Quelle stratégie pour le cabinet Gide Loyrette Nouel en Afrique  ?

Fondé à Paris en 1920, le cabinet d'avocats international Gide Loyrette Nouel intervient sur le continent africain depuis plus de 30 ans, à travers son équipe, Gide Africa. Aux côtés du groupe MSC dans le récent rachat de Bolloré Africa Logistics (BAL) pour 5,7 milliards d'euros, Gide ajuste actuellement sa stratégie africaine sur fond d'opérationnalisation de la Zlecaf.
(Crédits : Gide)

« Il existe une histoire très forte entre Gide et le continent. Cela fait déjà plus de 30 ans que le cabinet évolue en Afrique. Nous travaillons avec les acteurs publics, privés, mais aussi avec nos confrères basés en Afrique. Aujourd'hui, nous sommes actifs sur plus d'une trentaine de pays africains. Nous avons structuré une équipe pluridisciplinaire et internationale. Nos experts sont dotés d'une connaissance très fine de l'environnement social, politique et économique des géographies africaines qu'ils couvrent », explique Nicolas Jean, Associé au sein du département Projets (Finance & Infrastructure) et membre du Comité exécutif de Gide.

Au cœur des enjeux du cabinet, l'Afrique fait l'objet d'un traitement spécifique à travers l'équipe Gide Africa, constituée d'avocats actifs sur l'ensemble du continent, du Maghreb à l'Afrique anglophone en passant par l'Afrique francophone. Au-delà de ses trois bureaux africains (Casablanca, Alger, Tunis), Gide accompagne également ses clients en Afrique, depuis ses bureaux européens (Paris, Londres, Bruxelles), chinois (Pékin, Shanghai) et américain (New York). Le cabinet compte actuellement 550 avocats dont 90 travaillent régulièrement sur les questions africaines, et 30 sont exclusivement dédiés aux sujets africains.

Ressources naturelles, énergie, agriculture, transport, construction, services bancaires et financiers, mais aussi télécommunications, crypto-monnaies, e-santé ou mobile money, Gide s'est positionné sur tous les segments stratégiques des économies africaines.

Gide aux côtés de MSC dans le rachat à 5,7 milliards d'euros de Bolloré Africa Logistics

« Nous avons créé un solide réseau dans plusieurs juridictions, avec nos confrères locaux. L'année dernière, nous avons conclu un partenariat stratégique avec le cabinet sud-africain Bowmans qui nous permet d'être présents dans des pays anglo-saxons (...) Nous entretenons des relations privilégiées avec des avocats africains de plus en plus intégrés, dont certains sont d'anciens collaborateurs, ce qui nous permet d'être proches des réalités du terrain tout en restant flexibles à la conjoncture (...). Gide est désormais en mesure de proposer une assistance juridique en droit civil et common law grâce à son expertise des régimes juridiques nationaux et régionaux africains : OHADA, CEDEAO, CEMAC, UEMOA, CDAA », explique Julien David, Associé en Fusions-Acquisitions et Droit des sociétés, qui a lui-même passé une décennie dans le bureau de Gide à Casablanca. « Aujourd'hui notre cabinet évolue vite en Afrique. Notre ambition, c'est d'être de bons avocats, mais aussi d'innover en permanence en s'adaptant aux contextes locaux », poursuit-il.

Parmi les dossiers gérés par Gide, la méga-transaction du rachat des activités de Bolloré Africa Logistics (BAL) par Mediterranean Shipping Company (MSC) en 2022. Pour cette opération à 5,7 milliards d'euros, le cabinet a mobilisé une équipe composée de 26 avocats basés entre Paris, Bruxelles, Londres et Casablanca, pilotée par Anne Tolila et Stéphane Vernay. Le contrat est historique et signe la fin du règne portuaire du géant Bolloré en Afrique, qui cède ainsi ses 16 terminaux portuaires, mais aussi tout son réseau logistique qui comprend ports secs et entrepôts. Alors que le groupe italo-suisse MSC gère déjà les terminaux portuaires de Lomé (Togo) et de San Pedro (Côte d'Ivoire), via sa filiale (Terminal Investment Group), cette opération a redistribué les cartes des acteurs portuaires en Afrique. Avec ce rachat, MSC devient la première compagnie maritime du continent.

« Nous avons assisté MSC sur l'ensemble de la transaction, -de la phase d'audit à la phase de négociation de la transaction, - qui implique plus d'une quarantaine de juridictions en Afrique. Il y avait un volet important de gestion et d'obtention des autorisations auprès des autorités de contrôle de la concurrence dans les différentes zones et dans les différents pays impliqués », indique Julien David.

Entre souveraineté et commerce transnational

L'élaboration, la mise en œuvre et le suivi de réformes institutionnelles, les négociations de traités, ou encore la conclusion d'accords portant sur les zones franches industrielles sont autant d'opérations sur lesquelles Gide Africa a développé une forte expertise.
Fusions-acquisitions, urbanisme et immobilier, énergie, télécoms, financement des infrastructures ou structuration de partenariats publics-privés (PPP), Gide Africa est présent à tous les niveaux de négociations. L'équipe arbitre aussi un certain nombre de litiges et intervient en matière de négociation de traités internationaux.

Gide Africa a notamment constitué une équipe dédiée à l'élaboration de la stratégie de négociation des traités bilatéraux d'investissement de Côte d'Ivoire. « Négociés dans les 1960 et 1990 pour attirer les investissements directs étrangers, ces traités offrent des protections contre les expropriations, favorisent un traitement équitable dépourvu de toute discrimination et offrent un accès direct à l'arbitrage international en cas de manquement réglementaire de l'Etat concerné, sans passer par son pays d'origine.  Ces textes ont fait la part belle aux protections des investisseurs, sans trop s'attarder sur celles des Etats (...) Nous avons été engagés au niveau bilatéral par la Côte d'Ivoire, pour revoir son modèle de traité d'investissement », explique Saadia Bhatty, Associée basée à Londres, spécialisée en Arbitrage international. En charge du dossier, elle rappelle que le « protocole d'investissement de la Zlecaf n'a été formellement adopté, qu'il y a quelques semaines seulement ».

En Côte d'Ivoire, Gide Africa conseille aussi le Comité national de pilotage des partenariats public-privé (CNP-PPP), placé sous l'autorité du Premier ministre Patrick Achi, dans le cadre de la signature de 3 conventions de concessions avec ARISE IIP destinées à favoriser le développement des zones économiques industrielles d'Abidjan, de Ferkessédougou et de San Pedro. Gide est également présent pour l'inauguration du terminal industriel polyvalent de San Pedro sur le Port autonome (Terminal Industriel Polyvalent de San Pedro-TIPSP).

Au Nord du continent, le cabinet a récemment été conseil du Crédit Agricole (décembre 2022), dans le cadre de la cession de 63,7% du capital de sa filiale Crédit du Maroc au groupe marocain Holmarcom. « Nous sommes présents sur toutes les géographies. Nos avocats sont rompus au droit français, mais aussi au droit anglais et au droit américain », précise Saadia Bhatty.

A New Road on African Debt, un think tank pour les dettes africaines

Lancé en 2020, en pleine pandémie de Covid-19, par Nicolas Jean, A New Road on African Debt (ANR) se présente comme le premier think tank consacré aux dettes africaines. Il rassemble des décideurs, des institutions, des banques commerciales, de nombreux opérateurs privés, mais aussi des experts financiers et juridiques pour structurer des solutions innovantes en matière de soutenabilité des dettes africaines et de développement des investissements étrangers.

Romuald Wadagni (le ministre béninois de l'Economie), Sandra Ablamba Johnson (secrétaire générale de la présidence du Togo), Youssouf Fadiga, directeur général de la Banque Nationale d'Investissement de Côte d'Ivoire - BNI), Najat Vallaud Belkacem, (ancienne ministre française de l'Éducation nationale), Pedro Novo (directeur exécutif en charge de l'Export chez Bpifrance), Wilfrid Lauriano Do Rego (coordonnateur du Conseil présidentiel pour l'Afrique), Stanislas Zeze (PDG de Bloomfield Investment Corporation), Adama Kamara (ministre ivoirien de l'Emploi), Roselyne Chambrier (présidente Directrice générale d'Arise Ivoire), Hubert Védrine (ancien ministre français des Affaires étrangères) ou encore Mario Pezzini (ex-directeur du centre de développement de l'OCDE), comptent parmi les personnalités euro-africaines qui ont d'ores et déjà rejoint le think tank.
« Nous travaillons actuellement sur un pacte de responsabilité afin que chacun prenne des engagements simples qui pourront être déclinés en mesures concrètes, pour favoriser le financement des économies africaines », annonce Nicolas Jean.

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