La directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim est une Africaine de cœur. L'ancienne conseillère technique, puis directrice adjointe du cabinet de Jacques Godfrain, ministre de la Coopération, de 1995 à 1997, a été la conseillère « Afrique » de pas moins de trois chefs de la diplomatie française : Dominique de Villepin, Michel Barnier et Philippe Douste-Blazy, de 2002 à 2007. Dans ce cadre, elle a eu à gérer nombre de dossiers sensibles, notamment la crise ivoirienne, où une ligne de fracture avec l'Élysée s'était dressée entre cette partisane de la négociation à tout prix et un Jacques Chirac épuisé par les rodomontades de Laurent Gbagbo.

Autant dire que l'ex-inspectrice générale des Finances, malgré son exil londonien, est l'une des plus fines analystes françaises du Continent et connaît notamment sur le bout des doigts ses problématiques de développement ; un sujet qu'elle a eu à gérer lors de son passage à Bercy, de 2007 à 2010, où elle a été très active sur l'amélioration de l'impact de l'aide publique au développement, avec l'AFD.

Passée par le conseil d'administration du groupe CFAO, au moment où le groupe déployait une nouvelle stratégie d'expansion en Afrique, Nathalie Delapalme ne néglige pas le «soft power» et siège également au conseil de l'IFRI (Institut français des relations internationales) et de Resources, un think tank spécialisé dans la gestion de l'eau. Autant d'occasions qui lui permettent de plaider dans les cénacles influents en faveur d'un renouvellement des relations entre la France et le Continent, mais également pour un changement de l'approche européenne en Afrique, «une terre pleine d'opportunités avec des perspectives prometteuses», comme l'illustre l'amélioration de la gouvernance qu'elle tient particulièrement à mettre en exergue, à chaque parution annuelle du prestigieux «Indice Mo Ibrahim».

Aux côtés de l'emblématique milliardaire anglo-soudanais, elle permet également à ce dernier de rester «connecté» avec l'Afrique francophone. Plusieurs fois donnée membre de l'Exécutif français depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron -il s'en serait fallu de peu pour qu'elle ne soit nommée secrétaire d'Etat auprès de Jean Yves Le Drian- cette femme de caractère, au tempérament égal et à la voix douce cultive ses réseaux politiques au cœur du pouvoir français et ne rechigne pas à traiter «en douceur» les inimitiés entre acteurs de la relation entre l'Hexagone et le Continent.