UA : le ton monte entre le Maroc et la présidente de la Commission

Dans un communiqué officiel publié ce mercredi 30 novembre, le Maroc a de nouveau accusé la présidente de la Commission de l’UA, de faire obstruction au processus de son retour au sein de l’organisation panafricaine. C’est la deuxième fois en quelques mois que le Royaume s’insurge contre Nkosazana Dlamini-Zuma alors que le ministère marocain annonce avoir presque atteint le nombre de soutien requis pour acter son retour au sein de l’Union dès le sommet de janvier prochain.
A gauche, Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l'Union Africaine, et à droite, Salaheddine Mezouar, Ministre marocain des Affaires étrangères

Le Maroc est de nouveau en colère contre la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) et le fait savoir de manière officielle. Dans un communiqué officiel rendu public ce mercredi 30 novembre, le ministre marocain des Affaires étrangères a vigoureusement dénoncé «les manœuvres continues de la Présidente de la Commission de l'Union Africaine, qui tente de contrarier la décision du Maroc de regagner sa place naturelle et légitime au sein de sa famille institutionnelle panafricaine ». Pour le Maroc, à travers ces agissements, « la présidente de la Commission de l'Union Africaine se met en contradiction avec son devoir de neutralité, les règles et les normes de l'Organisation et la volonté de ses Etats membres ». Dans le communique, le Maroc annonce disposer à ce jour et avec les documents à l'appui du soutien et de la pleine adhésion d'une grande majorité d'Etats membres, largement supérieure à celle requise par l'Acte Constitutif de l'UA. « Ces membres ont, d'ores et déjà, communiqué à Mme. ZUMA des lettres de soutien, formelles et juridiquement valides, à la décision du retour du Maroc à l'Organisation panafricaine dès le prochain Sommet » a argué le ministère marocain des Affaires étrangères.

« Ainsi, et après avoir retardé, de manière injustifiée, la diffusion de la demande du Maroc aux membres de l'UA, Mme. Nkosazana DLAMINI-ZUMA poursuit son élan d'obstruction, en improvisant une nouvelle exigence procédurale, inédite et sans fondement ni dans les textes ni dans la pratique de l'Organisation, et par laquelle elle rejetterait arbitrairement les lettres de soutien au Maroc émanant des Ministères des Affaires étrangères des Etats membres de l'UA ». Ministère marocain des affaires étrangères et de la Coopération

Accusations marocaines

C'est la deuxième fois, depuis que le Royaume a officialisé sa décision de réintégrer l'organisation continentale, que le ministère marocain des Affaires étrangères se fend d'un communiqué mettant en cause la présidente de l'UA. Début novembre dernier, il a fallut un entretien téléphonique entre le Roi Mohammed VI et le président en exercice de l'institution, le Tchadien Idriss Déby Itno, pour que la demande officielle d'adhésion du Maroc à l'UA soit distribuée aux Etats membres conformément à la procédure en vigueur. Le chef de la diplomatie marocaine a dû par la suite s'entretenir par téléphone avec Dlamini-Zuma, qui lui avait alors assuré que la demande du Maroc, sera transmise aux pays membres de l'UA dans les plus brefs délais. La présidence de la Commission avait à l'époque confirmée que la demande a été diffusée  le 4 novembre mais pour le Maroc, il s'agissait déjà d'une manœuvre visant à retarder la procédure puisque le Royaume avait officiellement déposé sa demande depuis le 22 septembre en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU. « Mme Zuma aurait dû, conformément à l'acte constitutif et à la pratique de l'organisation, procéder à la prompte distribution de cette demande » s'était déjà offusqué le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, dans un premier communiqué visant personnellement la présidente de la Commission de l'UA.

Stratégie d'influence

A travers cette sortie, le Maroc entend visiblement mettre toutes les chances de son coté pour que son retour au sein de la famille africaine soit acté dès le prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement prévu en fin janvier prochain à Addis Abeba. Le Royaume a entrepris depuis quelques temps, une véritable offensive diplomatique conduite par le roi Mohammed VI au sein de plusieurs pays africains qui ont officialisé leur soutien à la décision du Maroc. Le souverain marocain se trouve d'ailleurs actuellement en tournée sur le continent. Après le Rwanda, la Tanzanie, l'Ethiopie et Madagascar, il est attendu à partir du 2 décembre au Nigeria puis par la suite en Zambie. C'est pour la première fois que le Roi du Maroc se rend dans ces pays depuis son arrivée au pouvoir en 1999 et après avoir entrepris une trentaine de visites dans des pays africains mais qui relevaient de sa zone traditionnelle d'influence. A plusieurs reprises, Mohammed VI a maintenu que le Maroc réintégra l'Union Africaine en dépit « de certaines manœuvres hostiles ». C'est un secret de polichinelle, certains pays comme l'Algérie et l'Afrique du sud, dont la présidente de l'UA est ressortissante, voit d'un mauvais œil, ce retour du Maroc qui pourtant bénéficie du soutien de la majorité des pays du continent si l'on se réfère aux différentes déclarations diplomatiques de ces derniers mois. Normalement, le retour du Maroc devrait se faire comme une lettre à la poste au vu des dispositions de l'acte constitutif de l'organisation, mais à l'évidence et pour de multiples raisons géopolitiques et stratégiques, cela va se révéler un peu plus compliqué que prévu. Le Maroc avait quitté la défunte OUA en 1984 après la décision de l'organisation d'accueillir en son sein, l'autoproclamé RASD qui bénéficie du soutien de poids lourds du continent parmi lesquels l'Algérie, l'Afrique du Sud et le Nigéria.

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Commentaires 7
à écrit le 18/01/2017 à 23:16
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A vrai dire, le Maroc n'a pas besoin de l' UA, c'est juste une stratégie pour exclure définitivement la RASD, puis régler ses comptes avec l'Afrique du Sud et l'Algérie au sein de l'UA, pour faire main basse sur le Sahara occidental et ses richesses ...

à écrit le 10/12/2016 à 21:52
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Personne ne bloque l'entrée du maroc a l'UA .Ce qu'il y a c'est qu'il doit s'asseoir a côté des représentants de la RASD . .En plus ce n'est pas un retour ,c'est une adhésion .Alors il n'a pas a faire le fier car il n'a aucun poids .

à écrit le 03/12/2016 à 11:59
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Honte à toi Fred d'insulter les 600 000 Sahraouis qui restent au Maroc et proclament leur attachement à leur pays pour le compte des +\- 50 000 réfugiés de Tindouf dont une bonne partie est retenue la ba malgré elle. Pour Info l'Algérie refuse même d...

à écrit le 01/12/2016 à 12:14
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Il n'y a pas d'autoproclamé RASD mais bel et bien un pays toujours colonisé qui se nomme la RASD, situé au Sahara Occidental membre à part entière de l'UA et reconnue par plusieurs pays. Honte à vous LT Afrique de faire propagande du palais royal mai...

le 01/12/2016 à 15:15
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oui a peine une trentaine de pays qui reconnaissent, cette mascarade, dont plus de la moitié sont des minuscules pays. pour ton information ils étaient 85 pays, ou sont donc passés les autres

le 01/12/2016 à 19:22
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Lis l histoire avant de parler, le sahara est marocaine depuis des siècles c est les colons (Espagne et France)qui ont créé ce problème....

le 29/12/2016 à 21:34
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l'algérie championne des droits aux peuples de décidé eux meme de leurs sort avec l'autodétermination et qui sur son sol refuse ce meme droit aux kabyles de s'exprimer et leur donner le droit de choix ils veulent leur indéoendance ils ont en ont le d...

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