Maroc : Benkirane en quête d’une majorité confortable

Fraîchement reconduit à la tête de l'exécutif marocain, Abelilah Benkirane, SG du PJD s’efforce de constituer une coalition gouvernementale pour son deuxième mandat. Décryptage.
Amine Ater
Le Parti Justice et Développement est actuellement en pourparlers pour constituer une majorité gouvernementale. Le parti de Benkirane a également marqué les annales politiques en annonçant la victoire de son parti avant le ministère de l'Intérieur

Pari gagné pour le Parti Justice et Développement (PJD) qui est arrivé premier aux élections législatives du 7 octobre dernier avec 126 sièges, devançant de 24 sièges son principal challenger, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) qui a récolté 102 sièges. Trois jours après l'annonce des résultats, Abdelilah Benkirane SG du PJD a été chargée par Mohammed VI, Roi du Maroc, de former un gouvernement. C'est donc un deuxième mandat qui s'annonce pour le PJD qui doit encore constituer une coalition qui lui permettrait de gouverner confortablement. A cet effet, le parti islamiste doit chercher une coalition  qui lui permette d'additionner 73 autres députés pour atteindre les 198 sièges synonymes de majorité absolue. Reste à savoir, si la prochaine majorité connaîtra une homogénéité idéologique, ce qui donnerait lieu à un gouvernement conservateur vs une opposition moderniste. A l'heure où nous mettions cet article en ligne, les pourparlers étaient toujours en cours pour constituer une coalition gouvernementale.

Changement de paradigme

Le principal constat de ces premières élections post-2011 (année qui a connu une révision constitutionnelle) reste la bipolarisation de la scène politique qui est aujourd'hui largement dominée par le duo PJD/PAM avec 227 députés sur 395. C'est une première au Maroc où le Parlement est traditionnellement divisé entre une coalition gouvernementale et un groupe d'opposition. Ces élections ont également signifié la perte d'influence des partis historiques, notamment l'Istiqlal (conservateurs), le Rassemblement National des Indépendants (RNI, centre droit) dont le patron a démissionné suite aux résultats, le Mouvement Populaire (MP, conservateurs), l'Union Constitutionnelle (UC, centre droit), Parti du Progrès et du Socialisme (PPS, ex-parti communiste) ou encore l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP, gauche). Le scrutin du 7 octobre a été, d'ailleurs, un véritable désastre pour la gauche. L'USFP reste le seul parti marqué à gauche qui disposera d'un groupe parlementaire lors de la prochaine législature, les autres formations n'ayant pas pu atteindre le seuil de 20 députés permettant de se constituer en groupe. Les militants progressistes comptaient sur la Fédération de Gauche Démocratique (FGD) pour donner du sang neuf à un courant politique à bout de souffle. Un espoir tué dans l'œuf vu que la coalition formée de plusieurs formations et personnalités de gauche n'a engrangé que 2 sièges, malgré un soutien des internautes qui n'a eu quasiment aucun impact sur les urnes.

Tensions à la veille des résultats

Bien que l'élection n'a pas connu de fraudes massives, les heures qui ont précédé l'annonce des résultats du scrutin ont été marquées par une tension entre le PJD et les autorités. Le ministre de l'Intérieur, a par ailleurs, pointé du doigt l'attitude et les déclarations du PJD qui a accusé dans la soirée du vendredi 7 octobre, l'Intérieur de prendre parti pour le PAM. «Félicitations au PJD, malgré le fait que ce parti ait mis en cause le processus législatif et le ministère de l'Intérieur. Ce qui montre que cette formation continue à douter de la volonté du peuple, à sa tête sa Majesté le Roi pour l'ancrage durable de la démocratie. Ce qui doit expliquer en partie la décision du PJD d'annoncer des résultats partiels et démontre le manque de confiance de la formation envers le ministère de l'Intérieur», a souligné Mohammed Hassad, lors de la présentation des résultats partiels. Abdelilah Benkirane, a en effet, annoncé la victoire de son parti et de l'ensemble de ses ministres (dans leurs circonscription respectives), bien avant l'annonce de l'Intérieur. Ce qui constitue une première dans les annales de la politique marocaines, où la tradition voulait que l'Intérieur annonce les résultats en premier.

Amine Ater

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