blueMoon, l’arme d’Eleni Gabre-Madhin pour faire émerger la jeunesse innovante d'Ethiopie

Le nom du Dr Eleni Gabre-Madhin en Ethiopie n’est plus seulement associé au projet réussi de la Bourse des matières premières d’Addis-Abeba, mais aussi à un tout nouvel incubateur destiné à la promotion et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs aux projets innovants et transformateurs dans le secteur de l'agribusiness : blueMoon. Détails.
Ristel Tchounand

C'est une toute autre dynamique que vit la jeunesse éthiopienne à Addis-Abeba depuis quelques mois, avec blueMoon. Il s'agit du nouvel incubateur qui accompagne et promeut les idées de projets innovants dans le secteur de l'agribusiness, portées par les jeunes entrepreneurs. Chaque semaine, les séminaires de formation, de coaching et de conseil s'enchaînent.

Inspiré de son expérience personnelle

Derrière ce projet qui donne de l'espoir et surtout redynamise la jeunesse entreprenante d'Ethiopie, une dame que l'on connait bien, mais dans un autre domaine, l'agro-finance, avec la bourse des matières premières d'Addis Abeba : Eleni Gabre Madhin.

« C'est un projet tout à fait différent de ce que j'ai fait jusqu'à présent. Mais il me tient beaucoup à cœur et est inspiré de mon expérience personnelle en tant que quelqu'un qui a eu une idée innovatrice et transformatrice de la société », explique-t-elle dans un entretien avec La Tribune Afrique.

En effet, l'idée d'une bourse des matières premières portée par Eleni Gabre-Madhin pendant une dizaine d'années avant que cela ne voit finalement le jour en avril 2008, était une innovation jamais pensée, ou du moins projetée dans son pays. Le succès aujourd'hui de ce projet -dont la duplication dans d'autres pays africains est en cours de préparation- donne envie à cette économiste émérite de donner une chance à ces nombreux jeunes éthiopiens porteurs d'idées nouvelles pour faire avancer leur pays.

Pépinière de projets transformateurs pour le secteur agricole

« Il y'a beaucoup de jeunes en Ethiopie qui ont des idées exceptionnelles et transformatrices, qui peuvent changer les choses. Ils ont besoin qu'on leur montre la voie et qu'on les soutienne et qu'on leur fasse confiance. Quand un jeune à titre d'exemple invente un processus nouveau pour que tout producteurs de lait connaisse une hausse de sa production de l'ordre de 20%, c'est à encourager et surtout accompagner pour bien en tracer les contours pour une réussite assurée », explique Mme Gabre.

Et pour elle, « blueMoon » représentait le nom de baptême le plus approprié pour ce projet. « On sait que façon exceptionnelle on peut voir apparaître la lune bleue dans la nature », explique l'économiste. « Cela m'a inspiré pour dire que de temps en temps on peut avoir des idées exceptionnelles et transformationnelles », ajoute-t-elle.

Donner une chance aux innovateurs

L'économiste regrette que très souvent, de nombreux jeunes soient obligés « d'enterrer » leurs idées d'entreprises parce que celles-ci n'ont jamais été expérimentées et ne bénéficient alors pas de la confiance des investisseurs. « Pour moi, en tant que quelqu'un qui a essayé quelque chose qui n'a jamais été fait et qui a été bien reçu, qui a pris un grand risque non seulement professionnel, mais aussi personnel, j'estime qu'il faut vraiment y faire attention. Un jeune peut avoir une idée dont on n'a jamais entendu parler. Mais si on ne lui donne pas sa chance, c'est aussi perdre une opportunité, une occasion de transformer un secteur ».

Ces dernières années, l'Ethiopie a fait des progrès dans la facilitation des procédures de création d'entreprise, comme le confirme l'indice 2017 du Global Entrepreneurship  and Development Institute (GEDI) publié en novembre dernier, qui classe les pays en fonction de la qualité de leur écosystème entrepreneurial. Bien que le pays de Mulatu Teshome soit 109ème sur 137 pays à travers le monde, celui-ci se démarque particulièrement en matière d'innovation dans les processus entrepreneuriaux, dépassant même la moyenne mondiale. Le rapport montre également qu'il y existe de nombreuses opportunités d'investissement et de création de jeunes pousses, mais les entrepreneurs se heurtent encore notamment à une faible pratique du réseautage, ce qui ne leur permet de tisser des liens bénéfiques au développement de leurs projets.

Et blueMoon a pour vocation, entre autres, de combler ce type de lacune, tout particulièrement dans le domaine de l'agribusiness. Au départ, une soixantaine de projets sont ciblés, ils sont mis en compétitions et les finalistes, une dizaine, bénéficient d'un accompagnement plus pointu, avec à la clé un premier investissement financier pourvu par l'initiatrice du projet, le Dr Gabre-Madhin. Le premier programme d'incubateur a été lancé le 1er février et s'étalera sur une période de quatre mois. Au bout de la période, blueMoon organisera un événement comme on en voit aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne. Il sera baptisé : « Lions Band ».

Ristel Tchounand

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