L'Afrique s’affirme au cœur des priorités de l’INSEAD

Samedi 5 octobre, le Club Afrique de l'INSEAD a réuni un panel de personnalités, à la Sorbonne, à l'occasion de la 7e édition de l'Africa Business Conference. Entre optimisme mesuré et défis à relever : les questions africaines s'imposent peu à peu au sein de la prestigieuse école de commerce.
(Crédits : Guilain de Coligny)

« L'INSEAD regroupe 90 nationalités dans chaque promotion de 500 étudiants aussi, cette conférence représente un moyen pour tous ces profils internationaux d'en savoir davantage sur l'Afrique », explique Nambaya Ouattara, étudiant ivoirien du MBA de l'INSEAD et co-président du club Afrique de l'INSEAD, qui organise depuis 7 ans, ce rendez-vous dédié au continent.

Cette année, la conférence sur le thème « The Africa venture : fostering investment, impact and innovation » s'est penchée en particulier sur les flux d'investissements, l'innovation et le leadership. « Comment les managers jouent-ils leur rôle en matière d'ESG (ndr : critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) ? » s'interroge Nambaya, partant du principe qu' « il existe des besoins spécifiques qui peuvent être comblés par le secteur privé, là où les solutions apportées par certains Etats sont encore insuffisantes. »

Pour répondre à ces interrogations, la conférence, soutenue par des sponsors prestigieux tels que l'IFC (International Finance Corporation), OCP Group (leader mondial sur le marché des phosphates), Bolloré Transport & Logistics ou encore Engie, présentait un panel d'intervenants de haut vol. « Nous voulions positionner cette conférence sur les standards de la London Business School ou de la Harvard Business-school qui drainent beaucoup de monde », explique Cheick Traoré, étudiant burkinabé en MBA, et co-président du Club Afrique de l'INSEAD.

C'est donc un pari réussi au regard des personnalités réunies à Paris, samedi dernier. Parmi elles, on notait la présence d'anciens Alumnis comme Lucy Quist, qui après avoir dirigé Airtel Ghana, occupe aujourd'hui la fonction de Directrice générale au sein de la banque Morgan Stanley, Dare Okodjou, entrepreneur et fondateur de MFS Africa ou encore Jérôme Petit, Directeur général Afrique de Bolloré Transport & Logistics. Le banquier d'affaires Lionel Zinsou, ex-Secrétaire exécutif de l'UNECA, Carlos Lopes (au cœur des négociations sur la ZLEC), Colin Coleman, directeur de Goldman Sachs en Afrique subsaharienne, ou encore Acha Leke, Associé senior et Président de McKinsey & Company Afrique, avaient également répondu présent à l'invitation.

 Un « afroptimisme » toujours de mise


« Il se passe beaucoup de choses sur le continent aujourd'hui car il y a une nouvelle génération de représentants politiques et de citoyens qui font bouger les lignes »
lance Lionel Zinsou devant près de 300 invités triés sur le volet, en séance inaugurale. « L'opinion publique évolue et on assiste à une vague démocratique en Afrique. Il existe désormais des moyens qui permettent d'être mieux informé et de s'ouvrir plus facilement au monde. Regardez au Burkina Faso ou au Soudan : l'opinion publique est devenue un paramètre central » poursuit l'inébranlable « afroptimiste » béninois. « Même des pays comme le Bénin qui veulent aller contre ce mouvement démocratique sont désormais confrontés à l'opinion publique (ndr : 85% de la population avait boycotté les élections législatives d'avril dernier suite à l'éviction d'une grande partie de l'opposition), a tenu a rappelé l'ancien Premier ministre du Bénin...

De son côté, Carlos Lopes s'appuie sur les locomotives africaines engagées dans de vastes réformes structurelles pour afficher son optimisme : «  Il faut envisager une nouvelle façon de faire du business en Afrique et repenser les fondamentaux. Pourquoi est-ce que cela se passe si bien en Ethiopie, au Rwanda ou au Maroc ? », interroge-t-il, invitant d'autres pays à « prendre exemple sur ces réussites ».

Sortir du « tout pétrole » est devenue la « litanie » des experts en développement du continent, eu égard à la situation nigériane. « Les pays qui ne disposent pas de matières premières minérales s'en sortent généralement mieux que les autres », poursuit-il, avant de conclure que le secteur informel pèse encore lourdement sur les économies du continent et que les indicateurs tronqués ne reflètent qu'une image altérée de la situation réelle. « La dette est sûrement surévaluée de 21% selon certaines études menées par l'UNECA », estime l'ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, rejoignant ainsi l'optimisme légendaire de Lionel Zinsou.

L'Afrique au cœur de l'excellence de l'INSEAD

L'Institut européen d'administration des affaires, plus connu sous l'acronyme d'INSEAD est pourvu de plus de 140 professeurs venus d'une quarantaine de pays, qui forment chaque année, près de 1 400 étudiants inscrits à ses programmes MBA (ndr : Executive MBA, Doctorat et Masters spécialisés).

Avec l'inauguration d'un campus en Asie basé à Singapour depuis 2000, l'ouverture d'un centre alliant recherche et programmes exécutifs aux Émirats Arabes Unis en 2007 et l'inauguration de son campus à Abu Dhabi en 2010, l'INSEAD s'est imposé comme une référence mondiale, au point d'être désigné par le The Financial Times, numéro 1 de son classement des Global MBA en 2016 et 2017. Une réussite pour l'Institut basé originellement à Fontainebleau, qui représente l'excellence européenne dans le top 10 des Business Schools mondiales encore largement dominé par les Etats-Unis. Seules la London Business School (LBS) et la China Europe International Business School (CEIBS) parviennent à s'immiscer dans les 10 premiers établissements du très sélectif classement du quotidien britannique.

« L'INSEAD est particulièrement intéressant pour les étudiants africains, car c'est la seule école du top 10 mondial à être dotée d'un programme MBA sur une année, contrairement à Harvard exemple. Sachant que les niveaux de revenus sont généralement moins importants en Afrique comparativement à ceux des pays développés, en termes de cost benefit, cela fait sens pour les étudiants africains » explique Nambaya Ouattara.

L'Afrique souffre encore d'un déficit d'information sur le Campus, explique quant à lui Cheick Traoré, qui entend s'appuyer sur cet évènement pour ouvrir de nouvelles perspectives aux participants, comme Josh, un étudiant polonais qui cherche à « en savoir un petit peu plus sur l'Afrique », admet-il dans un français encore hésitant.

Confortant la volonté d'accorder une plus large place aux questions africaines au sein de l'INSEAD, un nouveau programme intitulé « Strategic Leadership in Africa » sera d'ailleurs lancé début 2020 en partenariat avec l'African Leadership University (ALU), à Kigali.

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