un rétropédalage des médias suite à la catastrophe sanitaire annoncée qui ne s'est finalement pas produite (...) Nous devons poser nos lunettes un peu condescendantes, car ceux qui sont en retard aujourd'hui ne sont pas ceux que l'on croit » a introduit Samir Abdelkrim, le fondateur d'Emerging Valley. L'expert francophone de l'innovation africaine a rappelé les initiatives préexistantes en matière d'e-santé sur le continent qui ont été soudainement révélées à la faveur de la pandémie de Covid-19.

« Au Maroc, 3D-printing Cluster a fait tourner ses imprimantes 3D à grande vitesse pour alimenter les hôpitaux en pièces manquantes. A Abidjan, Baby Lab a également utilisé ses imprimantes 3D pour fabriquer des visières en plastique. Au Nigéria, des drones livrent désormais des produits médicaux tandis que la startup Flare propose des cartes open source au Kenya avec des référencements d'ambulances pour faciliter les prises en charge... Tout était là avant la pandémie, mais nous avons découvert ces solutions avec l'arrivée de la Covid-19 », explique-t-il.

De son côté Philippe Métayer, le Directeur général de la French Tech Bordeaux a également rappelé les connexions préexistantes entre les écosystèmes français et africains. « Nous disposons d'un incubateur, Bordeaux Technowest, qui travaille avec un incubateur sud-africain basé à Cape Town », a-t-il indiqué. Des échanges de bonnes pratiques s'opèrent déjà entre les experts des deux pays. Ces transferts de compétences concernent tous les secteurs d'activité et notamment le domaine de la santé. « SimForHealth par exemple, propose depuis Bordeaux, des formations médicales qui sont disponibles dans le monde entier, y compris en Afrique », précise Philippe Métayer.

Du blocage des frontières physiques à l'ouverture numérique, les JNDA sont revenues sur le nouveau paradigme consécutif à l'actualité sanitaire mondiale, dont les diasporas africaines comptent bien s'inspirer pour redéfinir les contours de leur contribution dans leur pays d'origine...

Une manne financière impactée par la pandémie

Entre fuite des cerveaux et transferts financiers, la diaspora est au cœur des enjeux de développement du continent. Alors que les ressources humaines hautement qualifiées restent trop souvent aléatoires, les fonds envoyés par la diaspora vers leur pays d'origine le sont tout autant, dans ce contexte de pandémie. En effet, selon la Banque mondiale, les transferts financiers devraient enregistrer une baisse significative de 23% suite à la pandémie de Covid-19, ce qui représenterait un scénario catastrophe pour un certain nombre de pays d'Afrique qui dépendent largement de cette manne financière, tels que le Sud-Soudan ou la Somalie, par exemples...

D'après l'African Institute of Remittances (AIR), les montants des transferts de la diaspora vers le continent représentent au bas mot, le double de l'aide publique au développement (APE). L'an dernier, les transferts de fonds de la diaspora vers les pays d'Afrique ont atteint 49 milliards de dollars selon la Banque mondiale (+50% depuis 2010, hors transferts informels). Le Sénégal arrivait en tête des pays francophones recevant le plus de fonds des membres de sa diaspora, devant la République Démocratique du Congo (RDC). A l'échelle du continent, ce sont les Egyptiens qui campaient la tête du classement avec 28,9 milliards de dollars envoyés en 2019, devant le Nigeria (24,3 milliards de dollars).

Alors que les fonds se réduisent comme peau de chagrin depuis l'arrivée de la pandémie de Covid-19, de nouveaux projets ont vu le jour, portés par des diasporas africaines particulièrement impliquées dans la recherche de solutions dématérialisées pour répondre aux urgences sanitaire, économique et sociale, qui ont fait l'objet de vifs échanges tout au long de ces JNDA 2020...

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