Corruption : à Genève, le magnat des mines Beny Steinmetz nie tout acte répréhensible en Guinée

Dans le cadre de son procès ouvert à Genève, Beny Steinmetz a été entendu mardi. Le magnat israélien nie tout acte de corruption dans le secteur minier en Guinée où un mégaprojet promis pour transformer l’économie de ce pays ouest-africain n'a jamais abouti.
(Crédits : Reuters)

C'est au tribunal correctionnel de Genève que se tient depuis lundi le procès de Beny Steinmetz. L'homme d'affaires franco-israélien a lui-même été entendu hier, mardi, pour des faits de corruption qui lui sont reprochés dans le cadre du projet minier du Simandou en Guinée. Et il nie tout en bloc. Steinmetz se présente comme un simple « ambassadeur » ou « porte-parole » de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), l'entreprise qui gérait ses actifs en Guinée, mais pas le patron, rapporte Reuters. « Tout le monde savait que je n'étais pas le chef. [...] A l'époque, j'avais un nom très bien vu. On m'appelait également 10 sur 10, comme un diamant », a-t-il répondu aux interrogations du procureur, selon les précisions du journal Le Temps.

10 millions de dollars présumés de pots-de-vin

Chaine de collines longue de 110 km et 1658 m d'altitude située au sud de la Guinée, le Simandou abrite l'un des plus importants gisements de minerai de fer au monde non exploité. Cette concession minière a le potentiel de transformer l'économie guinéenne. le clan de Steinmetz table même sur une multiplication par quatre du PIB. C'est sous l'ancien président Lancina Koné que BSGR obtient les droits miniers sur ce gisement. Arrivé au pouvoir en 2010, le président Alpha Condé fait table rase de tous les permis d'exploitation minière délivrés sous son prédécesseur et annule en 2014 les droits de BSGR.

En août 2019, après un accord à l'amiable conclu entre le gouvernement guinéen et Beny Steinmetz, la justice genevoise l'inculpe, l'accusant d'avoir payé, via des comptes suisses, 10 millions de dollars de pots-de-vin pour obtenir ces droits sur le gisement de Simandou. L'une des principales bénéficiaires de ces fonds serait Mamadie Touré, généralement présentée comme quatrième épouse de l'ancien président, mais que les avocats de Steinmetz désignent comme une simple maitresse qui ne pouvait pas être considérée comme un agent public.

Mamadie Touré, personnage clé du deal, à qui Steinmetz n'a jamais parlé ?

Lors de l'audience, Beny Steinmetz a nié toute entente avec cette dame aujourd'hui installée aux Etats-Unis où elle a obtenu le statut de témoin protégé. « J'ai rencontré Mamadie Touré une fois dans ma vie pendant seulement cinq minutes. Nous n'avons pas parlé », a déclaré le tycoon franco-israélien. Pourtant, le magnat franco-israélien est poursuivi dans cette affaire avec deux autres prévenus qui ont joué des rôles clés dans ses affaires durant le deal guinéen. L'un d'eux a tenté dans un conversation téléphonique enregistrée en Floride par le FBI, selon le Ministère public, de convaincre Mamadie Touré de faire disparaitre toute preuve, parce que « il n'y a en qu'un qui décide. Celui qui est tout en haut ». Alors qu'il semblait qu'il s'agir de lui, Beny Steinmetz, questionné sur cet enregistrement, « n'en pense rien ».

Le tycoon risque 10 ans de prison

Ce procès qui devrait durer deux semaines promet des rebondissements. S'il est reconnu coupable de corruption et de faux en Guinée, Beny Steinmetz risque jusqu'à dix ans de prison.

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